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Hayange : le Secours populaire toujours menacé


Depuis un an, la guerre froide perdure entre la municipalité de Hayange et le comité local du Secours populaire français mais les bénévoles n’ont renoncé à aucune action de solidarité. (photo Philippe Neu / RL)

Malgré les menaces d’expulsion brandies depuis un an par le maire de Hayange, électricité et chauffage coupés, les bénévoles du Secours populaire maintiennent leurs actions. Une « guerre des nerfs » qui risque de durer…

Pour la municipalité, c’est simple, nous n’existons plus… », glissent les bénévoles hayangeois du Secours populaire français (SPF). Fidèles au poste malgré les menaces d’expulsion brandies par le maire de Hayange depuis un an, ils regrettent juste de ne plus pouvoir offrir le café chez eux faute d’électricité…

Après plusieurs batailles médiatiques à l’automne dernier, la guerre froide perdure entre Fabien Engelmann et le comité local de l’association que l’élu accuse de militantisme politique et « pro migrant ». Sommés, depuis le 1er octobre, de quitter le local historiquement mis à leur disposition par la Ville, les bénévoles du SPF ont refusé de rendre les clés. La municipalité a alors coupé le chauffage et l’électricité. Autant dire que les distributions alimentaires assurées tout l’hiver ont été compliquées.

« C’est une guerre des nerfs. Malgré tout, les bénévoles n’ont jamais arrêté ! », insiste la présidente du comité local, Anne Duflot-Allievi. Le système D, l’aide des communes voisines et un élan de solidarité inédit des donateurs, ont permis au comité du SPF d’assurer ses missions de solidarité habituelles et plus encore, car le nombre de bénéficiaires continue de flamber. En 2016, l’aide du SPF a concerné 377 familles de Hayange et Nilvange, 776 personnes pour Hayange seule « soit près de 5 % de la population », rappelle Anne Duflot-Allievi. « L e dialogue est rompu avec la municipalité, mais cela n’empêche pas le centre communal d’action sociale (CCAS) de nous adresser des personnes en urgence… »

À l’heure de l’assemblée générale annuelle de l’association, Marie-Françoise Thull, présidente départementale du SPF a, une nouvelle fois, souhaité interpeller le maire : « Il est temps de trouver une conciliation plus humaine. Je vous le demande très solennellement : rétablissez les conditions indispensables au Secours populaire pour fonctionner normalement [… ] » Pas dit que le message sera entendu.

Malgré ses menaces réitérées, et s’il maintient que l’association n’a « ni droit, ni titre » sur le local occupé, le maire n’a engagé aucune procédure judiciaire. « Nous avons pris le temps de la réflexion… », souffle Fabien Engelmann sans pour autant changer son fusil d’épaule. « Je n’ai aucun problème avec le Secours populaire en général mais je ne veux pas travailler avec des militants politiques. » En clair, même s’il se défend de toute ingérence, l’élu réclame la tête de la présidente et du trésorier du comité local. Les bénévoles ne l’ont pas entendu de cette oreille, le comité vient d’être réélu quasi à l’identique pour les deux années à venir.

« Notre crainte est que l’on puisse croire que c’est une situation normale », insiste Anne Duflot-Allievi, sur la même longueur d’ondes désormais que la présidente départementale : « Nous ne pouvons pas, dans notre beau pays de France, accueillir ceux qui souffrent sans électricité, sans chauffage… comme dans un pays en guerre ! »

Lucie Bouvarel (Le Républicain lorrain)

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