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[Musique] «Le secret de Seed to Tree? On est toujours restés amis»


(Photo : sebastian persuric)

De retour quatre ans après l’album Proportions, Seed to Tree livre un troisième opus éclatant, A Little Life, qu’il présentera demain soir à l’Atelier. Un disque qui a incité le quatuor à se réinventer, selon son chanteur, Georges Goerens.

Quand Seed to Tree a été formé en 2009, ses membres, le guitariste et chanteur Georges Goerens en tête, se sont lancés dans une recherche approfondie de «leur» son. Après la folk intime déroulée dans Wandering (2015), leur premier album, ils ont expérimenté l’indie-pop aux accents électroniques, avec Proportions (2019). Un projet doucement expérimental qui leur a laissé, une fois encore, un goût d’inachevé. Le temps et les différentes trajectoires de vie aidant, le groupe s’est retrouvé plus décidé que jamais à capturer l’identité finie de Seed to Tree, sur l’album qui est, à ce jour, son plus étincelant : A Little Life, troisième opus sorti vendredi dernier, et que le groupe présentera ce soir à l’Atelier.

Au long de huit titres, on entend le groupe dresser un bilan d’une vie ensemble : des rêves, des espoirs, confrontés à une réalité dont les images sont peut-être légèrement embellies par les souvenirs… Le récit de la «vie du groupe», on l’entend aussi dans la musique, qui a défini une sonorité pop «vintage» à travers laquelle on entrevoit leurs nombreuses références, tout en y intégrant ce qui reste de leurs précédentes vies. Georges Goerens l’affirme : «Aujourd’hui, on veut que Seed to Tree fasse des choses qui ont du sens pour nous, pas que ce soit un projet qui occupe tout notre temps libre.»

Après une série de concerts en Allemagne, à l’automne, pour A Little Life, le groupe pense à «une sorte de congé sabbatique». Ce troisième album, c’est sûr, a déclenché de grandes questions à l’intérieur du quatuor, mais après une quinzaine d’années passées ensemble, le «frontman» peut aujourd’hui l’affirmer haut et fort : «Le secret de Seed to Tree, c’est qu’on est toujours restés amis. On s’est toujours soutenus. Alors, tant pis si on n’est pas devenus les meilleurs musiciens…»

On dit que le deuxième album doit confirmer les promesses du premier. Qu’en est-il du troisième?

Georges Goerens : Je ne crois pas qu’on ait eu le parcours du groupe qui arrive avec un premier album impressionnant. Je ne crois pas, en tout cas, que Wandering soit l’album qui nous représente le mieux. Il y a beaucoup de gens qui mettent toute leur vie dans un premier album; nous, on était dans notre vingtaine et on s’est mis beaucoup de pression pour sortir de la musique. Avec le temps, le nom du groupe est devenu le principe du groupe : chercher à devenir plus matures. C’est une évolution logique, après une folk un peu simpliste, on a expérimenté des choses avec des instruments électroniques, mais on avait notre nez fourré dans plein de références différentes, on n’avait pas encore la vision du son particulier de Seed to Tree. Cela dit, ça nous fait toujours plaisir quand on nous dit qu’on retrouve « notre son » sur telle ou telle chanson. C’est l’inconscient en marche.

Cette quête de conscience a-t-elle abouti dans cet album?

Oui, on a senti cette progression, on a été amenés, consciemment, à faire cet album. On a ressenti les effets de la dynamique de groupe, notamment depuis qu’on écrit selon un processus collectif et participatif. Notre complicité se ressent mieux aujourd’hui dans notre musique.

À propos d’écriture, A Little Life s’inspire du roman du même nom de l’Américaine Hanya Yanagihara, une fresque de vie dans laquelle il y a beaucoup de souffrance. Qu’est-ce qui vous a donné envie de traduire cela en musique?

Le concept, tout comme le titre, est venu plus tard, après que j’ai découvert ce roman. Le livre raconte l’histoire de quatre jeunes hommes qui traversent les étapes d’une vie ensemble, depuis l’école, jusqu’à grandir, devenir adultes, tout en vivant des tensions… J’y ai évidemment vu des parallèles. On a vécu une petite vie ensemble : on est dans la trentaine, et on a passé tout ce temps à faire de la musique, à rêver ensemble, mais aussi à avoir nos vies individuelles. Pour autant, je crois qu’aucun d’entre nous ne pourrait définir son identité sans évoquer l’influence du groupe. Musicalement, je crois que Seed to Tree a toujours été mélancolique, plein d’espoir, d’autres caractéristiques du livre. Mais nous ne nous sommes jamais enfermés dans un concept; d’abord, on joue, puis on cherche comment définir cela.

Dans le mixeur pop de A Little Life, on reconnaît beaucoup de choses différentes – Beach House, The Cure, Bon Iver, My Bloody Valentine… On sent une relation plus simple et directe à la mélodie, et on a l’impression que ce son est fait pour durer…

On a une relation d’amour-haine avec ce qu’on a fait avant, au point que je ne pouvais plus supporter de jouer de la guitare acoustique. Mais on finit toujours par se réconcilier… L’écriture et les mélodies sont très directes, c’est vrai, et on a poussé beaucoup plus le son vintage en jouant avec des synthétiseurs Juno, Prophet… C’est quelque chose qu’on a toujours voulu faire, mais pour lequel on ne s’est jamais donné le temps. Cette fois, on a optimisé notre temps ensemble, que l’on savait limité – les deux mois de vacances scolaires –, et on a pu expérimenter, rechercher, réfléchir, et enfin arriver à un album qui ait du sens et qui soit important pour nous.

Vous présentez demain soir l’album à l’Atelier. Vous pensez à votre public quand vous composez?

Je suis très curieux de voir si le public sentira cette complicité dans notre nouveau son, comme c’était le cas pour notre premier album. Je crois qu’on a un peu perdu cela après. Mais on ne pense pas vraiment au public à ce moment-là. Dans le groupe, il y a une vraie balance, et certains membres ont assez de recul pour nous dire quoi garder ou pas. Ça participe à la simplicité recherchée du groupe, quand, moi, j’aurais plutôt tendance à me compliquer la tâche (il rit).

A Little Life,
de Seed to Tree. Popup Records.

Release party demain, à 19 h.
Atelier – Luxembourg.

Avec le temps, le nom du groupe est devenu le principe du groupe : chercher à devenir plus matures

Une série de concerts
en Allemagne

Du 29 octobre au 3 novembre, Seed to Tree embarquera pour une tournée de six concerts à travers l’Allemagne, où le groupe a «toujours tourné». Popup Records, le label qui a édité A Little Life et le précédent album du groupe, est d’ailleurs basé à Hambourg. Pour Georges Goerens et le reste de la bande, «c’est toujours un plaisir de jouer en Allemagne». «C’est là que l’on voit les spectateurs revenir. On est toujours surpris de rencontrer des gens qui nous disent que notre musique les a accompagnés à un moment de leur vie, ou voir d’autres faire 400 km en voiture pour venir nous voir (…) On se rend compte de notre valeur quand on est loin des amis et de la famille, quand on joue devant une centaine de personnes et qu’on ne reconnaît personne (il rit). C’est une grande récompense.»

Les dates :

29 octobre Studio 30 – Sarrebruck

30 octobre Centralstation – Darmstadt

31 octobre Mephisto – Hanovre

1er novembre Badehaus – Berlin

2 novembre Feierwerk Kranhalle – Munich

3 novembre Häkken – Hambourg

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