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Réinsertion asociale

C’est qui le patron en Russie? Vladimir Poutine ou Evgueni Prigojine? La question se pose depuis des mois que le patron de la milice privée Wagner recrute des taulards, pour beaucoup des meurtriers lourdement condamnés, à envoyer sur le front ukrainien.

Celui que l’on surnomme «le cuisinier de Poutine», pour avoir fait son beurre dans la restauration collective au moment de la chute de l’URSS, remue tranquillement sa tambouille et dame clairement le pion au maître du Kremlin. Lequel a en effet bien du mal à motiver ses petits soldats, alors que la mobilisation patine et s’enlise comme les chars de Moscou dans le bourbier du Donbass. Pas facile, c’est sûr, de mettre les hommes au garde-à-vous quand ceux-ci comprennent qu’ils doivent sacrifier leur vie pour la chimère d’un Empire soviétique à rebâtir. Pour un combat absurde.

Prigojine, lui, se montre nettement plus pragmatique. En les sortant de leurs geôles pour les expédier dans les tranchées, le cuistot fait miroiter à ces parias la liberté à laquelle ils n’auraient de toute manière plus goûté avant bien longtemps. S’arrogeant, au passage, le droit de grâce qui relève pourtant de la seule fonction présidentielle. Il s’offre surtout de la chair à farcir les canons à moindre coût puisque la plupart de ces repris de justesse ne reviendront pas. Des criminels aguerris dans les basses œuvres, totalement désarmés une fois enrôlés sous les drapeaux. Qu’importe si les pertes sont massives, les prisons sont toujours pleines. Le calcul est vite fait. Et la recette payante.

Mais tous ne périront pas et finiront par rentrer au pays. Libres, donc. Bardés de médailles, avec les honneurs et en toute impunité, ils pourront mener à loisir une existence paisible de citoyens comme les autres. Parmi les honnêtes gens. Les femmes et les enfants. Une définition de la réinsertion (a)sociale, selon celui qui s’est lui aussi retrouvé derrière les barreaux pour «vol, escroquerie et incitation de mineurs à la prostitution» durant les années 1980. Le mercenaire dicte aujourd’hui sa loi, sans même avoir eu besoin de trafiquer la Constitution pour conquérir le pouvoir… Vraiment, on peut se le demander : c’est qui le patron en Russie?

Alexandra Parachini

2 plusieurs commentaires

  1. MOERENHOUT Michel

    Madame
    Je lis vos éditoriaux.
    Je dois vous renvoyer à l’annexe 4 de la Charte de Munich, elle concerne les journalistes; lisez la avec grande attention puis, je vous prie, revoyez votre travail.
    Posez vous les bonnes questions, par exemple: qui constitue Svoboda, les patriotes d’Ukraine, le Corps noir, Trident, le Secteur droit, le corps national du mouvement AZOV, le Marteau blanc, la Misantropic division, le bataillon OUN et j’en passe.
    Pensez-vous que ce sont des enfants de chœur?
    Des humanistes?
    Connaissez-vous les principes édictés par Andriy Biletsky, fondateur du mouvement AZOV?
    Non Madame, le « journalisme » que vous pratiquez ne peut s’installer que dans un contexte d’ignorance ou d’indifférence.
    Plutôt que de médire, j’espère que vous pouvez mieux dire.
    Lisez peut-être: De la guerre de Carl von Clausewitz cela vous édifiera à défaut de vous inspirer.
    Encore un petit effort…chanson connue.

  2. Patrick Hurst

    voilà la preuve que Putin n’est pas en reste par rapport aux grands dictateurs connus du 20e siècle: En traînant des criminels au front, le chef-cuisto de chez Wagner rend un double service à Putin: Il le décharge du sal boulot de mobiliser des jeunes russes, tout en libérant les rangs dans les prisons pour y placer ensuite les opposants politique qui auront osé contrarier l’histoire d’une Russie glorieuse qui n’a fait « que combattre des [soit-disant] Nazis »!

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