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[Critique ciné] Just Mercy : une plongée dans le couloir de la mort


Michael B. Jordan et Jamie Foxx rendent à merveille la bataille de Bryan Stevenson etle désespoir de Walter McMillian (Photo : warner bros. entertainment inc).

Renommé La Voie de la justice chez nos voisins française, Just Mercy de Destin Daniel Cretton, avec Michael B. Jordan, Jamie Foxx et Brie Larson, est un film aussi énervant que tire-larme qui montre, à travers une histoire vraie, l’injustice que peuvent subir certains, simplement à cause de la couleur de leur peau.

Nous sommes en 1987, dans l’État sudiste de l’Alabama. Walter «Johnny D.» McMillian termine sa journée de travail dans la forêt où il coupe les arbres pour en faire de la pâte à papier. La journée a été dure, mais belle en ce mois de juin. Rien ne laisse présager que la soirée va se transformer en cauchemar pour cet Afro-Américain, certes connu des services de police pour une bagarre dans un bar, mais au casier judiciaire aussi vierge que celui d’un bébé à peine venu au monde. Pourtant sur la route qui le ramène chez lui, voilà qu’il tombe sur un barrage de police. Des forces de l’ordre qui ne sont pas là par hasard. Au contraire, elles sont venues en force expressément pour lui.

Si les policiers sont clairement là pour l’arrêter, ils ne seraient pas contre un petit coup d’éclat de la part de «Johnny D.» pour pouvoir lui coller, sans autre forme de procès et directement sur place, une balle entre les deux yeux. Le shérif Tom Tate a d’ailleurs été très clair à ce sujet. Sans même savoir ce qui lui est reproché, Walter McMillian est immédiatement envoyé dans le couloir des condamnés à mort d’une prison de haute sécurité. Un traitement inhumain et inhabituel qui ne sera que la première d’une longue liste d’incohérences judiciaires.

Un procès vite fait

Certes, les faits qui lui sont reprochés sont graves : le meurtre de Ronda Morisson, une jeune fille de 18 ans tuée de plusieurs tirs d’une arme à feu. Aucune preuve n’accuse McMillian, mais le shérif, nouvellement élu, a besoin d’un coupable pour rassurer rapidement sa population. Peu importe si l’accusé a plein de témoins pouvant prouver son innocence. Le shérif a un témoignage à charge contre McMillian. Ça lui suffit, même s’il provient d’un criminel aux motivations douteuses. D’autant que dans un contexte empli d’émotion, d’envie de vengeance et de racisme, le jury du procès suivra le shérif les yeux fermés.

Malgré une accusation bancale, un manque de preuves criant et un procès vite expédié, voilà Walter McMillian promis à la chaise électrique. Il ne reste qu’à fixer la date.

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Jusqu’au jour où un jeune avocat noir du Delaware, Bryan Stevenson, fraîchement diplômé de la prestigieuse université de Harvard, s’installe à Montgomery, capitale de l’Alabama, crée Equal Justice Initiative dans le but de défendre en justice des condamnés à tort du système judiciaire américain et s’intéresse au cas McMillian. Malgré les difficultés, les menaces, les manœuvres juridiques et politiques, Stevenson parvient, avec l’aide d’Eva Ansley, une militante locale, blanche, mais attachée aux droits civiques, à faire rouvrir le procès McMillian et à faire éclater ses nombreuses contradictions.

Bien plus qu’un simple film de prétoire

Voilà l’histoire, vraie et bouleversante, de Just Mercy, le nouveau film de Destin Daniel Cretton, mention spéciale du jury international et prix du jury œcuménique au festival de Locarno en 2013 pour Short Term 12. Son long métrage dépasse, par la puissance de son propos, le simple film de prétoire.

Just Mercy est un plaidoyer contre le racisme, un plaidoyer contre la peine de mort, un plaidoyer contre toutes sortes d’injustices. Une piqûre surtout qui rappelle que la bataille des droits civiques est encore loin d’être totalement et définitivement gagnée.
Un drame, certes tire-larmes, au style certes assez académique, mais poignant et d’une grande subtilité à la fois.

En tant que spectateur, on suit le quotidien de Bryan Stevenson – un parfait Michael B. Jordan – chez lui, dans son bureau, pendant ses rendez-vous discrets avec les élus locaux, lors de ses plaidoiries, mais aussi quand il va rendre visite à ses clients en prison, ainsi que le quotidien de «Johnny D.» – un incroyable Jamie Foxx –, et ses camarades du couloir de la mort. Et régulièrement la colère monte!

Une autre sensation claire ressort de ces 2 h 17 de film : coupable ou non de crime, personne ne mérite de passer ses dernières années dans un tel couloir! Car la justice est aveugle, du coup, parfois, elle se trompe! Et quand lors de chaque exécution arrive dans les cellules l’odeur de la peau grillée des suppliciés, ça devient carrément inhumain!

Pablo Chimienti

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