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Grève chez Ampacet à Dudelange : «Cette lutte risque d’être dure»


Stefan Osorio, secrétaire central adjoint à l’OGBL, a souligné le courage des salariés dans le face-à-face avec la direction. (Photo : alain rischard)

Les salariés d’Ampacet sont entrés en grève, ce lundi 27 novembre au matin, devant le siège de l’usine basée à Dudelange. Face au silence de la direction, ils expriment de nouvelles revendications.

Dans la nuit, le froid et sous la pluie, les salariés d’Ampacet sont entrés en grève ce lundi, sur le coup de six heures du matin. Les tonnelles se sont levées et les banderoles se sont étirées à Dudelange, devant l’entrée de l’entreprise spécialisée dans la production de granulés en plastique.

D’une trentaine avant le lever du soleil, ils étaient une centaine de salariés, soutiens, membres de l’OGBL ou encore politiques, tout de rouge vêtus, à s’être rassemblés pour midi, à l’occasion d’un point presse mené par Stefan Osorio, secrétaire central adjoint à l’OGBL, et Saliha Belesgaa, présidente de la délégation d’Ampacet.

Unis et solidaires

Lors d’une première conférence de presse qui s’est tenue le jeudi 23 novembre, l’OGBL annonçait que 88% des salariés d’Ampacet s’étaient prononcés en faveur de la grève. Après un an où les négociations font du surplace entre la direction et les salariés à propos du renouvellement de la convention collective de travail, ce n’était plus qu’une question d’heures avant que la décision de lancer le mouvement ne tombe face «à la déclaration de guerre» faite par le patronat. 

 «La direction n’a aucune considération pour les gens qui font la richesse de cette entreprise. Pour elle, vous n’êtes qu’une ressource comme la poussière plastique que vous travaillez», lançait Stefan Osorio aux salariés durant son discours.

«Cette lutte risque d’être dure, elle risque d’être longue, mais nous avons déjà gain de cause car nous sommes unis et solidaires. La peur est à présent dans le camp patronal!» «Nous n’avons pas d’autre option que celle de nous unir», poursuivait Saliha Belesgaa.  «Nous sommes ici non par choix, mais parce que la direction l’a décidé.»

Une direction qui surprend

Du côté de la direction, le silence était toujours de mise face au soulèvement des employés. Toutes les machines sont restées à l’arrêt, personne n’a foulé le sol de l’usine à l’exception des deux directeurs.

Une direction qui, depuis un an, ne cesse de surprendre syndicats et salariés par sa manière de faire. D’une part, en refusant catégoriquement les propositions faites par l’OGBL et, d’autre part, en saisissant elle-même l’Office national de conciliation (ONC), avant de dénoncer la convention collective, puis de déclarer la non-conciliation après seize semaines de négociations.

La ligne rouge franchie

Selon l’OGBL, juste avant le lancement de la grève, la direction aurait demandé aux potentiels grévistes de se déclarer. Une dernière tentative vécue comme une énième pression par des salariés qui passent à la vitesse supérieure dans le combat social. Si jusqu’à présent, ils demandaient une hausse des salaires à hauteur de 2,5% ainsi que trois jours de congé annuel supplémentaires, la ligne rouge a été franchie avec le début de la grève.

«Si la grève démarre, notre offre concernant la hausse de salaires et l’augmentation des jours de congés sera déchue et nous reviendrons à notre premier cahier de revendications qui était beaucoup plus costaud», avait prévenu Stefan Osorio. Le secrétaire central adjoint à l’OGBL note également un passage à 20% de supplément pour le travail de nuit, celui-ci étant actuellement à 16%.

Des revendications plus fortes

Les nouvelles considérations sont en effet plus agressives. Elles concernent une remise en vigueur immédiate de la précédente convention collective, retirée par la direction en place, ainsi qu’une grille de salaires, pour tous les salariés, avec une hausse de 40 centimes par année passée au sein de l’entreprise.

Parmi les salariés présents devant l’usine, c’est un sentiment de déception et d’union qui se mélange. Pour la première grève de sa vie, Clément (le prénom a été modifié), présent chez Ampacet depuis dix ans, se dit «dégoûté car on a l’impression que tout ce que l’on a construit a été démoli. La peur est là car nous avons des enfants et des familles. Nous avons la crainte de nous faire licencier, mais nous voulons défendre nos acquis et retrouver notre convention collective».  «On espère que la communication entre la délégation et la direction va pouvoir s’établir.»

Il s’agit bien là de l’étape attendue par tous ceux qui se sont massés devant l’entreprise ce lundi. «On attend que la direction nous reçoive pour parler sérieusement, nous ne sommes pas venus faire grève pour le plaisir. Nous sommes là car nous voulons des résultats», appuie Stefan Osorio. 

De nombreux soutiens

Salariés et syndicats se disent heureux des nombreuses entreprises à travers tout le Luxembourg qui les soutiennent dans leur combat. «Ça prouve que notre cause est bien réelle», explique Clément, team leader chez Ampacet.

Parmi les grévistes et au micro ce lundi, Dan Biancalana, le bourgmestre de Dudelange, est venu rappeler que le conseil communal a voté vendredi dernier, à l’unanimité, une résolution en soutien aux salariés de l’entreprise :

«Notre rayon d’action en tant que commune est limité, mais la moindre des choses que nous puissions faire, c’est de montrer notre solidarité». Les grévistes ont également indiqué qu’une cagnotte était en ligne sur la page Facebook de l’OGBL pour les aider financièrement le temps que durera le mouvement.

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