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Luxembourg : l’économie touchée, mais pas coulée


Le Luxembourg a résisté économiquement aux conséquences de la crise sanitaire, notamment au niveau de l'emploi (photo : Isabella Finzi).

Dans sa note de conjoncture, le Statec a mis en exergue certains indicateurs économiques montrant la résilience du pays face à la crise sanitaire.

Lourdement impactée par la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, l’économie luxembourgeoise a tout de même mieux résisté par rapport aux autres pays européens. Jeudi, à l’occasion de la présentation de sa Note de conjoncture, le Statec a mis en exergue certains indicateurs économiques intéressants.

En premier lieu, commençons par les «bonnes nouvelles». Le Luxembourg devrait connaître un taux d’emploi en progression de 2 % cette année par rapport à 2019. Un phénomène unique en Europe, puisque les autres pays européens ont vu leur taux d’emploi reculer à cause, en partie, de la crise sanitaire. D’ailleurs selon les prévisions d’automne de la Commission européenne, l’emploi en zone euro devrait reculer de 2 % en 2020 avant de rebondir en 2021. Pour expliquer ce phénomène, le Statec souligne l’importance de mesures sans précédent comme le chômage partiel pour préserver l’emploi, en plus d’une baisse d’activité moins significative dans les secteurs les plus exposés à la crise sanitaire.

Cela n’empêche pas le taux de chômage de nettement augmenter, passant de 5,5 % en février dernier à 6,4 % en mai. Si depuis la tendance semble être à une légère baisse, le Statec prévoit tout de même, en fonction de la gravité de la seconde vague épidémique, une augmentation pouvant aller jusqu’à 1 point de pourcentage supplémentaire en 2021.

La crise sanitaire devrait causer un recul de 4 % du PIB en 2020, voire de 4,5 % selon les scénarios envisagés. Là encore, en comparaison avec les autres pays, le Luxembourg semble mieux résister avec des indicateurs laissant voir un rebond de l’activité au 3e trimestre avant un essoufflement au 4e trimestre, affecté par la seconde vague.

Ces derniers mois, l’inflation est restée plombée au Luxembourg par le repli des prix pétroliers et la gratuité des transports publics. La dissipation de ces effets, combinée au renchérissement des prix des produits pétroliers via la taxe carbone, devrait la porter à près de 2 % au printemps 2021, alors qu’elle était à 0,7 % au mois d’octobre. L’inflation sous-jacente a maintenu son rythme de croisière : les contraintes pesant sur l’offre de biens et services compensent les pressions baissières émanant de la demande. Elle devrait ralentir l’année prochaine, mais cela n’empêcherait pas l’inflation globale de progresser, de 0,9 % pour 2020 à 1,8 % en 2021. Concrètement, il ne faudra pas s’attendre à voir le déclenchement de l’indexation des salaires avant 2022.

1,2 milliard d’épargne

La crise a porté un coup dur aux finances publiques. La situation inédite qu’a connue le pays a fait baisser les recettes publiques du Luxembourg, même si cette baisse a été amortie par la bonne tenue des impôts prélevés sur les revenus des ménages et des cotisations sociales. La baisse de 20 % des recettes en lien avec l’impôts sur les sociétés va en partie contribuer à faire baisser les recettes publiques d’environ 2 % selon le Statec.

D’un autre côté, il faut également noter la hausse de 15 % des dépenses publiques afin de lutter contre les effets indésirables de la crise sanitaire. Mais, donnée rassurante, si au final le solde négatif de 2020 (4,8 % du PIB) peut paraître préoccupant, il pourrait être déjà résorbé en 2021, à la condition que la deuxième vague en cours ne tire pas les recettes vers le bas.

Enfin, autre donnée intéressante, l’épargne des ménages. Du fait du confinement, la consommation sur le territoire a chuté de près de 20 %, mettant à mal un secteur comme celui de l’Horeca ou encore diminuant les volumes de carburant et de tabac vendus (notamment à cause du télétravail). Sur l’ensemble de l’année, elle devrait se replier de 8 %. Conséquence, les ménages ont épargné de manière «forcée» ou par «précaution».

Contrairement à d’autres crises qui grignotent l’épargne, celle-ci l’a fait augmenter de 26 %, soit 1,2 milliard d’euros d’épargne supplémentaire par rapport à 2019.

Toute la question est de savoir comment les ménages vont réagir dans les mois à venir. Vont-ils utiliser cette épargne en consommant ou bien vont-ils jouer la prudence, ne sachant pas de quoi sera fait l’avenir.

Jeremy Zabatta

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