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Rentrée dans le secondaire : la Librairie des lycées en plein boom


Les étudiantes Ema, Héloïse et Miriam prêtent main-forte à la préparation des commandes. (Photos : fabrizio pizzolante)

En cette veille de rentrée dans l’enseignement secondaire, la Librairie des lycées, dans le quartier du Limpertsberg à Luxembourg, bouillonne. Aux commandes, le couple Biagiotti, qui ne compte pas ses heures, oscille entre satisfaction et besoin d’équilibre.

Les cartons s’empilent, les manuels scolaires débordent des étagères, les couleurs des crayons et des cartables illuminent la boutique : pas de doute, la rentrée scolaire du secondaire approche à la Librairie des lycées, avenue Victor-Hugo. Les réservations affluent, via le système national Mybooks, dont l’établissement est partenaire (lire ci-contre), et les gérants Sabrina et Frédéric Biagiotti sont à pied d’œuvre, alors que la rentrée représente 70 % de leur chiffre d’affaires annuel.

Soutenus cet été par cinq étudiants motivés, ils enchaînent les journées de travail, du lundi au dimanche, et proposent même un nouveau service de livraison à domicile cette année, avec Frédéric sous la casquette du livreur. Un rythme effréné qui devient difficilement tenable, reconnaît Sabrina : «Les clients rentrent de vacances et nous demandent gentiment si les nôtres ont été bonnes, mais nous n’en avons pas pris depuis six ans», raconte la jeune femme en souriant.

Aux manettes de l’emblématique librairie-papeterie du quartier depuis 2017, le couple n’a jamais compté ses heures pour moderniser cette échoppe un brin datée au moment où ils l’ont rachetée, et a aussi tenu bon dans la tempête de la crise sanitaire. Mais depuis quelques mois, les obstacles se succèdent et leur paraissent de plus en plus insurmontables : le départ d’une collaboratrice au printemps a compliqué leur organisation au quotidien, et ils ne parviennent pas à la remplacer. «On cherche à recruter, mais on se heurte à la pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans le secteur commercial», explique Frédéric.

Au même moment, lors des réunions préparatoires de la rentrée avec les autres libraires et le ministère de l’Éducation nationale, ils ont appris que les écoles internationales qui commandaient de gros volumes de manuels scolaires allaient désormais intégrer elles aussi le système Mybooks. C’est donc maintenant aux élèves d’acheter leurs livres, ce qui veut aussi dire qu’ils ont le choix de la librairie. «Ces établissements représentaient d’importants clients pour nous. Ça se chiffre à plusieurs centaines de milliers d’euros. Pour compenser, on doit arriver à 3 000 réservations de la part des lycéens, soit le double de l’an dernier. Aujourd’hui, on en est à 600», précise le gérant, indiquant que chaque réservation comporte dix à quinze livres.

«On a relevé ce défi, on aspire à autre chose»

Une situation tendue qui stresse le couple. «On est sur le fil en permanence, c’est usant», confie Sabrina. D’où leur souhait de clôturer prochainement ce chapitre de leur vie, pour voguer vers autre chose. Ils ont décidé de mettre leur commerce en vente il y a quelques mois et cherchent activement un repreneur. Pour assurer la période cruciale de la rentrée, les démarches ont été mises en pause, mais ils comptent relancer la vente dès cette fin d’année.

Les compétences de Sabrina, à la fois comptable, responsable des achats, de la logistique, de la gestion administrative et équipière polyvalente en boutique, ne sont pas passées inaperçues auprès de certains clients, professionnels de la place financière. «J’ai reçu des propositions sérieuses et, bien sûr, c’est séduisant. Je ne travaillerais plus les week-ends, tout en étant mieux rémunérée, et surtout, j’aurais enfin plus de temps pour ma famille et mes enfants», rêve cette maman, en désignant un petit meuble plein de jouets dans l’arrière-boutique. «Ils ont sept ans et quatre ans et sont souvent là avec nous, au travail.»

Pour autant, pas question de parler d’échec. Au contraire, le couple a quasiment triplé le chiffre d’affaires annuel de la librairie depuis son installation. «Mais à quel prix», souffle aujourd’hui Frédéric. «On est heureux parce qu’on a relevé ce défi et que ça nous a aussi soudés. Cependant, on aspire à autre chose pour le futur. Plus d’équilibre», projette cet hyperactif bientôt quinquagénaire. Il est définitivement temps pour eux de passer la main.

Rendez-vous sur Mybooks.lu

Avec Mybooks.lu, les élèves du secondaire classique et général, de la formation professionnelle, des écoles européennes, des classes menant au baccalauréat international, des classes anglophones menant aux diplômes britanniques ou des écoles privées appliquant le programme officiel peuvent accéder à la liste des manuels scolaires à se procurer. Ils se connectent directement avec leur identifiant IAM, passent leur commande, et vont ensuite retirer les livres gratuitement dans l’une des neuf librairies partenaires. Les élèves qui ont recours à des manuels d’occasion reçoivent un bon d’achat de 50 % du prix des ouvrages neufs non commandés pour acheter des livres de leur choix (valable jusqu’au 29 juin 2024). En 2024, le ministère annonce qu’une plateforme de revente en ligne sera créée.

Investis à 200 % depuis 2017, Sabrina et Frédéric veulent désormais privilégier leur famille.

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