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Grande-Région franco-allemande

Le président de la Moselle française, Patrick Weiten, a prononcé un discours historique, jeudi, devant le Landtag de la Sarre. Historique, car inédit : un élu lorrain est monté à la tribune pour proposer sa vision locale de la coopération franco-allemande. Le discours était exaltant. Patrick Weiten a – inévitablement – cité Schuman. Mais on a eu le droit à du concret : par exemple, le parc archéologique de Bliesbruck-Reinheim, à cheval sur la frontière, autour d’un patrimoine partagé.

Qu’en est-il entre la Lorraine et le Luxembourg, où par exemple chacun travaille de son côté sur le patrimoine minier? L’inauguration du Minett Tour, en été 2017, fut un monument d’individualisme. Le parcours luxembourgeois s’arrête à la frontière, là où le minerai n’en connaissait pas, et aucun élu lorrain n’a été averti d’un tel projet. Patrick Weiten a également mis l’accent sur l’apprentissage des langues. On pourrait en sourire, depuis le Luxembourg trilingue, mais les efforts de la Sarre et de la Moselle pour «parler la langue de l’autre» sont notoires : plus de 70 % des collégiens mosellans font ainsi de l’allemand, un pourcentage bien plus élevé qu’ailleurs en France. La Sarre n’est pas en reste, avec sa stratégie «Frankreich 2042», qui vise à instaurer un Land bilingue à tous les niveaux. Encore une fois, la coopération paraît bien maigre chez nous.

Le français, quoi qu’on en dise, est en perte de vitesse au Grand-Duché. Les élus ont leur responsabilité, eux qui dédaignent cette langue dès que viennent des élections, pour montrer qu’ils sont du côté du «peuple». Côté lorrain, le luxembourgeois s’apprend de plus en plus mais repose principalement sur l’initiative privée. Au fond, il y a une envie de Sarre en Lorraine que l’on ne retrouve pas avec le Luxembourg. Jalousie? Parfois oui. Mais il y a surtout un constat : à chaque fois que le Grand-Duché parle d’avenir avec la Lorraine, c’est pour du «win-win», avec un W majuscule d’un côté et minuscule de l’autre. Sur le mode «à prendre ou à laisser». Et cela, visiblement, finit par lasser.

Hubert Gamelon

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