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[C’était mieux avant] Ben Gastauer : «J’ai gagné ma seule victoire sous le déluge»


Il s’est retiré à la fin de la saison 2021 après douze années au plus haut niveau mondial. Ce fidèle de l’équipe AG2R rembobine l’album de sa carrière. Morceaux choisis.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée «C’était mieux avant»

Votre plus grosse fête ?

Ben Gastauer : Après le Tour 2014 (NDLR : Jean-Christophe Péraud, son leader, avait terminé deuxième, Romain Bardet, sixième et Ben Gastauer avait pris la 21e place, si bien que son équipe, AG2R La Mondiale, avait remporté le classement par équipes).

Notre réussite était un peu inattendue et on s’est lâchés. À l’arrivée du Tour à Paris, c’est toujours organisé par les équipes, car les sponsors sont présents. Après le repas, on est allés en boîte de nuit. Nous les coureurs, on n’était pas seuls et nos dirigeants s’étaient aussi lâchés comme jamais !

Un transfert qui aurait pu se faire ?

En 2011, lors de la création de l’équipe Leopard, ses dirigeants étaient intéressés et j’avais discuté avec Frank (Schleck). Mais je n’avais fait qu’une saison chez AG2R La Mondiale et il me restait donc un an de contrat.

Lorsque Leopard a appelé au téléphone mon équipe, Vincent Lavenu (le manager de l’équipe française) a été ferme. « On ne commence pas une carrière comme ça, en cassant un contrat », a-t-il argumenté. Non seulement je suis resté en 2011 après mes débuts en 2010, mais j’ai réalisé toute ma carrière chez eux (rire).

Le coureur perdu de vue que vous aimeriez revoir ?

Jean-Christophe Péraud. Je n’ai plus trop de contacts avec lui, même si, une fois par an, on se donne des nouvelles. J’aimerais le revoir une fois pour discuter plus en profondeur. On aurait dû se croiser l’an passé sur un événement de l’équipe, mais je n’avais pas pu m’y rendre.

J’ai beaucoup apprécié la saison 2017 où j’avais l’impression que cela roulait tout seul pour moi

Le jour où vous avez décidé d’arrêter votre carrière ?

C’était en juillet 2021. Ma saison avait été grandement perturbée par une blessure à la selle qui ne passait pas. Je n’avais pas pu faire le Giro à cause de ça et je m’étais arrêté une fois de plus cette année-là. Ce jour-là, je roulais à nouveau, mais les douleurs étaient revenues. J’étais avec ma famille dans notre maison à Saint-Paul-de-Vence.

Au lieu des cinq heures d’entraînement prévues, je m’étais arrêté à deux heures et demie. J’avais eu mon directeur sportif au téléphone, plus tard dans la journée, afin de définir mon programme de courses.

Je lui ai annoncé que je venais de discuter avec mon épouse et que je venais de prendre la décision d’arrêter. Le soir même, j’ai appelé mes parents pour les informer. Et le lendemain, j’ai appelé mon agent. Deux jours après, j’étais allé le dire de vive voix à Vincent Lavenu à Chambéry. J’étais content de cet entretien et de l’échange.

Votre meilleur souvenir ?

Forcément, en 2014, le Tour reste un grand souvenir. J’ai beaucoup apprécié également la saison 2017 où j’avais l’impression que cela roulait tout seul pour moi. Plus globalement, j’ai longtemps apprécié ma vie de coureur cycliste pro et de partir le matin à l’entraînement pour faire ce que j’adorais, rouler.

Votre pire souvenir ?

Ma blessure que je ne pouvais pas guérir alors que j’avais de grandes ambitions.

Votre plus belle victoire ?

Comme il n’y en a qu’une, c’est facile ! Le Tour du Haut-Var 2015. C’est un super souvenir, surtout que j’apprécie la région, j’y allais souvent pour m’entraîner. J’ai gagné la première étape sous le déluge, mais je n’en garde pas du tout ce souvenir, sauf lorsque je regarde les photos!

J’ai vu voler quelques coups de poing ici ou là, mais impossible de retracer où…

Le coureur le plus fort contre lequel vous avez couru ?

Il y en a plusieurs, mais ce qui m’a le plus impressionné, c’est qu’en 2021, lorsque je fais ma dernière saison, j’ai vu arriver une nouvelle sorte de coureurs, les jeunes coureurs qui étaient déjà prêts à performer au plus haut niveau.

C’était rare à l’époque et cela se généralisait. Je n’en revenais pas. Tout était en train de changer à vitesse grand V, alors que lorsque j’étais passé pro, on disait qu’il fallait des années pour qu’un coureur arrive au niveau World Tour. Les jeunes comme Pogacar étaient tout de suite très performants.

La plus grosse bagarre dans un peloton ?

Je n’ai pas de souvenirs précis, mais j’ai vu voler quelques coups de poing ici ou là, mais impossible de retracer où…

Votre regret ?

Le seul regret que je garde, c’est de ne pas avoir pu participer aux Jeux olympiques. Par contre, j’ai participé aux plus grandes courses du monde et même à des classiques comme Paris-Roubaix et les classiques belges, qui ne me convenaient pas.

Une anecdote que vous n’avez jamais racontée ?

Dans la deuxième étape du Tour de Catalogne 2012, l’étape avait été interrompue, puis raccourcie sans tenir compte des temps à cause d’une tempête de neige (NDLR : c’est le Slovène Janez  Brajkovič qui l’avait emporté alors que le Suisse Michael Albasini prenait les commandes du général).

Notre hôtel se situait au sommet de l’avant-dernier col, et comme l’étape avait été stoppée, nous étions montés dans les voitures des directeurs sportifs pour le rejoindre. Mais la neige nous faisait patiner, alors notre directeur sportif, Arturas Kasputis, qui était un mec sympa, mais quand même dur, s’est proposé de descendre pour pousser la voiture, Nicolas Roche ou Guillaume Bonnafond, je ne sais plus, prenant le volant.

Mais une fois repartis, impossible pour nous d’attendre Arturas. Cela patinait trop. On l’a laissé là, dans la neige, à trois kilomètres du sommet. On était un peu gêné. Une fois arrivé, il était fâché, mais essayait de le cacher. C’était une journée dingue : le même jour, un de nos mécanos avait glissé du camion atelier et avait dû être évacué par hélicoptère à l’hôpital.

Votre meilleur vélo ?

Mon dernier vélo de l’équipe, un BMC que j’ai beaucoup apprécié, même si je n’ai pas pu en profiter longtemps, car ma saison a été courte.

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