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Chauffeurs de bus TICE : «Il y a un risque permanent d’agression»


À la suite de l’appel des syndicats, ils étaient une cinquantaine à venir protester devant la gare routière.  (photos Alain Rischard)

Lors d’un piquet de protestation, ce vendredi 24 novembre, à la gare d’Esch-sur-Alzette, les chauffeurs de bus du TICE ont notamment réclamé des caméras afin de stopper les agressions récurrentes autour de la gare.

Comme ses collègues, Gaëtan Twardon dit conduire dans la crainte d’une agression, de plus en plus régulière, à la gare routière d’Esch-sur-Alzette.

À la gare routière d’Esch-sur-Alzette vendredi matin, ils étaient une cinquantaine de chauffeurs de bus du réseau TICE à se faire entendre, à coups de klaxon et de quelques pétards. Après avoir vécu trois agressions la semaine dernière, le personnel s’est mobilisé autour d’un piquet de protestation lancé par le syndicat FGFC. Fatigués par les incivilités récurrentes et l’absence de solution, les chauffeurs réclament rapidement des caméras à la gare, sans quoi l’ombre d’une grève plane sur le TICE. Au volant depuis sept ans, Gaëtan Twardon était présent afin de réclamer une solution face à une situation qui ne cesse de se dégrader selon lui.

Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au piquet de protestation ?

Gaëtan Twardon : Depuis un certain temps, il y a trop de criminalité au niveau de la gare d’Esch. C’est presque le cas toutes les semaines, voire tous les jours maintenant. On a un collègue qui a été agressé en 2022 et aujourd’hui, il ne peut toujours pas travailler à 100 %, tellement on lui a tapé dessus. Il y a quelques semaines, un chauffeur a été bousculé dans le bus et s’est cogné contre une barre. Depuis, il est en arrêt maladie. La semaine dernière, c’était trois agressions aussi. Bref, il y en a marre, maintenant c’est stop !

Il y a deux ans, on avait eu une entrevue avec la commune d’Esch et la direction de la police et ils nous avaient promis des choses que l’on n’a pas eues. Ils ont juste enlevé un banc qui était devant la porte de notre local, afin d’éviter les rassemblements, mais sinon il n’y a aucun changement. Aujourd’hui, c’est un ras-le-bol envers tout le monde. On veut que les CFL (NDLR : les Chemins de fer luxembourgeois sont propriétaires de la gare) et la commune prennent leurs responsabilités. On veut des caméras, plus de présence d’agents de sécurité des CFL et plus de lumières à la gare. Vous venez ici le soir, c’est une catastrophe. Notamment là où il y a nos bus de réserve. Il n’y a pas de lumière et il y a du deal.

Moralement, dans quel état êtes-vous lorsque vous travaillez ?

Tous les jours, on a un peu la pression. Il y a un risque permanent d’agression. Même si ce n’est pas tous les jours qu’il y a des agressions verbales ou physiques, il y a quand même toujours l’appréhension de se faire attaquer. On fait attention aux gens qui montent dans le bus, ce qu’ils font et ce qui se passe dehors aussi. Surtout le soir, avec des groupes de jeunes qui traînent ici et s’affrontent. C’est même dangereux pour les gens.

Nous, on se mobilise pour les chauffeurs mais c’est aussi pour la sécurité des passagers, qui sont aussi exposés au risque que nous. Nos bus sont tout de même filmés, mais les caméras ne sont visionnées que lorsqu’une plainte est déposée. Alors, on fait attention aux gens qui montent dans le bus et ce qu’ils font.

Il y a le risque qu’un jour un chauffeur pète un câble et réponde par la violence

Avez-vous pris des mesures personnelles afin de vous défendre ?

Alors, on est très limité pour se défendre, surtout en tant que fonctionnaire. Et si on répond, on ne peut pas demander d’arrêter la violence en répondant par la violence. Bien sûr, il y a le risque qu’un jour un chauffeur pète un câble et réponde par la violence. C’est ce qu’on veut éviter. Le problème c’est qu’aujourd’hui, la seule chose que savent faire les gens, c’est répondre par l’agression.

Si tu te lèves pour aller voir la personne, si tu sors de ta cabine, la personne se sent directement agressée alors que l’on n’est pas agressif. Après, ça part en : « Qu’est-ce que tu veux ? Tu veux que je te fracasse la tête ?« . Donc la plupart d’entre nous ne disent rien et d’un côté, on peut les comprendre. Sauf que pour la clientèle, ce n’est pas juste. En tant que chauffeur, on doit donner le sentiment de sécurité mais on ne peut pas dire nous-même à un passager de quitter le bus. On doit appeler la police pour cela.

Jusqu’où êtes-vous prêts à aller afin d’obtenir les mesures que vous réclamez ?

Si ce piquet n’est pas entendu, cela ira plus loin. C’est sûr qu’il y aura des deadlines de placées et s’il n’y a pas de changement à telle date, on fera autre chose. On a assez regardé. Maintenant, il faut qu’ils réagissent.

Caméras à la gare : au ministère de décider

Il y a 18 mois, une entrevue a eu lieu entre le TICE, la ville et les CFL à propos de la demande d’installation de caméras. Une rencontre qui n’a finalement apporté aucun changement, comme l’ont vivement déploré vendredi matin les chauffeurs. Depuis, le dossier semble enfin avoir pris le bon rail. Présent au piquet de protestation, le nouvel échevin Christian Weis a affirmé que des études ont été réalisées sur l’emplacement et l’autorisation de filmer des futures caméras. Et qu’un dossier d’installation, qui a mis le TICE et la CFL d’accord, n’attend que l’autorisation du ministère de l’Intérieur pour être finalisé. «Nous sommes prêts, on a envoyé le dossier au ministère et on attend qu’ils donnent l’autorisation finale. Dès qu’on l’a, on attachera les caméras.» Bien que l’installation de caméras demeure un sujet délicat, le nouvel échevin se montre optimiste : «J’espère qu’avec le nouveau ministre, moins réticent par rapport au dernier sur les caméras, tout cela va vite avancer.» Une rencontre avec des représentants du TICE et la ville aura tout de même lieu dans les prochaines semaines afin de «fixer des délais, comme le demandent les syndicats».

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