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Tabagisme au Luxembourg : le prix reste un levier incontournable


En présence de Martine Deprez (à dr.), la ministre de la Santé, Margot Heirendt, la directrice de la Fondation Cancer, s’inquiète des dangers de la chicha et de l’e-cigarette.

La consommation de tabac n’a pas augmenté en 2023, contrairement à celle de la chicha et de la cigarette électronique. La Fondation Cancer rappelle que le prix est un levier important pour tenter de lutter contre le tabagisme.

Selon la dernière étude annuelle sur la prévalence tabagique de la Fondation Cancer, 27 % des Luxembourgeois étaient fumeurs en 2023. Cela représente 149 000 personnes de 16 ans et plus. Ces chiffres sont relativement stables depuis 2019, se félicite la ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, Martine Deprez. «Les plans mis en place ont permis de ne pas augmenter le nombre de fumeurs», ajoute-t-elle. Parmi les consommateurs de tabac, la parité est parfaite : 27 % pour les deux sexes. Les femmes sont en revanche plus nombreuses à fumer tous les jours tandis, que les hommes sont des fumeurs plus occasionnels.

Si les cigarettes «classiques» restent majoritaires (23 %), la consommation de chicha est de plus en plus présente. En 2022, 11 % des Luxembourgeois déclaraient en fumer, ce taux est monté à 22 % en 2023. «Malheureusement, on dit que c’est peut-être plus nocif que le tabac, s’inquiète Margot Heirendt, la directrice de la Fondation Cancer. Quand on fume la chicha, c’est sur une période plus longue, avec ce côté plus social et convivial que la cigarette. Et avec la chicha, il y a aussi toute la fumée qui est avalée, nécessairement dangereuse.»

La consommation d’e-cigarettes augmente elle aussi. En 2022, 13 % des résidents en fumait en 2022, contre 17 % l’année suivante. Parmi ces consommateurs, 43 % déclarent avoir commencé pour tenter de diminuer leur consommation de tabac classique et 29 % considèrent que la cigarette électronique est moins nocive.

Le tabagisme passif en ligne de mire

«L’e-cigarette n’est pas moins dangereuse pour la santé. Il y a quand même de la nicotine dedans, donc, c’est un problème, car la nicotine rend addict. Et pour ce qui est du liquide qui se trouve à l’intérieur, on n’est pas sûr à 100 % de sa composition, se préoccupe Margot Heirendt. Ça n’existe pas depuis très longtemps sur le marché, nous n’avons donc pas encore des études sur les risques. Mais il y a des médecins qui alertent déjà sur la dangerosité de ces produits.»

Autre facteur clé de nocivité auquel veulent s’atteler le gouvernement et la Fondation Cancer : l’exposition au tabac. Les non-fumeurs sont 10 % à annoncer être exposés à la fumée du tabac quotidiennement. Si l’étude sur le tabagisme est réalisée sur les 16 ans et plus, les plus jeunes sont, quant à eux, tout autant exposés à la fumée de cigarette, en intérieur et en extérieur.

Selon Margot Heirendt, «cette exposition reste stable auprès de toute la population, et ça fait peur, particulièrement en intérieur dans les maisons et appartements. Les enfants et les bébés sont plus vulnérables, et pour eux, les risques de la fumée sont très dangereux.» La ministre de la Santé souhaite «éviter au maximum aux enfants d’être dans des environnements où l’on fume».

Le rôle important du prix

La Fondation Cancer affirme aussi que le «prix est un levier». «C’est très important pour nous et on va rester derrière les ministères pour les pousser un peu, déclare Margot Heirendt. Cela empêche notamment les jeunes d’en acheter et donc de commencer. Les gens qui fument se disent : « ça devient trop cher, j’arrête ».» Pour 45 % des fumeurs, le prix est un motif pour arrêter et il s’agit même du deuxième critère, derrière les raisons de santé (65 %).

En 2023, 37 % des fumeurs ont tenté d’arrêter de fumer, mais seulement 19 % d’entre eux ont bénéficié du programme de sevrage tabagique du ministère de la Santé et de la CNS. Un chiffre encore très faible auquel compte s’attaquer Martine Deprez.

«On veut faire la promotion de la santé, et ainsi élargir le problème du sevrage. Certaines façons de s’inscrire sont des freins pour les personnes qui en auraient besoin, car il faut passer par un médecin, répondre à un calendrier précis… Ces difficultés administratives vont être simplifiées. Il y aura dans le programme de nouveaux produits de sevrage, de nouveaux conseils de psychologues et de diététiciens.»

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