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[Musique/Cinéma] Carl Davis : « On a réimposé le ciné-concert »


À 80 ans, Carl Davis n'arrête pas de composer. Demain, à la Philharmonie, il va d'ailleurs proposer la première de sa musique sur le court métrage The High Sign de Buster Keaton. (Photo : Richard Hensel)

Comme tous les ans depuis 1987, Carl Davis va diriger l’OPL, ce soir et demain, dans le cadre du «Live Cinema». Interview du compositeur et grand spécialiste mondial des ciné-concerts.

Carl Davis est né en 1936, à New York. Installé en Grande-Bretagne depuis 1961, il a composé plus de 100 musiques pour la télé, le cinéma – dont celle de The French Lieutenant’s Woman avec Meryl Streep et Jeremy Irons qui lui valut un Bafta–, des ballets et des musicals. Mais là où son nom revient le plus souvent, c’est au niveau des ciné-concerts et de l’accompagnement de films muets. C’est ce qu’il va faire, à la tête de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg, ce soir et demain à la Philharmonie, pour le traditionnel «Live Cinema».

Cette semaine, vous allez prendre part à votre trentième « Live Cinema » avec l’OPL. Que vous inspire ce chiffre?

Carl Davis : Trente ans… eh bien… Tout ça a débuté d’une manière assez excitante. J’ai rencontré Fred Junck, le créateur de la Cinémathèque de Luxembourg, en 1986 au festival du Film muet de Pordenone, en Italie. À l’époque, il voulait célébrer le dixième anniversaire de sa Cinémathèque. Il m’a donc fait venir à Luxembourg en 1987 et m’a fait rencontrer l’orchestre. Un orchestre qui a depuis connu une évolution incroyable. Quand j’ai rencontré ses musiciens pour la première fois, c’était encore l’orchestre RTL, un orchestre de studio. Il avait son programme hebdomadaire et c’était à peu près tout. Mais on a quand même fait de très belles choses ensemble au Conservatoire. L’année 96, quand l’orchestre devient l’Orchestre philharmonique du Luxembourg, a été un véritable tournant pour eux. Il a cessé d’être un orchestre de studio pour devenir un orchestre de scène.

Ça a changé quoi pour vous?

J’ai l’impression qu’ils se sont sentis plus importants en devenant l’orchestre national. Les musiciens ont donc gagné en confiance, tout est devenu plus professionnel et la qualité s’est améliorée. Et je suis content d’avoir suivi ce processus. L’ouverture de la Philharmonie a été un autre tournant. Avant on faisait nos ciné-concerts pour un maximum de 500 spectateurs, désormais c’est pour 1 500. En plus, avec le succès, on a doublé les représentations, ce qui fait que l’an dernier, avec The Gold Rush de Charlie Chaplin, nous avons connu notre fréquentation record avec près de 3 000 spectateurs sur les deux soirées.

Comment expliquer une telle fidélité entre vous et l’orchestre?

Je pense que ça tient justement au succès que ces ciné-concerts ont connu. Cette rencontre entre ces vieux films muets et l’orchestre à travers ces bandes originales que j’ai composées a été très appréciée par le public depuis le départ. Une belle relation qui s’est donc créée avec les années. D’ailleurs, même à l’époque de RTL, j’ai travaillé avec l’orchestre au-delà de ces « Live Cinema ». Ils ont enregistré au moins quatre bandes originales de film que j’ai composées. Les musiciens de l’orchestre de Luxembourg sont donc devenus très importants dans ma vie professionnelle. Je les ai même fait venir en Angleterre pour des concerts. On a présenté par exemple Napoléon, d’Abel Gance, qui est le ciné-concert certainement le plus ambitieux de tous à Londres. Et ils ont interprété ça superbement bien. On a aussi fait de grands concerts en extérieur ensemble. Bref, on a une longue et belle relation derrière nous. Ce matin (NDLR : l’interview a été réalisée mercredi), nous avons partagé un moment très fort. On a compté les musiciens qui faisaient déjà partie de l’orchestre en 1987, ils sont encore huit. Ça devait être des gamins à l’époque!

Il y a déjà eu quatre ciné-concerts cette saison à la Philharmonie, dont un déjà avec l’OPL, mais votre « Live Cinema » semble être différent. Pourquoi?

C’est vrai. C’est l’histoire même de ce rendez-vous qui veut ça. Ces concerts de cinéma muet sont une forme qui avait été abandonnée avec l’arrivée du cinéma parlant à la fin des années 1920. En 1980, j’ai eu cette possibilité ce faire ce « revival » avec une nouvelle bande originale de Napoléon – qu’on a d’ailleurs reprise ensuite à Luxembourg en 1990. Tout est parti de là. On a réimposé cette tradition du ciné-concert, et comme on disait plus tôt, c’est une relation qui dure désormais depuis 30 ans, sans interruption. Je suis venu tous les ans depuis 1987 pour proposer un film muet avec la musique interprétée en direct par l’orchestre. Ce qui donc finalement est une manifestation plus proche d’un opéra ou d’un ballet que d’une projection habituelle d’un film au cinéma.

Entretien réalisé par Pablo Chimienti

Retrouvez l’intérgralité de cette interview dans Le Quotidien papier de ce vendredi

Philharmonie – Luxembourg.

Ce soir et demain à 20 h.

Family Edition, samedi à 15 h.

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