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Coronavirus : gros malaise chez ArcelorMittal Florange…


Les syndicats dénoncent un « deux poids, deux mesures entre cols blancs en télétravail et cols-bleus sur sites ». (illustration RL/Pierre Heckler)

La situation reste particulièrement confuse chez ArcelorMittal Florange où le travail a repris depuis mercredi soir : une quinzaine de salariés seraient contaminés. Les syndicats dénoncent en outre les « décharges » que les salariés signent avant de retourner au travail.

Alors que le président Emmanuel Macron faisait le point ce vendredi matin avec les partenaires sociaux pour assurer la continuité de l’activité économique, le malaise persiste sur le site ArcelorMittal de Florange et ses 2 200 salariés. Réunion de crise après réunion de crise, l’incompréhension grandit chez les représentants du personnel alors que le géant de l’acier a choisi de relancer partiellement mercredi soir après une semaine de pause.

La veille, une majorité de représentants du personnel s’étaient opposée à la levée du droit d’alerte pour danger grave et imminent déposé par la CGT vendredi 20 mars, jugeant « insuffisantes » les protections sanitaires mises en place sur le site lorrain. Au contraire, pour la direction locale d’ArcelorMittal, tout est mis en place pour assurer la continuité de la production avec des mesures barrières, la désinfection des postes, la mise en place de paroi en plexiglas pour éviter la promiscuité, la formation des salariés aux risques liés au coronavirus.

Malgré l’enquête de l’inspection du travail, toujours en cours, le travail reprend lentement sur place sur les différentes lignes concernées. Mais l’activité réelle à Florange est pour l’heure toute relative.

Un agent en réanimation

« Il y a de plus de salariés en arrêt-maladie », confie une source interne. « Aujourd’hui, l’argent compte plus que la santé des salariés », regrette Franck Laché (UNSA), qui ressent plus qu’à un autre moment le « deux poids, deux mesures entre cols blancs en télétravail et cols-bleus sur sites ». Depuis mardi soir, les représentants du personnel signalent des « pressions » exercées par la direction sur les CDD, les nouveaux CDI et les intérimaires via leurs employeurs, les sociétés d’intérim.

« Des représentants du personnel vont même être concernés par les mesures de chômage partiel qui vont être prises », s’indigne Frédéric Weber (FO), qui s’oppose également à la « reprise de l’activité alors que l’épidémie gagne de plus en plus dans l’Est et en Lorraine ». Ces dernières heures, même si la direction ne communique pas sur le sujet, le nombre de cas serait en augmentation, selon nos informations. 15 cas, 60 personnes « contact » en quatorzaine et un agent de production de l’étamage, âgé de 35-40 ans, le cas le plus grave, en réanimation. « L’État doit intervenir pour nous protéger et faire respecter les règles », se fâche Lionel Burriello (CGT), qui a écrit au préfet et détaillé son argumentaire à l’inspection du travail en charge de trancher le droit d’alerte pour danger grave et imminent. « Nous prendrons nos responsabilités », a assuré la direction mercredi.

Formation ou décharge ?

Ces dernières heures, ce qui choque le plus chez ArcelorMittal-Florange, c’est l’obligation faite aux salariés qui reprennent leur poste de signer le document appelé « suivi de formation/mode opératoire : mesures pour limiter les expositions au coronavirus pour le personnel ».

Ce document, que nous avons consulté, comporte toutes les nouvelles règles à suivre dans l’entreprise pendant la crise du coronavirus : gestes-barrières, respect des déplacements, désinfection, adaptations des postes de travail, de la cantine et vestiaires, « la gestion des repas et pause ». Il est illustré de photos et de dessins, des « règles et tutos », pour bien se laver les mains par exemple. Cette « formation » est conduite par les managers et les chefs de poste. Dans l’entreprise, ce document est assimilé à une « décharge » de responsabilité par l’employeur et est très critiqué au sein du personnel.

Alain Morvan (Le Républicain Lorrain)

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