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Les salariés oubliés de l’hôtel Alfa


Certains salariés de l'hôtel Alfa situé dans le quartier de la Gare à Luxembourg attendent leur salaire depuis deux à trois mois. (photo Jeremy Zabatta)

Sans salaire depuis presque trois mois, depuis la fermeture de l’hôtel Alfa pour litige financier, les employés s’inquiètent. Mercredi, ils se sont relayés toute la journée devant l’établissement pour exprimer leur ras-le-bol.

Toute la journée, les salariés de l’hôtel Alfa se sont relayés devant l’établissement hôtelier mythique du quartier Gare à Luxembourg pour exprimer leur mécontentement, mais surtout pour ne pas tomber dans l’oubli. En effet, la plupart d’entre eux n’ont plus perçu de salaires depuis deux mois, bientôt trois. Une situation alarmante, mais également un poids pesant dans le quotidien de leurs familles.

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«Sur presque 80 salariés, seulement 55 personnes ont reçu le salaire de mars. Mais personne n’a perçu le mois d’avril et on n’ose même pas croire que l’on aura celui du mois de mai», a expliqué un salarié. Gabriel, barman de l’établissement, a souligné : «Sans revenus, on fait avec. On demande à la famille de nous aider, on pioche dans nos économies. Certaines personnes ont même fait des crédits.»

Avec des salariés touchant en moyenne 2 000 euros par mois, le gérant de l’établissement, Rolphe Reding, doit près de 370 000 euros aux salariés, soit plus de 500 000 euros en y incluant les charges sociales. Pourtant, en mars dernier, Rolphe Reding avait promis aux salariés le versement de tous les salaires du mois de mars. Aujourd’hui, les salariés ont le sentiment d’être oubliés et demandent au gérant de mettre sa société en faillite. D’autant plus que ses salariés sont doublement pénalisés, étant sans revenus et dans l’incapacité d’être disponible sur le marché du travail.

La faillite bientôt prononcée

«Nous voulons être libres. Actuellement, nous sommes liés par un contrat de travail. En plus de n’être pas payé, on ne peut pas accéder au marché du travail», a expliqué un cuisinier de l’hôtel, avant d’ajouter : «Ce n’est pas le travail qui manque dans le secteur, d’autant plus que l’on entre dans la haute saison. On ne va quand même pas travailler au noir.» Du côté de Rolphe Reding, qui exploite l’établissement hôtelier, silence radio.

Pour le moment, les salariés semblent garder un certain calme et un certain optimisme, mais si la situation perdure, le ton pourrait très vite changer. Lorsque l’on demande ce que fait le syndicat, l’OGBL, les salariés restent évasifs : «Le syndicat travaille, la procédure est en cours.»

Du côté de l’OGBL, Romain Daubenfeld, secrétaire central, trouve la situation honteuse pour un État comme le Luxembourg : «Cela fait des semaines que nous avons déposé une plainte auprès de l’Inspection du travail et des mines (ITM) et le dossier est également entre les mains de la justice, mais ça traîne. Normalement, la faillite devrait être prononcée demain (lire aujourd’hui). J’espère que ce sera le cas, mais on me dit cela depuis deux semaines! C’est une situation honteuse et je ne sais pas comment les salariés réussissent à garder leur calme. On parle quand même de deux à trois mois de salaire, il faut s’en rendre compte.»

Une relance de l’hôtel en avril 2018 ?

Le syndicaliste a poursuivi en expliquant vouloir mettre la pression sur l’instance politique pour accélérer les choses : «Si la faillite est prononcée, je vais très vite mettre la pression sur le ministre du Travail pour que la procédure dite de superprivilège aille assez vite, car les gens attendent depuis trop longtemps leur salaire.»

Le silence des éventuels repreneurs pèse également sur les salariés. Selon ces derniers, il se murmure que le groupe Accor a réussi à s’entendre avec les propriétaires des murs pour relancer l’établissement. Mais des travaux seraient nécessaires et l’ouverture serait pour le mois d’avril 2018. «C’est clair que l’on ne va pas attendre jusqu’en avril prochain. On veut toucher nos salaires et partir travailler ailleurs que dans cet établissement», s’insurge un employé. Il faut également noter qu’une petite poignée de salariés a déjà démissionné pour pouvoir trouver un autre emploi, mais cette solution ne résout pas la question des salaires. Les employés privés de salaire espèrent en tout cas que le feuilleton de l’hôtel Alfa va très vite prendre fin.

Jeremy Zabatta

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