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Émaux de Longwy : six mois pour limiter la casse


La quasi-totalité des salariés ont demandé des précisions au directeur, Arnold Kostka. (photo Républicain lorrain)

Les 32 salariés des Émaux de Longwy vivent «avec une épée de Damoclès au-dessus de (leurs) têtes». Placée en redressement judiciaire, jeudi, par le tribunal de commerce de Briey, la manufacture des Faïenceries et Émaux de Longwy a six mois pour montrer sa capacité à se relever. Et trouver une nouvelle trajectoire.

Il est 15 h au tribunal de commerce de Briey. Le hall est bondé. Non pas qu’il y ait beaucoup d’affaires cet après-midi-là, mais il y a le dossier des Faïenceries et Émaux de Longwy. Arnold Kostka, le patron, et son avocat, Me Pierre Couturier, vont demander à ce que la manufacture soit placée en redressement judiciaire. Alors la quasi-totalité des 32 salariés a fait le déplacement.

La désillusion se fait forte lorsqu’ils apprennent qu’ils ne pourront pas assister à l’audience. «On pensait qu’on pourrait s’installer au fond de la salle et écouter», lance Véronique. Les arguments se feront entendre autour d’une table. Les salariés ne peuvent que contempler la porte close. L’audience durera une heure. Une heure au cours de laquelle certains ont fait les 100 pas, une heure où d’autres sont assis, laissant leurs mains recueillir une tête lourde d’inquiétudes.

«Depuis des semaines, on nous donne de l’espoir. Mais on a entendu que neuf emplois allaient être supprimés. Qui nous dit que ce ne sera pas plus…», confie Véronique qui, chaque jour, prend son poste à l’impression. «On sait qu’on a tous une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.» Silence parmi les collègues. On parle d’une boule coloniale commercialisée à 17 000 euros. «Qui peut encore nous l’acheter?»

«Salaires payés sous 8 à 10 jours»

La porte s’ouvre. C’est la déléguée du personnel, Patricia Lambrech, qui sort en premier, la main posée sur la poitrine, le regard fatigué. Elle ne dit rien. On la guide vers un siège. «Les salaires vont être payés sous 8 à 10 jours.» On souffle, à moitié.

Dossier sous le bras, Arnold Kostka apparaît. Les salariés l’encerclent. L’annonce ne crée pas la surprise. L’entreprise a bien été placée en redressement judiciaire. On lui demande en quoi cela consiste. Il explique. «Pendant six mois, un administrateur va observer notre fonctionnement, voir nos chances de survie. La période est reconductible de six mois. Nos dettes sont bloquées pendant ce temps.»

On le questionne sur les licenciements. Huit personnes, finalement, devront rendre leur blouse. Lesquelles? «Je n’en ai aucune idée. Ce n’est pas moi qui vais m’en occuper…», indique-t-il. «La logique aurait été de le faire avant. Mais j’ai essayé de retrouver un repreneur, de trouver de l’argent. J’ai fait ce que j’ai pu…», plaide le patron.

Alors, au cœur du tribunal, tous remontent leurs manches. «Va falloir trouver des commandes. Comment on fait ça?», lance une salariée. Le patron hausse les épaules. «De toute façon, il faut s’adapter. Le temps des pièces de luxe est terminé.» La même salariée ajoute : «Il faut qu’on crée un objet facile à faire et peu cher.» Le porte-bougies, lancé il y a six mois, fonctionne bien. «On doit trouver d’autres objets de ce genre.»

Claire Pieretti (Le Républicain lorrain)

 

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