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La douche froide

Après s’être accordé fièrement un triple A, lundi, à l’occasion de la présentation du bilan très positif de son ministère, Pierre Gramegna recevait une douche froide hier. En cause : la vaste enquête publiée par nos confrères belges du Soir et du Tijd, qui ont révélé que 48 milliards d’euros émanant du top 100 des plus fortunés belges reposent dans des boîtes aux lettres du Grand-Duché (lire en page 6).
Intitulée «LuxFiles», cette nouvelle enquête visant les pratiques fiscales du Luxembourg jette une ombre supplémentaire sur un gouvernement qui traîne déjà les casseroles de ses prédécesseurs. Depuis l’éclatement de l’affaire LuxLeaks fin 2014 – qui n’est pas close, y compris devant les tribunaux (lire en page 20) – le ministre libéral des Finances, avec le Premier ministre, Xavier Bettel, ne cesse pourtant de mettre en avant la transparence qui est désormais d’application au Grand-Duché.
Levée du secret bancaire, échange automatique d’informations, modernisation de la place financière, disparition de toutes les listes noires ou grises, maintien du triple A : résumé ainsi, le bilan du ministre libéral des Finances est en effet solide. Mais les démons du passé ne sont pas prêts de disparaître. Les LuxFiles sont un exemple. Le Grand-Duché reste aussi dans le viseur de la Commission européenne pour sa politique fiscale agressive. Tout cela risque d’affaiblir la position de Xavier Bettel et de Pierre Gramegna lors des négociations à Bruxelles pour défendre les intérêts du Luxembourg dans le dossier d’une imposition plus équitable des géants de l’internet.
L’image de marque du Grand-Duché en prend aussi un nouveau coup, même si nos confrères belges affirment – à demi- mot – que le placement d’argent dans des sociétés de type «boîtes aux lettres» n’est «pas illégal». Le terme «paradis fiscal» est cité bien plus souvent dans cette enquête. Mais nos voisins belges, mais aussi néerlandais, ne doivent pas oublier de regarder aussi dans leur propre jardin. S’il est plus simple de taper sans cesse sur le «petit», il est un fait que ni Bruxelles ni La Haye ne sont blancs comme neige.

David Marques.

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