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The Whale, l’énorme «come-back» de Brendan Fraser


Brendan Fraser s'est tenu éloigné du cinéma pendant une dizaine d'années jusqu'à ce que The Whale et son histoire de rédemption ne mettent un terme à sa traversée du désert. (Photo AFP)

En incarnant un personnage de professeur obèse reclus chez lui dans The Whale, l’acteur Brendan Fraser fait un retour inattendu qui lui a valu, le week-end dernier, un Oscar.

Dans les années 1990, l’acteur américano-canadien Brendan Fraser a délecté le public avec ses rôles d’aventuriers musculeux dans des comédies à succès. Aujourd’hui, l’acteur a séduit l’Académie des Oscars grâce à son rôle dans The Whale, celui de Charlie, un professeur obèse et reclus tourmenté par le chagrin. Entre les deux, une longue traversée du désert. «C’est donc ça le multivers», a déclaré Brendan Fraser, incrédule et ému, en recevant la statue dorée – une référence au grand vainqueur de la soirée, le film Everything Everywhere All at Once.

The Whale, réalisé par Darren Aronofsky, marque donc le grand come-back de la star de 54 ans, qui avait mis sa carrière entre parenthèses au début des années 2000 pour raisons personnelles et après avoir accusé un ponte de l’industrie cinématographique d’agression sexuelle. Tombé dans un oubli relatif, l’acteur apparaît méconnaissable lors de ce long métrage dans le corps de cet homme de plus de 250 kilos qui ne peut plus sortir de chez lui et réussit à peine à se lever de son canapé. Adapté d’une pièce de théâtre de Samuel D. Hunter, l’œuvre raconte les retrouvailles de ce professeur d’anglais et de sa fille – jouée par Sadie Sink, jeune star de la série Stranger Things – avec qui il a coupé les ponts.

«Toutes les stars de la planète»

Enveloppé d’imposantes prothèses, Brendan Fraser utilise sa voix et ses expressions faciales pour faire ressentir son angoisse et ses explosions de passion et d’espoir. «Charlie est le personnage de loin le plus héroïque que j’aie jamais interprété», a confié l’acteur en septembre à la Mostra de Venise. «Son superpouvoir est de voir le bien chez les autres et de le faire ressortir.» Darren Aronofsky, qui avait déjà remis sur le devant de la scène Mickey Rourke avec The Wrestler (2009), confiait avoir pensé à «toutes les stars de la planète» avant de choisir l’interprète de Charlie, une hésitation qui a duré dix ans.

Laissant espérer dans ses premières séquences une réflexion rarement montrée au cinéma sur la perception de l’obésité et la façon dont les personnes qui en sont atteintes la ressentent, le film multiplie les clins d’œil à la baleine de Moby Dick et joue la carte du sentimentalisme. La performance de Brendan Fraser a changé le regard de l’acteur sur l’obésité : «J’ai appris qu’il fallait être une personne incroyable physiquement et mentalement pour habiter un tel corps.» Pour lui, c’est le rôle d’une vie, «le plus compliqué que j’aie jamais joué».

Né en 1968 dans l’Indiana, de parents canadiens, Brendan Fraser se découvre tôt une passion pour l’art dramatique grâce au théâtre. Diplômé du Cornish College à Seattle, il s’installe au début des années 1990 à Los Angeles, qui l’accueille à bras ouverts, et ne tarde pas à décrocher ses premiers rôles, notamment dans la comédie Encino Man (Les Mayfield, 1992), où il joue un homme des cavernes décongelé par des adolescents.

Traversée du désert

Grand, charismatique, Brendan Fraser, avec ses yeux bleus, devient une figure familière du grand écran, interprétant des personnages à la découverte de mondes inconnus. Il fait pleurer les spectateurs dans le drame School Ties (Robert Mandel, 1992), les fait rire dans George of the Jungle (Sam Weisman, 1997) ou Bedazzled (Harold Ramis, 2000), puis trembler avec les aventures de Rick O’Connell dans The Mummy (Stephen Sommers, 1999) et ses deux suites. Sa carrière compte plus de 40 longs métrages, dont Collision (Paul Haggis, 2004), Oscar du meilleur film, jusqu’à sa disparition soudaine des affiches hollywoodiennes.

En 2018, dans la foulée du mouvement #MeToo, l’acteur accuse Philip Berk, ex-dirigeant de l’Association de la presse étrangère de Hollywood (HFPA), qui organise les Golden Globes, de l’avoir agressé sexuellement en 2003. L’impact psychologique de l’agression, conjugué à des problèmes de santé liés notamment à ses blessures sur les plateaux de tournage – l’acteur réalisant souvent lui-même ses cascades – et un divorce médiatisé et tumultueux avec l’actrice Afton Smith ont raison de lui.

S’il participe à quelques séries télévisées, il se tient éloigné du cinéma pendant une dizaine d’années jusqu’à ce que The Whale et son histoire de rédemption ne mettent un terme à sa traversée du désert. Brendan Fraser a ainsi récemment participé au thriller de Steven Soderbergh No Sudden Move et au film Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese, attendu prochainement.

The Whale, de Darren Aronofsky. Actuellement en salles.

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