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En toute déconnexion

Britanniques et Français, mêmes combats. Les premiers défendent le droit de pouvoir vivre décemment de leur travail. Les seconds le droit d’espérer un jour en récolter le fruit, de ce travail. Sans pour autant devoir y laisser l’existence tout entière et, pour beaucoup, la santé. Voici des mois que les uns et les autres, à bout de nerfs, expriment leur détresse et manifestent leur colère. Sans trouver écho en hauts lieux du pouvoir, quand bien même la clameur résonne pourtant suffisamment fort.

Mêmes combats, donc, et mêmes galères. Avec ce mépris comparable aussi, pour unique réponse aux revendications. Britanniques et Français ont encore en commun d’être gouvernés par des dirigeants qui leur font inlassablement la leçon en toute décontraction. En toute déconnexion, surtout, de la réalité des travailleurs qu’ils prennent de haut et dont ils se tiennent loin. Imposant leur seule volonté envers et délibérément contre tous. Sans rien connaître de l’usure quotidienne d’un job précaire, de la considération sacrifiée au profit de la rentabilité. Ignorant royalement cette peine qui ne risque pas de les affecter, puisque leur retraite à eux est assurée.

Fringants quadragénaires, Rishi Sunak et Emmanuel Macron intiment ainsi sans complexe à leurs concitoyens éreintés de bosser plus et plus longtemps. Qu’importe si les poches se vident, jugent les deux anciens banquiers, du moment que les caisses se remplissent. Le locataire du 10 Downing Street, toujours tiré à quatre épingles, taille volontiers des costards à ces pauvres qui rechignent à se retrousser les manches, à ses yeux. Un regard que le Premier ministre portait déjà il y a une vingtaine d’années, pas peu fier de ne compter dans son cercle privilégié que «des amis aristocrates, personne de la classe ouvrière». Celle-là même qui fait tourner les pays industrialisés. Un dédain à faire passer les Windsor pour une famille modeste. Depuis le palais de l’Élysée, la monarchie présidentielle n’est pas en reste. Jamais les smicards n’ont autant palpé, à écouter le chef de l’État. De quoi se plaignent-ils, avec tout ce pognon de dingue qu’ils touchent grâce à ses largesses… Allons, enfants de la patrie, que demande le peuple !

Alexandra Parachini

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