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La grande diversion

Il n’était pas content Gérard Filoche sur les ondes de France Info, mardi soir, lorsque les journalistes ont réduit la grande manifestation du jour contre la loi travail aux débordements de quelques centaines de casseurs. Ce membre du bureau national du Parti socialiste français, ancien inspecteur du travail, voulait avant tout parler du désaveu que constituait pour François Hollande cette mobilisation record ayant rassemblé des centaines de milliers de manifestants en France.

Ce frondeur, fort en gueule, a eu toutes les peines du monde à ramener le débat sur le fond, à savoir la destruction du code du travail que constitue la très libérale loi El Khomri qui, à terme, changera profondément la vie des Français par un durcissement des conditions de travail et une baisse de leur pouvoir d’achat.

Personne ne peut nier la violence qui émaille les cortèges. Gouvernement et Élysée en font leurs choux gras pour tenter de discréditer le mouvement social, François Hollande allant jusqu’à menacer, hier, d’interdire les manifestations.

Pourtant, les habitués des grandes manifs parisiennes – celles qui rassemblent a minima des dizaines de milliers de personnes – savent que ces débordements existent depuis des décennies. Entre militants d’extrême gauche cagoulés affrontant la police et jeunes des cités de banlieue pillant les vitrines, il y a toujours eu des policiers blessés et des fournées d’interpellations.

Rien de vraiment neuf, si ce n’est l’irruption d’une violence policière inédite depuis des années. Sauf aussi que jamais les gouvernants n’ont à ce point focalisé l’attention sur les casseurs, dans le seul but de faire diversion et d’éviter la vraie question : celle du recul social sans précédent engagé par François Hollande.

Ce n’est pas la rue qui gouverne, se plaît à rappeler le Premier ministre français, Manuel Valls. Cela est certes vrai, mais doit être nuancé, car la démocratie ne se réduit pas à une échéance électorale dont le vainqueur tirerait un pouvoir absolu pendant cinq ans. Gouverner en démocratie, c’est aussi être à l’écoute de son opposition, qu’elle soit politique ou civile. L’ignorer revient à jeter de l’huile sur les braises.

Fabien Grasser

Un commentaire

  1. Il y a pourtant des sujets où la France gouverne en démocratie et est à l’écoute des oppositions.
    Tiens, par exemple sur la question des réfugiés.
    Là, le gouvernement écoute la rue et l’opinion publique et donc, ne fait rien…ou si peu.

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