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Entreprises en France : les règles du déconfinement se précisent


Si chacun va pouvoir retourner sur son lieu de travail, le télétravail est encore vivement recommandé pendant les trois prochaines semaines. (photo AFP)

Distances entre salariés, désinfection des locaux, fourniture de masques de protection… À une semaine du déconfinement, les règles de reprise d’activité se précisent pour les entreprises, impatientes de redémarrer mais inquiètes de l' »insécurité juridique » qui pèse sur les employeurs.

Selon un « protocole de déconfinement » dévoilé dimanche par le JDD, dont la teneur a été confirmée par le ministère du Travail, plusieurs mesures « universelles » vont s’imposer aux entreprises qui souhaitent faire revenir leurs salariés à partir du 11 mai. Parmi elles : l’instauration d’un espace minimum de 4 m2 par salarié pour les espaces de bureaux et les commerces.

Cette règle s’appliquera également aux espaces communs, dont les ascenseurs, où ne pourront donc pas monter plus d’un ou deux salariés à la fois. Si cette règle ne peut pas être mise en place pour des raisons techniques, le port d’un masque de protection sera obligatoire chez les employés. Masques que les entreprises seront contraintes de leur fournir, précise le protocole.

Les locaux et poignées de portes devront en outre être désinfectés quotidiennement, voire plusieurs fois par jour. Les portillons de sécurité seront condamnés, si ce n’est pas possible, du gel hydroalcoolique devra être proposé à proximité. La prise de température, jugée trop intrusive, ne pourra en revanche pas être imposée aux salariés. Même chose pour les campagnes de dépistage du coronavirus, qui ne pourront pas être obligatoires, selon le ministère.

Responsabilités civile et pénale engagées

En cas de non-respect de ces mesures, communes à toutes les entreprises, quels que soient leur taille, leur lieu d’implantation et leur secteur d’activité, les employeurs engageront leur responsabilité civile et pénale. « La reprise essentielle de l’activité doit nécessairement s’articuler avec la protection des salariés », a justifié le ministère, qui prévoit de publier l’intégralité de ce plan de déconfinement d’ici lundi matin.

Ces règles « transverses » viendront « en complément » des guides déjà disponibles sur le site du ministère, qui détaillent les mesures d’hygiène et de distanciation sociale « métier par métier », a-t-il ajouté.

L’annonce de ces mesures intervient alors que les organisations patronales ont multiplié ces derniers jours les appels à la « clarification » sur les conditions du redémarrage, mettant en garde contre « l’insécurité juridique » qui pèse sur les entreprises.

Maintenir le télétravail encore trois semaines

Dans un courrier commun adressé ce week-end à la ministre du Travail Muriel Pénicaud, le Medef, la CPME, l’U2P et la FNSEA se sont ainsi dits prêts « à assumer l’obligation de moyens qui est la leur » tout en mettant en garde contre d' »éventuelles dérives ».

« Il est impératif de limiter et clarifier le périmètre de cette obligation pour éviter d’éventuelles mises en cause de la responsabilité civile et pénale de l’employeur qui a fait diligence », ont insisté les syndicats patronaux. « Certes l’entreprise doit faire tout son possible pour limiter la contagion, mais le cadre ordinaire de l’obligation de sécurité est manifestement inadapté », ont-ils jugé, en estimant qu’elle ne pouvait concerner le « risque sanitaire général ».

En présentant mardi son plan de déconfinement, le Premier ministre Édouard Philippe a appelé « avec insistance » toutes les entreprises à maintenir autant que possible le télétravail pour leurs salariés, « au moins dans les trois prochaines semaines ». Pour les autres, le dialogue social sera « une condition impérative » pour « permettre le retour au travail dans un cadre qui garantit la sécurité », a-t-il ajouté, alors que la mise à l’arrêt de l’économie depuis la mi-mars fait craindre une envolée du chômage.

« La reprise, tout le monde y aspire : les salariés, les chefs d’entreprise. La question, c’est de le faire dans des conditions de sécurité optimales », a jugé dimanche sur BFMTV le vice-président du Medef Fabrice Le Saché, plaidant pour une approche au « cas par cas ».

Les syndicats ont déjà prévenu qu’ils seraient particulièrement attentifs aux mesures sanitaires mises en place par les employeurs, évoquant le cas échéant de possibles droits de retrait individuels de salariés, voire des appels à la grève.

AFP/LQ

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