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Un bon job chez ArcelorMittal

Lundi, le ministre de l’Économie et le bourgmestre de Dudelange ont pris leur plume pour tancer Jean-Claude Juncker et Margrethe Vestager, coupables, à leurs yeux, d’obliger ArcelorMittal à céder son usine de Dudelange et d’autres en Europe afin d’acquérir le sidérurgiste italien Ilva. Ce ne sont pourtant ni le président de l’exécutif européen ni sa commissaire à la Concurrence qui ont choisi Dudelange, mais bien ArcelorMittal. Pour le sidérurgiste, l’usine et ses 300 salariés sont une monnaie d’échange face à la Commission, opposée au rachat du géant italien par crainte qu’ArcelorMittal domine le marché européen des produits plats en acier au carbone.

Étienne Schneider et Dan Biancalana appellent donc Bruxelles à renoncer au principe de la libre concurrence. Les deux responsables socialistes veulent sauver les emplois, c’est louable et aussi bien inspiré en période électorale. Dans leur lettre, ils plaident pour la création de grands champions industriels européens, à même de relever les défis économiques mondiaux. Ils relayent ainsi le lobbying de grands groupes en faveur d’un retour institutionnalisé aux cartels privés. Ce système d’entente permet aux industriels de définir les prix du marché et de régenter à leur avantage les conditions de travail de leurs employés. Le plan de reprise d’Ilva illustre bien cette vision : il prévoit à la fois un quasi doublement de la production et une baisse de la rémunération moyenne des 10 000 salariés (sur 14 000) qu’ArcelorMittal s’engage à sauver en Italie. Avec à la clé des profits accrus pour les actionnaires.

À ce jour, Étienne Schneider n’a pas interpellé ouvertement les dirigeants d’ArcelorMittal sur leurs intentions. Mais il pourrait aussi poser directement la question à Jeannot Krecké, son ancien mentor en politique et ex-ministre de l’Économie. C’est lui qui représente le gouvernement luxembourgeois au conseil d’administration d’ArcelorMittal. Il serait intéressant de savoir quelle énergie il a mise à défendre le site de Dudelange et ses emplois. Après tout, c’est son job. Et avec une rémunération de 174 000 dollars en 2017, c’est même plutôt un bon job.

Fabien Grasser

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