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Camp ennemi

Des militants et des candidats qui collent des affiches. Un groupe de personnes qui les croise et les agresse violemment. Ces scènes se sont déroulées en Allemagne. Elles ont dégoûté une grande partie de la population qui découvrait que la violence politique n’était pas de l’histoire ancienne. Loin de là.

Les élections européennes vont se tenir sur le continent et malheureusement ces tristes évènements ne sont plus devenus exceptionnels. Nos sociétés sont clivées et certains partis politiques se sont engouffrés dans la brèche pour rassembler autour d’eux les déçus, les haineux, faisant des candidats d’en face des ennemis.

C’est dorénavant «nous» contre les autres. Le débat est impossible, discuter est improbable. Il faut défendre ses convictions par la violence s’il le faut et ce n’est pas la peine d’échanger : les partis d’en face ont tout faux et, pire, représentent un danger pour la population s’ils arrivent au pouvoir. Il faut donc les combattre… et plus seulement par les mots.

Nos sociétés ont multiplié les moyens de communication devant théoriquement rassembler dans une agora numérique parfaite les opinions divergentes et les faire se rencontrer. Et, pourtant, l’heure n’est plus à l’échange d’idées. Les communautés tant appréciées par les réseaux sociaux ont séparé les habitants les uns des autres, les ont comme placés dans des sphères totalement hermétiques à d’autres opinions. Après des années d’isolement intellectuel, les autres ont forcément tort.

Et nous ne sommes qu’au début du mouvement. Les partis les plus extrémistes ont rapidement saisi l’opportunité et utilisent allègrement ce nouveau canal de communication pour fédérer, rassembler, brosser dans le sens du poil ceux qui semblent partager leurs idées. On ne rencontre finalement plus que les personnes qui nous ressemblent sur ces réseaux sociaux devant théoriquement nous ouvrir au monde.

C’est devenu l’archétype de l’isolement et de l’affrontement verbal… entre deux vidéos ridicules. Mais ces nouveaux moyens de communication sont juste l’un des carburants d’une haine débridée qui a frappé la semaine dernière en Allemagne. Nos sociétés se fracturent, et plus le temps passe, plus elles seront difficilement guérissables.

Un commentaire

  1. Pierre van de Berg

    Merci de ne pas avoir nommé de parti, car tous les extrémismes sont à condamner, aussi bien l’extrémisme de gauche, vert ou de droite !!!

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