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Roaming : Viviane Reding contre l’illogisme politique


Viviane Reding espère que Belval redynamisera Esch-sur-Alzette. (Photo Isabella Finzi)

Viviane Reding, eurodéputée engagée sur des dossiers comme la fin du roaming, le TISA, ou encore le marché numérique unique, ne comprend pas l’illogisme de certains politiques.

La fin du roaming est un dossier qui vous tient à cœur, mais qui tarde à se finaliser. Où en est-on ?

Viviane Reding : Avant toute chose, je trouve inconvenant ce que les ministres des télécommunications sont en train de faire. J’ai commencé à faire baisser les tarifs du roaming en 2007.

Avec la Commission, puis le Parlement, la fin du roaming était prévue pour décembre 2015. Puis les ministres se sont donné le mot pour bloquer la situation. Cette manière de procéder reste totalement inconvenante, d’autant plus que cette taxe (le roaming) est de plus en plus illogique.

Cela fait presque dix ans que l’on parle de la fin du roaming, n’est-ce pas trop long ?

J’ai commencé en 2007 à faire baisser, année après année, les frais de roaming. Aujourd’hui, ils ont baissé de 80%. La fin du roaming ne peut pas se faire non plus du jour au lendemain. D’ailleurs, je peux comprendre les difficultés au niveau de la tarification des datas, mais certainement pas au niveau de la voix et des SMS.

Mais attention, car dire que cela a mis trop de temps peut donner une mauvaise perception du processus législatif, alors que j’ai fait cette loi en un temps record. D’autant plus que pour ne pas faire de mal aux entreprises et qu’elles puissent s’adapter, nous avons avancé étape par étape. Donc, quand certains disent que le problème est économique, je réponds que c’est faux ! Depuis 2007, les opérateurs connaissent les échéances, il n’y a jamais eu de surprise.

Êtes-vous soutenue par d’autres pays sur ce dossier ?

Maintenant, oui. J’ai fait part de mon grand ras-le-bol dans un journal allemand, ce qui a eu l’effet d’un tsunami. Il faut parfois prendre des chemins détournés pour se faire entendre. C’est quand même intéressant de voir comment la politique fonctionne.

Le roaming n’est qu’une partie d’un vaste chantier, celui du marché numérique unique…

Oui, le roaming est une petite chose qui fait partie d’un grand ensemble. Mais à un moment où on devrait avoir une politique différente, en matière par exemple de fréquence pour pouvoir offrir du haut débit transnationale à travers toute l’Europe et sans entraves, certains vont dans le mauvais sens, notamment quand on voit ce que les ministres ont fait avec la réforme des télécoms.

Ils ont enlevé tous ce qui avait une consistance. Comment veulent-ils construire un grand marché digital comme cela ? Il faut me l’expliquer. Ils font juste le contraire de ce qu’il faut faire. Ce marché unique est indispensable pour la survie économique de notre continent.

Pour l’instant, ils prennent des « mesurettes », les grandes mesures, ils les éliminent et les petites mesures, ils les font à contresens. Alors qu’ils ne me parlent plus du marché digital s’ils ne sont pas capable de faire ce qu’il faut sur des « petits » éléments comme le roaming.

Avez-vous encore de l’espoir pour la suite ?

Le roaming n’est qu’une roue dans un engrenage complexe. Il y a d’autres questions à résoudre, comme la recherche ou la formation. J’espère que le bon sens va refaire surface.

[…]

Vous qui êtes eschoise, quel regard portez-vous sur l’évolution de la commune d’Esch-sur-Alzette ?

Esch-sur-Alzette a eu une évolution négative depuis quelques années. C’est la raison pour laquelle j’espère vraiment que Belval, le savoir, la recherche, l’université vont redonner une nouvelle jeunesse à la commune et qu’elle puisse redevenir la commune dynamique qu’elle était du temps de la sidérurgie.

Entretien avec Jeremy Zabatta

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