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Metz : du chauffage pour faire fondre la Féerie de glace


Il faudra cinq jours maximum pour que les 600 tonnes de glace se transforment en eau. (Photo : RL)

À l’inauguration de la Féerie de glace, le maire de Metz avait annoncé que, cette année, on ne mettrait pas le chauffage pour faire fondre les statues, question d’économie d’énergie. C’est pourtant cette option qui a été choisie. Voici pourquoi.

Dès les premières heures de chauffage, sous le chapiteau de la place de la République, le dragon du conte de Grimm a perdu toutes ses dents et le papillon de la sorcière Maléfique s’est envolé. Cendrillon, créée dans un bloc de glace de deux tonnes, a perdu sa robe et ses rondeurs. À présent, c’est le toboggan et l’escalier panoramique fabriqués dans de la glace transparente – sans air, donc plus solide – qui commencent à ruisseler. En cinq jours à peine, les 80 statues de la Féerie de glace auront disparu, transformées en 600 000 litres d’eau brugeoise et messine puisque la moitié des blocs a été fabriquée sur place.

Sous le chapiteau, on a poussé le chauffage jusqu’à 20 °C pour rendre la glace liquide. Une partie de l’eau s’évacue dans l’égout qui court sous le chapiteau. L’autre s’écoule sur la place de la République où elle reprend immédiatement son état solide, les températures étant négatives. Des sacs de sable ont été disposés par les services techniques pour orienter l’eau – quand elle fondra – vers le caniveau et éviter aux Messins des chutes malencontreuses.

C’est tout le paradoxe de cette installation : réfrigérée quand dehors il faisait doux et aujourd’hui chauffée lorsque le thermomètre affiche – 2°c. « Ce sont les tours de la météo ! », commente Valérie, responsable du site.

Le maire de Metz, encouragé notamment par son adjoint au développement durable René Darbois, avait pourtant annoncé que, cette année, il n’y aurait pas de chauffage sous le chapiteau. «Le ministère de l’Écologie et l’Ademe font campagne actuellement pour qu’on économise l’électricité en débranchant nos prises de portable ou en baissant d’un degré notre chauffage, et nous, on chauffe la glace !», s’offusque René Darbois. Selon lui, la Ville de Metz qui mène une politique vertueuse par ailleurs, ne devrait pas organiser un tel événement, « question d’image ».

En d’autres termes, entre écologie et économie locale, il faudrait choisir. Or la Féerie de glace, c’est LA locomotive des marchés de Noël de Metz : 150 000 visiteurs sont venus découvrir le monde glacé des contes de Grimm, Perrault et Andersen. Des Mosellans, des Français, mais aussi des touristes de Sarlorlux, d’Italie, d’Espagne, des États-Unis, de Russie, de Chine… « L’écologie est aussi une économie. Par exemple, notre agence locale d’énergie (ALEC) injecte 1,8 M€ dans l’économie locale sous forme de travaux de rénovation énergétique et cela pour une seule copropriété ! C’est un choix politique », estime l’adjoint.

Quoi qu’il en soit, lors d’une réunion entre les services de la Ville et le fondateur de Sand & Ice Events, Alexander Deman, l’option du chauffage a tout de même été retenue : « Si on laissait fondre sans intervenir, il faudrait plusieurs mois ! », a objecté l’exploitant. « Et pour nous, impossible d’enlever le hangar tant que les sculptures sont à l’intérieur ».

Parmi les solutions envisagées, celle qui consistait à desceller les œuvres pour les transporter jusqu’au plan d’eau n’est pas réalisable : « Cela fait huit semaines que le sol a gelé avec la glace. Si on soulève les statues avec une grue, on détériore la place », intervient Alexander Deman. Les scier ? « Vous avez déjà vu des scies de quatre mètres ? Moi, je n’en ai pas », poursuit l’organisateur.

Il n’empêche. Dominique Gros lui a demandé de réfléchir à une solution pour déplacer les statues et les laisser fondre d’elles-mêmes lors de la prochaine édition. « On va réfléchir. Le bilan carbone étant le même pour refroidir que pour chauffer le hall, on peut envisager de fermer une semaine plus tôt », suggère le responsable. Quant à l’impact écologique de son animation, il l’assume (lire par ailleurs). Mais il s’interroge : « Est ce que la Ville a aussi demandé un bilan carbone à l’exploitant de la patinoire à ciel ouvert ou à celui de la grande roue ? » Avec 600 tonnes de glace érigées place de la République, la Féerie a certes des allures de pavé dans la mare. Mais il n’est pas le seul. Et la Ville, question d’image, pourrait exiger finalement un bilan carbone pour toutes les manifestations qu’elle autorise sur son sol.

Céline Killé (Le Républicain Lorrain)

Un commentaire

  1. Brion Frederic

    …« L’écologie est aussi une économie. Par exemple, notre agence locale d’énergie (ALEC) injecte 1,8 M€ dans l’économie locale sous forme de travaux de rénovation énergétique et cela pour une seule copropriété ! C’est un choix politique », estime l’adjoint. …
    … » pour une seule copropriété  » De quoi parle-t*il?

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