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La France, nouveau terrain de jeu du sport électronique


Des amateurs se livrent à une partie de jeux vidéos, lors d'un tournoi à Londres, le 14 février 2015. (Photo : AFP)

Longtemps prisé par les seuls amateurs de jeu vidéo, le sport électronique commence à se faire un nom en France auprès du grand public, au point d’intéresser les médias traditionnels et le gouvernement, qui cherche à lui donner un cadre juridique.

«La France n’est pas particulièrement en retard par rapport aux autres pays occidentaux mais il est vrai que l’engouement est né il y a déjà longtemps dans des pays comme la Corée du Sud où des compétitions ont lieu dans des stades», explique Michael Sportouch, vice-président de l’éditeur Activision Blizzard en France. Aussi appelées e-sport, ces compétitions de jeux vidéo sont apparues durant les années 1990. Mais c’est avec l’émergence de services de diffusion en ligne –à l’image de Twitch racheté en 2014 par Amazon pour près d’un milliard de dollars– que le phénomène a pris de l’ampleur.

Jeux de football, de combat, d’action ou encore de stratégie servent de support à ces tournois, qui rassemblent plusieurs millions de spectateurs devant leur écran. A tel point que certains médias traditionnels s’intéressent à présent à cette discipline. La chaîne de télévision L’Equipe 21 retransmet chaque vendredi soir des matches de «Fifa 16», simulation de football et titre le plus vendu en France en 2015. Sur le plateau, le match est décrypté comme le serait une rencontre réelle en faisant notamment appel à un ancien champion du monde du jeu.

«Même si les jeux de sport ne sont pas les plus pratiqués dans les compétitions, ce sont ceux qui sont le plus facilement adaptables pour un format télévisé car les angles de vue ressemblent beaucoup à ceux des vrais matches. Et leurs règles sont aussi connues, beaucoup plus que celles d’un jeu de stratégie», ce qui permet d’attirer aussi des non-joueurs, souligne Nicolas Besombes, sociologue spécialisé dans le sport électronique à l’Université Paris Descartes.

Sans compter que certains jeux plus violents peuvent être déconseillés aux moins de 18 ans, ce qui obligerait les chaînes de télévision à programmer une émission avec de telles productions à des horaires plus tardifs.

Flou

L’émission de L’Equipe 21 réunit entre 80 000 et 120 000 téléspectateurs en moyenne et il est déjà prévu qu’elle soit encore à l’antenne la saison prochaine. «Le e-sport est un marché sur lequel nous souhaitons nous installer et nous développer, et ce à l’échelle de tout le groupe et pas seulement de L’Equipe 21», affirme le directeur de la chaîne, Arnaud de Courcelles.

Il souligne qu’aucun partenariat n’a été noué entre le diffuseur et l’éditeur du jeu, l’américain Electronic Arts, et qu’un flou juridique existe quant au statut du sport électronique en France. Pour y remédier, le gouvernement a confié en janvier une mission à deux parlementaires. Ces derniers doivent également proposer un cadre permettant de favoriser ces compétitions de jeu vidéo dans le pays.

«La France a une part de marché à conquérir sur l’hébergement de compétitions. Mais cela nécessite de prendre certaines dispositions. Par exemple se pose la question des visas pour les joueurs étrangers lorsqu’ils viennent disputer un tournoi dans notre pays», détaille Jérôme Durain, sénateur PS de Saône-et-Loire et coauteur de la mission avec le député UDI des Alpes-Maritimes Rudy Salles. Leur rapport doit prochainement être remis au gouvernement mais se pose déjà l’épineuse question du ministère auquel le sport électronique pourrait être rattaché.

«La parenté entre le e-sport et le sport est évidente mais il n’est pas certain que le ministère des Sports souhaite voir ce nouveau secteur dans son giron», estime M. Durain.

Le Quotidien/AFP

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