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Cinéma à Waves : ce n’est pas gagné !


Metz – Si Kinepolis a remporté une bataille, la guerre est loin d’être finie.

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Le 18 novembre dernier, Kinepolis obtenait l’autorisation d’exploiter un cinéma dans l’enceinte du centre commercial Waves Actisud. (Photo  Karim Siari/Le Républicain Lorrain)

Le projet de construction d’un cinéma pour l’enseigne Kinepolis dans l’enceinte du centre commercial Waves-Actisud continue de faire des remous. Il est visé par deux recours, l’un déposé par le cinéma Union d’Ars-sur-Moselle, l’autre par le groupe CGR.

En obtenant, le 18 novembre dernier, de la Commission départementale d’aménagement commercial (CDAC), l’autorisation d’exploiter un cinéma dans l’enceinte du centre commercial Waves-Actisud, à Moulins-lès-Metz, Kinepolis gagnait une bataille, mais pas la guerre.

> Contre-attaque

Deux empêcheurs de tourner en rond ont, en effet, contre-attaqué au cours du mois de décembre : le cinéma Union d’Ars-sur-Moselle et le groupe CGR. Le premier a riposté en déposant un recours en annulation auprès de la Commission nationale d’aménagement commercial (CNAC).

La petite salle associative, dirigée depuis quarante ans par René Parmentier, craint pour sa survie : « Je n’ai pas d’aversion pour Kinepolis, c’est un des meilleurs exploitants existants, dit le président de l’Union. Mais là, s’il s’installe à trois kilomètres, c’est juste insupportable. Pour nous, cela signifierait une nouvelle baisse de fréquentation de 40 %, au moins. »

> À Ars-sur-Moselle…

René Parmentier, qui enregistre 12 500 entrées par an, estime aussi que l’offre de fauteuils est actuellement suffisante dans l’agglomération messine pour recevoir le séant des cinéphiles, contrairement aux arguments avancés par le principal soutien de Kinepolis, l’adjoint à la culture de Metz, Hacène Lekadir.

« Je ne conteste pas le souhait de la municipalité de Metz d’avoir des cinémas modernes dans son centre-ville, mais je n’ai pas apprécié son revirement entre la première CDAC de 2011 et celle de 2014. C’est ce retournement radical sur le projet qui nous a fait réagir », cingle René Parmentier.

> Marchandage

Le défenseur d’un cinéma indépendant, libre et de proximité, considère que l’Union fera inévitablement les frais du marchandage auquel se sont livrés la Ville de Metz, Kinepolis et les investisseurs de Waves (Les Arches-Métropole et la Compagnie de Phalsbourg). Leur deal : les collectivités locales, qui siègent à la CDAC, accordent la permission à Waves d’accueillir un cinéma à condition que Kinepolis se charge de remettre à neuf le cinéma Palace de Metz (place Saint-Jacques) et de le transformer en cinéma d’art et d’essai, en remplacement du Caméo-Ariel, voué à disparaître.

Cerise sur le gâteau, le groupe Kinepolis se voit, dans cet accord, pour l’instant, purement moral, confier également la création d’un cinéma dans le quartier de l’Amphithéâtre en germe derrière la gare de Metz. Mais encore faut-il qu’il en fasse la demande à la CDAC.

> Waves préoccupé

Pour l’heure, cela ne figure nulle part dans son agenda, pas plus que le devenir de l’art et essai à Metz, d’ailleurs. Ce qui préoccupe ces temps-ci le géant belge de la diffusion de films et, surtout, les concepteurs de Waves Actisud, c’est la décision que va être amenée à rendre la CNAC dans les prochains mois.

L’enjeu est financier pour les bâtisseurs de Waves qui ont vendu leur parc commercial aux enseignes et restaurateurs avec un cinéma censé animer les soirées. Soumis à la nécessité de respecter leur engagement, ils savent que le trimestre qui s’annonce ne sera pas une promenade de santé.

Et ce d’autant qu’en plus de l’Union, bien conscient qu’il ne tire pas dans sa catégorie, dans ce combat de poids lourds, ils ont, face à eux, le groupe rochelais CGR, un peu mieux armé pour leur tenir tête.

> CGR ne lâche rien

Arrivé tardivement à Metz, CGR porte un projet concurrent à celui de Kinepolis. Il comporte la réalisation d’un cinéma au lieu-dit La Rotonde, à Moulins-lès-Metz, la reprise de l’art et essai au centre-ville de Metz et l’implantation d’un cinéma dans l’Amphithéâtre.

À une différence près, et de taille : la localisation du premier cinéma; il s’agit, en fait, d’un copié-collé des plans de Kinepolis. Sauf que CGR n’a pas bénéficié du même traitement politique que son rival et qu’il s’est fait retoquer en CDAC. Battu, mais pas vaincu, CGR a donc décidé d’aller tenter sa chance en CNAC.

> Espoir d’impartialité

Il espère que le dépaysement de son dossier jouera en sa faveur. À Paris, loin des contingences locales, il mise sur l’impartialité de son instruction. « Si l’on a déposé un recours, c’est que l’on y croit », confie Robert Laborie, directeur du développement du groupe CGR. L’action de CGR est suspensive. Kinepolis ne pourra donc pas solliciter de permis de construire avant que la CNAC ne se soit prononcée.

Thierry Fredigo (Le Républicain Lorrain)

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