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Qu’importe le flacon

J’ai beaucoup traîné mes guêtres dans des cafés, dont la plupart ont disparu – Rhapsody, Bronx, Skyline, Liquid, Pacha –, d’avant la boboïsation, sans compter tous les petits bistrots où mon grand-père m’emmenait manger une tartelette aux cerises pendant qu’il buvait des chopes. J’y ai appris à tenir le but au kicker et, l’air de rien, en observant les clients réguliers, que l’humain a besoin de compagnie et que les bistrots sont souvent les derniers remparts à la solitude. Je me souviens de ce type qui passait ses soirées à tricoter au bout du zinc. Il ne parlait pas, mais il enchaînait les mailles. Ou de ce monsieur, âgé, qui s’ennuyait seul chez lui et n’avait pas le courage de fréquenter des lieux plus intellectuels ou plus chics. Dans son bistrot de quartier, il trouvait une famille pour quelques heures par jour. 

Little Duke, le dernier film d’Andy Bausch, est une ode à ces endroits où on s’installe comme on est, où on laisse les artifices à la porte, où on sait qu’il y a toujours quelqu’un pour vous remonter le moral. Serge Tonnar avait déjà rendu hommage à ces fragments de culture populaire à travers un livre et une tournée des Bopebistroën. Ici, pas de hipsters ni d’apprenties instagrameuses maquillées comme des camions volés qui se photographient depuis la passerelle vitrée de l’ascenseur du Pfaffenthal. Les bistrots de quartier ou de village ne sont pas pour autant des endroits où le temps est figé dans l’alcool et où les clients s’engluent dans la nostalgie d’un temps révolu. La fin du film le prouve. On y retrouve des gens avec lesquels on se sent bien et c’est tout ce qui compte. Peu importe leur statut social. 

Le Pfaffenthal, le vrai, pas celui du film, revit grâce aux cafés. Toutes les générations s’y côtoient. On en ressort souriant. Et quand untel ne vient plus, on s’inquiète. Il ne faut pas mésestimer l’utilité des bistrots du coin. Il suffit de pousser la porte, de laisser ses a priori au vestiaire, d’écouter sans juger et de se dire que ce n’est peut-être pas ici qu’on va faire avancer sa carrière ou grossir son compte en banque, mais que pour certains l’endroit a une immense importance. 

Un commentaire

  1. J’ai vraiment intéressé par ces beaux rédacteurs des histoires des films avec leurs fonds cacher à plein des secrets d’immenses vraies vies des humaines dans leurs villes natales…dans l’image des auteures, Dans le grand texte des auteurs et des noms de se filme, ce que m’attirent beaucoup plus les derniers mots de lignes dont…… ‘d’écouter sans juger et de se dire que ce n’est peut-être pas ici qu’on va faire avancer sa carrière ou grossir son compte en banque, mais que pour certains l’endroit a une immense importance’…..ravis de m’exprimer mais quelques mots modestes et je souhaite me donner en contrepartie des critiques logiques pour je me puisse revient en liges de mure…je vous remercie infiniment. Signer M. NOURA.

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