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Tensions sociales

Le Luxembourg n’est pas habitué à voir les mouvements de grève se multiplier. Cette année 2023 risque toutefois de constituer un tournant en la matière. Avec l’arrêt du travail en cours depuis lundi chez Ampacet, un producteur de granulés de plastique basé à Dudelange, le camp syndical s’est vu obligé pour la deuxième fois dans un délai de deux mois d’employer son ultime moyen de pression.

On se rappelle la grève menée avec succès à la mi-septembre chez Cargolux. Après avoir réussi à clouer au sol pendant trois jours les 26 avions de la compagnie de fret aérien, OGBL et LCGB sont parvenus à arracher un accord sur une nouvelle convention collective. Quelle sera l’issue de la grève chez Ampacet, où la direction a unilatéralement dénoncé la convention en vigueur? «Cette lutte risque d’être dure, elle risque d’être longue», met en perspective Stefan Osorio, secrétaire central adjoint à l’OGBL. Il n’est pas question de lâcher prise avant d’obtenir gain de cause. 

Présent lundi à Bruxelles pour une première réunion avec ses homologues européens, le nouveau ministre du Travail, Georges Mischo (CSV), n’a certainement pas manqué d’enregistrer la dégradation d’un nouvel conflit social. Le ministre de l’Économie, Lex Delles (DP), est également concerné par l’aggravation des tensions sociales à travers le pays. La liste ne cesse de s’allonger : Liberty Steel, TICE, Cargocenter, Tarkett GDL ou encore ArcelorMittal. Ceux qui voient en cette multiplication des conflits un lien avec les élections sociales, fixées au mois de mars prochain, font fausse route. Il s’agit davantage d’une évolution qui est liée à des facteurs économiques (croissance en berne, flambée des prix de l’énergie, etc.), mais aussi à une détérioration du dialogue social, provoquée par certains patrons.

L’intention du nouveau gouvernement de réviser les dispositions légales relatives aux conventions collectives est devenue primordiale, pas forcément pour permettre une réorganisation du travail ou une meilleure conciliation entre vie privée et vie professionnelle, mais bien pour renforcer le statut des syndicats et délégations du personnel. Une action rapide est nécessaire, faute de quoi le dialogue social ne pourra plus remplir son rôle de garant de la paix sociale.

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