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Trump signe un accord commercial «historique» avec la Chine


Le président américain évoque «un accord juste et réciproque entre les Etats-Unis et la Chine» .(Photo : AFP).

Donald Trump a signé mercredi un accord commercial préliminaire avec le vice-Premier ministre chinois Liu He, « un pas de géant » pour rééquilibrer le commerce entre les deux grandes puissances économiques, qui suscite cependant des réserves aux Etats-Unis.

« Aujourd’hui marque une étape historique qui n’avait jamais été franchie (…) vers un accord commercial juste et réciproque entre les Etats-Unis et la Chine », a déclaré le président américain lors d’une longue cérémonie à la Maison Blanche.

Dans une lettre adressée à Donald Trump, le président chinois Xi Jinping a salué la signature d’un accord « bon pour la Chine, pour les Etats-Unis et pour le monde entier ».

« Cela montre aussi que nos deux pays ont la capacité d’agir sur la base de l’égalité et du respect mutuel », a écrit M. Xi dans sa lettre, lue par le vice-Premier ministre chinois.

Xi Jinping a en outre exprimé à Donald Trump sa volonté de « rester en étroit contact avec vous personnellement ».

Face à l’enthousiasme de Donald Trump, la Fédération nationale des détaillants (NRF) et le principal syndicat agricole américain, l’American Farm Bureau Federation, se sont montrés plus mesurés, insistant sur « le travail restant à faire ».

La chambre de Commerce, patronat américain, a abondé dans ce sens en exhortant Washington et Pékin à résoudre les problèmes de fond restés en suspens, citant les subventions chinoises aux entreprises publiques.

« Ces problèmes complexes et de longue date (…) ont un impact significatif sur la capacité des entreprises américaines à rivaliser », a commenté Thomas Donohue, son président.

Pour l’heure, le traité profitera essentiellement aux agriculteurs et industriels, victimes collatérales du conflit.

La Chine s’est engagée à acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires au cours des deux prochaines années, afin de réduire le déséquilibre commercial, grande revendication de la Maison Blanche.

L’accord contient également des dispositions relatives à la protection de la propriété intellectuelle et aux conditions de transfert de technologies, autres grandes exigences des Etats-Unis.

Déclenché au printemps 2018 pour mettre fin aux pratiques commerciales chinoises jugées « déloyales », le conflit s’est matérialisé par des droits de douane punitifs réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises échangées chaque année.

Tarifs douaniers pour négocier

Donald Trump a indiqué que les droits frappant actuellement plus de 370 milliards de dollars de produits chinois seraient maintenus tant que la phase 2 de l’accord ne serait pas signée.

Et c’est là que le bât blesse pour nombre d’acteurs économiques. « La guerre commerciale ne sera terminée que lorsque toutes les taxes douanières auront disparu », estime Mathew Shay, président de la NRF.

Si l’administration soutient mordicus que c’est la Chine qui paie, une grande majorité d’économistes soulignent que ce sont les importateurs américains et peut-être bientôt les consommateurs qui font les frais de ces surtaxes.

L’accord « est bienvenu », a toutefois réagi la directrice générale du FMI Kristalina Georgieva, dans un tweet, alors que l’économie mondiale a fortement ralenti en 2018 et 2019 sous l’effet de la guerre commerciale.

L’administration Trump prédit, elle, que cet accord dopera la croissance des Etats-Unis en 2020 d’un demi-point de pourcentage.

Ce conflit a durement affecté le monde agricole et l’industrie manufacturière, ceux-là mêmes qui avaient porté le président républicain au pouvoir en 2016.

Donald Trump a parié sur leur patriotisme, leur demandant de la patience avant des lendemains meilleurs.

Clamant que les guerres commerciales étaient faciles à gagner, il a aussi constamment répété que l’économie américaine n’était pas affectée par les droits de douane, alors que la croissance chinoise ralentissait.

Pourtant, le conflit, inédit par son intensité et sa durée, a installé un climat d’incertitude qui a freiné l’appétit des investisseurs et ralenti la croissance chinoise, américaine et mondiale.

Qui plus est, l’essentiel du coût des tarifs douaniers a été supporté par les importateurs américains.

« Nouveau chapitre »

L’accord « est un pas de géant », a toutefois estimé le sénateur républicain Lindsay Graham, très proche du locataire de la Maison Blanche.

« La Chine reconnaît l’importance d’établir et de mettre en oeuvre un système juridique complet de protection (…) de la propriété intellectuelle », est-il stipulé dans le texte.

En outre, tout transfert ou licence de technologie doit être fondé sur la base du volontariat et refléter « un accord mutuel », est-il dit, alors que la Chine impose couramment aux entreprises étrangères des transferts de savoir-faire pour travailler sur son sol.

Un chapitre entier est consacré à l’ouverture du marché chinois aux services financiers.

Liu He a assuré lors d’une conférence de presse que son pays poursuivrait ses réformes et s’ouvrirait davantage au reste du monde, a rapporté l’agence Chine nouvelle.

Donald Trump a justement annoncé qu’il se rendrait bientôt à Pékin alors que les négociations pour une seconde phase de l’accord doivent commencer « immédiatement » pour aborder des sujets plus sensibles tels que la cybersécurité.

Si Wall Street a terminé en hausse mercredi, soutenu par la signature de l’accord, celle-ci a provoqué un effet contrastée sur les Bourses chinoises, Shanghai étant stable (-0,05%) et Hong Kong en hausse (+0,66%) en milieu de matinée.

Par ailleurs, la monnaie chinoise poursuivait sa hausse face au billet vert (à 6,8807 yuans contre un dollar), encouragée par la décision des Etats-Unis cette semaine de retirer la Chine de leur liste de pays manipulant leur devise.

AFP

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