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Un plan de soutien pour le secteur porcin du pays


«La situation ne fait qu’empirer et est devenue alarmante», a alerté le ministre de l’Agriculture, Romain Schneider. (photo Fabrizio Pizzolante)

Romain Schneider a dévoilé vendredi des mesures pour venir en aide au secteur porcin, malmené par la crise du coronavirus et la peste porcine africaine.

Encore un secteur qui se voit fragilisé par la crise sanitaire : la filière porcine. Si l’activité n’a jusque-là pas été interrompue, elle a néanmoins subi un impact conséquent du Covid-19, notamment avec la fermeture des restaurants, qu’est venue aggraver l’émergence de la peste porcine africaine en Allemagne, les prix de la viande de porc étant principalement déterminés par le prix du marché allemand. «La situation ne fait qu’empirer et est devenue alarmante», a averti le ministre de l’Agriculture, Romain Schneider, lors de la présentation d’un plan de soutien pour les entreprises en difficulté du secteur porcin, vendredi, à Luxembourg.

De deux euros le kilo abattu pour les porcins début 2020, le Luxembourg a en effet vu les prix chuter presque continuellement tout au long de l’année passée jusqu’à atteindre 1,20 euro le kilo ce mois-ci, alors que la moyenne européenne se situe aujourd’hui plutôt aux alentours de 1,30 euro. «Ces circonstances ont une incidence non négligeable sur le chiffre d’affaires ainsi que la trésorerie des exploitations agricoles porcines», a fait savoir Romain Schneider.

Si le secteur ne pèse pas très lourd au sein de l’agriculture luxembourgeoise – entre 9 et 10 % de la production agricole globale du pays, selon le ministère –, il assure toutefois 70 % de la consommation de porc au sein du Grand-Duché, et contribue surtout à l’image de marque du pays, a signalé le ministre, qui a insisté sur «la valeur marketing» de la filière porcine luxembourgeoise.

Subventions et mesures fiscales

Le plan de soutien prévoit donc tant des subventions que des nouvelles mesures fiscales ainsi que des mesures en matière de cotisations sociales afin de préserver la trésorerie du secteur porcin. Moyennant certaines conditions (notamment le recul du chiffre d’affaires trimestriel d’au moins 30 % par rapport au même trimestre de l’année précédente), les entreprises en difficulté pourront ainsi percevoir une subvention en capital non remboursable de 20 000 euros maximum par trimestre.

Cette aide comprend une subvention en capital forfaitaire de 4 000 euros ainsi qu’un montant basé sur les remboursements des charges financières (tels les intérêts et les frais liés aux lignes de crédit) et les coûts mensuels des salariés. Les éleveurs de porcelets «naisseurs» (c’est-à-dire l’élevage de truie et de petits jusqu’au sevrage), filière la plus fragilisée, pourront voir ces frais remboursés jusqu’à 75 % (dans la limite de 20 000 euros par trimestre), tandis que le reste des exploitations porcines pourra bénéficier d’un remboursement à hauteur de 50 % maximum.

Une certaine tolérance est en outre accordée quant au paiement des cotisations sociales. En effet, si les cotisations sociales restent dues et continuent d’être facturées chaque mois, la sécurité sociale «ne percevra pas d’intérêts moratoires en cas de retard de paiement des cotisations jusqu’au 30 juin 2021». Au-delà, le taux des intérêts moratoires sera «réduit à 0 % si les délais de paiement dont certains employeurs et travailleurs indépendants bénéficient sont respectés, c’est-à-dire si les cotisations courantes et l’acompte mensuel sur la dette sont payés à échéance».

Enfin, s’ils en font la demande auprès de l’Administration directe, les producteurs pourront par ailleurs obtenir une réduction de leurs avances d’impôt. Mesure qui, à l’instar des initiatives concernant le paiement des cotisations sociales, est étendue à l’ensemble du secteur agricole et pas seulement aux éleveurs porcins.

«Trente à 35 entreprises environ sont concernées par ces aides, qui seront accordées immédiatement après présentation d’un dossier remplissant toutes les dispositions», a précisé le ministre Romain Schneider.

Tatiana Salvan

Des objectifs à court, moyen et long terme

Outre un soutien destiné à préserver la trésorerie du secteur porcin, secteur dont le ministre de l’Agriculture Romain Schneider entend fortifier la position en mettant en valeur sa qualité et les avantages du circuit court, ce plan a fondamentalement pour objectif l’orientation stratégique de la filière. À cet égard, Romain Schneider va entamer des discussions avec les représentants du secteur en vue d’une prochaine révision de la législation, portant notamment sur le bien-être animal et la promotion de l’agriculture biologique. La création d’un fonds de mutualité pour améliorer la gestion de risques de pertes de revenu sera aussi examinée lors de cette rencontre.

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