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L’inflation s’accélère en Chine


Des piétons dans le quartier d'affaires de Pékin, le 9 septembre 2015 en Chine. (Photo : AFP)

L’inflation en Chine a nettement accéléré en août, à son plus haut niveau depuis un an et à nouveau gonflée par les prix du porc, a annoncé jeudi le gouvernement, confirmant le reflux des pressions déflationnistes dans la deuxième économie mondiale.

La hausse des prix à la consommation, principale jauge de l’inflation, s’est établie à 2% sur un an le mois dernier, contre 1,6% sur un an en juillet, a indiqué le Bureau national des statistiques (BNS). C’est au-delà des prévisions des économistes interrogés par l’agence Bloomberg, qui anticipaient en moyenne une accélération à 1,8%.

Comme les mois précédents, l’inflation demeure très en-deçà du niveau-cible de 3% que s’est fixé le gouvernement pour l’ensemble de l’année alors que le ralentissement de la croissance et le déclin des cours des matières premières pèsent toujours sur le niveau des prix.

Cependant, alors que l’inflation avait glissé en janvier sous le seuil de 1% pour la première fois en cinq ans, laissant planer le spectre d’une spirale déflationniste, elle est sensiblement remontée ces derniers mois et a continué d’accélérer en août.

Les prix alimentaires, poids-lourd de l’indice, se sont ainsi appréciés de 3,7% sur un an: cette hausse significative «est presque entièrement responsable de l’accélération de l’inflation dans son ensemble», observait Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

En particulier, le renchérissement du porc (presque +20% sur un an) était considéré comme «un facteur majeur». Les prix des légumes frais ont eux grimpé de 16%. Hors prix alimentaires, «l’impact de la baisse des cours du pétrole sur les coûts des transports a été éclipsé par l’inflation accrue sur les logements» sur fond de rebond continu du marché immobilier, soulignait M. Evans-Pritchard.

Selon lui, l’inflation devrait continuer de remonter sur les prochains mois, alors qu’une «forte chute» de la population porcine en Chine devrait continuer de doper les prix de cette viande très populaire dans le pays.

«Mais si l’on met de côté le porc, l’inflation reste modérée», tempéraient les analystes de la banque ANZ, assurant par ailleurs que la récente dévaluation du yuan (qui renchérit de facto les importations) n’avait eu qu’un «impact limité».

De son côté, l’indice qui mesure l’évolution des prix à la vente à la sortie d’usine (PPI), a reculé en août pour le 42e mois consécutif, plongeant de 5,9% sur un an –son plus fort repli depuis quasiment six ans. Cet indice négatif rappelle les déboires de l’industrie chinoise, contrainte de sacrifier ses prix de vente face à une demande toujours morose.

Le secteur manufacturier est en proie à de graves surcapacités, et oscille entre contraction et stagnation sur fond de fléchissement drastique des exportations et de consommation intérieure atone.

Pour tenter de stimuler une activité économique à la peine, la banque centrale (PBOC) a abaissé à cinq reprises depuis novembre 2014 ses taux d’intérêt, mais avec des résultats mitigés, et Pékin s’est récemment engagé à muscler ses mesures de relance budgétaire.

«Il faudra des assouplissements monétaires supplémentaires» mais «les banques pourraient se montrer prudentes dans l’octroi de crédit, alimentant un cycle vicieux de croissance ralentie et de déflation», avertissaient les experts d’ANZ.

Ces derniers insistaient sur la nécessité de s’attaquer aux dettes colossales des gouvernements locaux et d’accélérer la réforme promise des grands groupes étatiques. Le gouvernement chinois est capable de maintenir une «forte» croissance économique, a affirmé mercredi le Premier ministre Li Keqiang, dans un souci de rassurer.

La croissance chinoise avait glissé en 2014 à 7,3%, son plus bas niveau depuis presque un quart de siècle, et le gouvernement mise sur une croissance de 7% cette année. Plus tôt mercredi, le ministère chinois des Finances avait assuré que Pékin allait augmenter les dépenses publiques et les avantages fiscaux pour soutenir la croissance.

AFP/M.R.

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