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Wallonie : chez Scidus, le bois a l’odeur du café


La scierie compte deux tunnels permettant la torréfaction du bois.

L’ancienne scierie Dusausoit d’Étalle est aujourd’hui un site de production intégrée qui réinvente le métier du bois.

Depuis 2015 et sa reprise par la société Scidus qui fait partie du groupe Mobic, l’ancienne scierie Dusausoit a su se réinventer dans le métier du bois. Avec la philosophie de privilégier le circuit court, le bois local et offrir une matière de qualité. Le bois provient des forêts du sud de la Wallonie, du Grand-Duché et du nord de la France.

Un investissement local prôné par la Wallonie, comme le rappelle son vice-président Willy Borsus. «Plus que jamais la forêt mobilise attention, réflexion et action. Elle représente 33 % du territoire wallon soit 557 900 hectares dont 86 % de forêt dite productive. Avec une part de 57 % de feuillus et 41 % de résineux.

Les prélèvements annuels en feuillus représentent 60 à 70 % de l’accroissement annuel de la forêt. Il y a donc de la croissance de feuillus sur notre territoire. Par contre, le prélèvement annuel de résineux avoisine 120 à 130 % par rapport à la croissance. Nous sommes confrontés à une exportation de hêtres et d’autres essences, ce qui fait que l’on perd une part considérable de la valeur ajoutée que l’on pouvait transformer dans nos entreprises.»

Du bois torréfié plus résistant

L’entreprise familiale Scidus, gérée depuis vingt ans par les frères Moutschen, qui travaille désormais avec la seconde génération, a développé trois produits phares dont le bois torréfié. Une technique mise au point à Étalle et qui permet d’utiliser des essences de bois locales tels que le peuplier, le hêtre ou encore le frêne.

«Ce système de torréfaction consiste à élever à très haute température le bois dans une atmosphère sous vide, comme on le fait pour le café, pour éviter qu’il ne se consume», explique Patrick Moutschen. «Nous choisissons des essences locales de feuillus sous-utilisés dans les forêts locales autour de nous. Ce système nous permet d’apporter de la durabilité, de la stabilité et de pouvoir l’utiliser en concurrence avec du mélèze ou du cèdre. Pour en faire du bardage, des terrasses, du parquet, du mobilier, des châssis.»

Deux tunnels, unique en Belgique inspirés par ce qui se fait ailleurs dans le monde et adapté aux essences locales, bientôt alimentés par des panneaux photovoltaïques, qui permettent chacun de traiter 20 m3 de bois. Du bois torréfié qui sera notamment utilisé pour la construction des 84 logements du futur village de vacances à Grandvoir, dans l’entité de Neufchâteau.

Le deuxième produit développé est l’utilisation de l’arbre comme la nature nous l’a donné, très peu modifié. «Comme il a survécu aux attaques de champignons, d’insectes, aux tempêtes, il a une structure extraordinaire. Comme le faisaient les générations précédentes, on utilise cet arbre comme élément organique. Comme il n’a pas de ligne d’axe, grâce aux outils numériques, nous utilisons nos propres robots pour usiner ces troncs.»

Du bois utilisé pour la construction, en 2019, de l’imposant parc photovoltaïque de Pairi Daiza : 62 500 panneaux supportés par 1 600 poteaux en bois en provenance de chez Scidus. Un troisième volet de transformation du bois a été développé à Étalle. Il s’agit de la fabrication 3D qui permet de préfabriquer des modules en atelier qui sont ensuite assemblés directement sur le chantier de construction.

Un levier local pas suffisamment utilisé

Des outils existent pour permettre aux propriétaires forestiers de maximaliser les possibilités de vendre le bois aux transformateurs locaux. «Ils ont la possibilité de vendre 15 % de l’ensemble de leur production de feuillus à destination des scieurs locaux, rappelle le vice-président wallon, Willy Borsus, qui ne pratique pas la langue de bois. Mais je me rends compte, avec ma collègue Céline Tellier, que beaucoup de communes n’utilisent pas ou alors partiellement cette possibilité. Alors même que le fait de vendre 15 % des épicéas et feuillus permettrait de répondre aux demandes d’approvisionnement d’un certain nombre d’acteurs économiques locaux. J’insiste pour qu’ils fassent usage de cette possibilité lors des prochaines ventes. Nous réfléchissons par ailleurs à des dispositions de type contrat d’approvisionnement ou autres qui ont pour mérite de sécuriser davantage le flux de matières premières dont nos entreprises locales ont besoin.»

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