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Double meurtre de Montigny : la crainte d’un procès sans Francis Heaulme


La santé de Francis Heaulme se dégrade et pendant ce temps les délais judicaires s'allongent... (photo archives)

De nouveaux délais font craindre l’absence de Francis Heaulme à son procès pour les meurtres de Montigny-lès-Metz.

En Lorraine, cette affaire judiciaire traîne depuis trente ans. Qui a tué les deux enfants de Montigny-lès-Metz, Alexandre Beckrich et Cyril Beining, en septembre 1986?

Le temps s’étire de tout son long. Le dossier de Montigny-lès-Metz est en attente, depuis juillet, d’une décision de la chambre criminelle de la Cour de cassation. Les parties patientent. Pour ne pas dire qu’elles se lamentent, pour l’une d’entre elles au moins, en attendant de savoir si Henri Leclaire rejoindra Francis Heaulme sur le banc des accusés pour répondre des meurtres d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining, commis en septembre 1986. Aujourd’hui, l’épreuve du temps fait même peser des doutes sur la présence du routard du crime lors du prochain procès…

Si on reprend les choses de façon chronologique, Francis Heaulme a été renvoyé devant les assises en 2013. Les charges sont nombreuses  : des confidences à des codétenus, les croquis des lieux… Lors du procès d’avril 2014, les débats se concentrent pourtant sur Henri Leclaire, le premier homme à avoir avoué les faits avant d’être mis hors de cause.

De nouveaux témoignages fragilisent sa position. Renvoi du procès, ouverture d’information judiciaire et mise en examen. Cela devait aller vite  : cela a mis un an et demi pour aboutir à sa mise hors de cause par la chambre de l’instruction de Metz, alors que les magistrats instructeurs voulaient le voir jugé.

Deux infarctus et des pathologies lourdes

Dans la logique qui est la sienne depuis 2008 – sans elle, le cas Heaulme serait enterré depuis longtemps –, Chantal Beining, la mère de Cyril, a décidé de se pourvoir en cassation. On en est là, aujourd’hui.

Le parquet général de Metz avait pris ses dispositions pour un procès en mars 2017. On sait depuis cette semaine que c’est râpé  : l’examen du pourvoi sera seulement effectué le 17 février. Cela renvoie le procès à la rentrée suivante. Si tout va bien… « J’ai vu mon client jeudi. Physiquement, Francis Heaulme décline. Les délais s’allongent encore. Je ne sais pas s’il pourra assister aux débats », prévient Me Liliane Glock. Incarcéré à Ensisheim (Alsace), le tueur en série de 57 ans –  il est en prison depuis 1992 – a subi ces derniers mois deux infarctus. « Les pathologies sont lourdes. » On craignait pour l’état de santé de certaines parties civiles. Ces craintes s’amoncellent dorénavant au-dessus de l’accusé.

Dans une procédure malmenée par la justice depuis trente ans, la perspective d’un procès de Francis Heaulme sans Francis Heaulme « est une peur énorme pour ma cliente , réagit Me Dominique Boh-Petit. Madame Beining tient le coup parce qu’elle attend que ces hommes s’expliquent. » Si Francis Heaulme décédait, « ce serait une catastrophe ».

Me Glock  : « S’il ne résiste pas, il resterait comme l’éternel coupable. Ce n’est pas ce que mon client souhaite. Il espère être jugé. » En sera-t-il capable?

Avocat d’Henri Leclaire, Me Thomas Hellenbrand attend, comme tout le monde. En se montrant grinçant  : « Ces délais ne sont plus compréhensibles pour une famille de victime ou pour quelqu’un qui a été livré en pâture depuis trente ans, comme l’a été mon client… »

Kevin Grethen et Éric Nicolas (Le Républicain lorrain)

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