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Le malaise s’installe

Il a la mémoire qui flanche, il ne se souvient plus très bien. D’à peu près tout. C’est ce qu’affirme un pavé de presque 400 pages : en résumé et entre les lignes, Joe Biden perd la tête. Littéralement. Celui que son rival républicain qualifie d’«endormi» n’a pas manqué d’empressement ni d’agacement pour répondre aux journalistes. «Je sais ce que je fais, bon sang», s’est défendu le président des États-Unis, piqué au vif. Une réaction épidermique, tant la question de son âge – 81 ans – lui colle à la peau depuis le début de son mandat.

Parce que surtout, l’auteur de l’accablant rapport appuie là où ça fait mal. Le procureur spécial Robert Hur, chargé d’enquêter sur une gestion litigieuse de documents confidentiels, ne prend pas de gants. Au fil des interrogatoires, il dit avoir vu le chef de l’État s’emmêler les pinceaux plus que de raison. L’ancien vice-président de Barack Obama aurait ainsi oublié à quel moment précisément il exerçait cette fonction. Et serait encore moins en capacité de se rappeler quand son fils aîné est décédé, emporté par un cancer en 2015.

Le déclin d’un homme vieillissant. Le sujet brouille nettement ses chances de réélection en novembre. Et éclipse tous les thèmes qu’il tente d’imposer dans cette campagne irrationnelle. Ses chutes remarquées et ses confusions répétées sèment le trouble chaque jour davantage. Pas plus tard que jeudi soir, à propos de la situation humanitaire à Gaza, il a évoqué des discussions avec «le président du Mexique, Sissi». Quelques jours auparavant, il racontait s’être entretenu avec François Mitterrand et Helmut Kohl, lors d’un sommet international… en 2021. Le candidat démocrate apparaît diminué. Ce qui pose un sérieux problème aux trois quarts des électeurs américains, selon les derniers sondages.

Le malaise s’installe. Et lorsque le procureur parle d’un «homme âgé sympathique, avec une mauvaise mémoire» pour justifier l’absence de poursuites pénales, le camp adverse en fait un argument : si Joe Biden n’est pas apte à être jugé, il ne l’est certainement pas pour présider aux destinées du pays. Quand les affaires glissent au contraire sur le cuir épais – tout autant usé par le temps – de Donald Trump…

Alexandra Parachini

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