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«Pas de fumée sans feu»

La moindre des choses que l’on puisse écrire est que l’enquête de l’Autorité de la concurrence sur le secteur immobilier a jeté un gros pavé dans la mare. Chambres professionnelles, promoteurs, entreprises de construction, artisanat, ministres, députés et partis politiques s’agitent depuis la publication d’un état des lieux venant confirmer et illustrer les maux qui freinent en premier lieu la construction de logements à prix abordable. 

Quels sont les constats dressés? Il y a tout d’abord la multiplication par huit de l’excédent brut d’exploitation des promoteurs privés entre 2010 et 2020, à niveau de production de logements quasiment stable. Alors que la marge de la promotion immobilière a augmenté de 15 % en 2005 à 20,99 % en 2020, celle du secteur de la construction est restée presque la même sur ladite période (5 % à 5,9 %). Il s’agit certainement d’un déséquilibre malsain.

En même temps, il est à constater que le marché privé construit jusqu’à présent un volume bien plus important de logements que la main publique. Selon la Fédération des artisans, les promoteurs privés achèveraient en moyenne 3 800 logements par an, contre à peine 300 construits par les promoteurs publics. Un autre problème majeur se pose. La lourdeur administrative fait qu’il existe des projets pour lesquels il aura fallu affronter jusqu’à 20 ans de procédures avant de pouvoir lancer le chantier. Le constat est alarmant.

L’enquête en tant que telle ainsi que la réaction du ministre Franz Fayot à ses conclusions ont donné lieu à une avalanche de critiques. La Chambre des métiers fustige une analyse «biaisée» qui «juxtapose des faits et des hypothèses», «sans fournir de preuve», avec «un effet préjudiciable sur tout un secteur».

Ces mêmes mots sont à retrouver dans d’autres prises de position. «Il n’y a pas de fumée sans feu», est-on tenté d’ajouter. Ou encore, «il n’y a que la vérité qui blesse». Ce que révèle l’Autorité de la concurrence vient en effet confirmer que les acteurs privés tout comme la main publique sont fautifs en ce qui concerne une crise du logement qui ne cesse de s’aggraver.

Faut-il plus de dirigisme? Ou faut-il continuer à laisser libre cours au marché? Le prochain gouvernement devra rapidement apporter des réponses concrètes et courageuses. 

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