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Télétravail : le vendredi a la cote en France


Vendredi, tous aux abris : les salariés qui peuvent télétravailler optent souvent pour cette journée à distance ainsi que le lundi, avec en corolaire des bureaux dépeuplés, des parkings à vélo clairsemés ou encore la disette dans les cantines.

Cette nouvelle donne née de la crise du Covid-19 se ressent notamment dans les transports en Ile-de-France, avec des jours plus saturés que d’autres. La directrice du Transilien SNCF (trains de banlieue) a ainsi appelé le 20 octobre à « mieux lisser » les trajets domicile-travail.

Elle a pointé dans les trains, RER, métros, tramways un écart de « 18% entre le mardi – jour le plus fréquenté – et le vendredi » où près de la moitié (49%) des télétravailleurs qui utilisent ces transports restent chez eux. Un écart qui s’observe aussi pour la voiture (16% d’écart) et le vélo (30% d’écart).

Ilyes, 25 ans, consultant en data qui « sort beaucoup », ne cache pas que ça l' »arrange pas mal » de rester à distance le vendredi pour ne pas avoir à rentrer se préparer pour sortir et le lundi « pour bien commencer la semaine » car ça lui « laisse une matinée en plus pour récupérer »…

Même en travaillant, ça fait « une coupure », dit aussi Anissa Sabeur, 24 ans, en alternance dans un grand groupe financier à La Défense.

Benoit Serre, vice-président de l’association des directeurs des ressources humaines (ANDRH), confirme que le travail hybride qui s’est installé depuis la pandémie « s’est concentré sur le lundi et le vendredi, avec une légère préférence pour le vendredi ».

En conséquence, note le DRH de L’Oréal, « il y a une forme d’organisation qui se met en place de manière empirique » avec une concentration des réunions le reste de la semaine.

« Les réunions de service sont en général programmées les mercredi et jeudi » et par « effet d’entraînement », il y a du monde ces jours-là, rapporte Xavier, salarié dans un groupe de communication. « Le lundi et le vendredi, il n’y a personne. Comme l’intérêt, c’est quand même de croiser du monde, ça ne vaut pas le coup d’aller sur site », dit-il.

« Paradoxalement », dit M. Serre, ça ne désorganise pas vraiment les entreprises : « on n’observe pas de baisse de productivité ». « En revanche, ça trouble certains managers » qui ont l’impression – à tort – que « les gens partent en week-end le jeudi soir ».

Vendredi, « c’est mort »

Hubert Mongon (Medef), estime pour sa part que c’est « un peu tôt pour essayer de dégager des tendances » même si les salariés, lorsqu’il y a des négociations sur le télétravail, « cherchent plutôt à le programmer sur ces deux journées là », le lundi et le vendredi.

Chez Orano (ex-Areva), « le vendredi est beaucoup plus télétravaillé » ainsi que les lundi et mercredi dans une moindre mesure. L’entreprise assure avoir été vigilante « pour que les collectifs de travail soient maintenus ».

Du côté d’Oracle France, après deux ans en distanciel pour cause de Covid, une expérimentation a été menée pour étudier l’organisation du travail pour « faire en sorte que les collaborateurs puissent se rencontrer et travailler ensemble » lorsqu’ils viennent sur site, indique à l’AFP la DRH du spécialiste des logiciels, Caroline Elbaz.

Résultat, les jours de présence privilégiés sont le lundi et le jeudi et dans une moindre mesure le mardi. Le vendredi -jour sans réunion sur site-, les locaux sont ouverts, mais – comme le mercredi – « c’est mort ». Le service cantine de l’immeuble, où cohabitent plusieurs entreprises, s’adapte avec « un service minimum », dit la DRH.

À la Société générale, le phénomène n’est pas aussi marqué. L’entreprise explique avoir un accord de télétravail « qui lisse la présence dans les locaux sur l’ensemble de la semaine ». Au siège, le restaurant d’entreprise ou la cafétéria ne sont ainsi « pas désertés » le vendredi.

Quid de l’employeur tenté de fermer le site, la cantine, ou encore de couper le chauffage ce jour là ? Sur le plan de la sobriété énergétique, le raisonnement est « imparable » mais, observe Benoit Serre, « si on dit : le vendredi tout le monde est en télétravail, vous ne les faites jamais revenir ». Or après les confinements, « on a déjà eu tellement de mal »…

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