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Logement : Paris dépasse 10 000 euros le mètre carré


Bien plus que les autres grandes villes, les prix à Paris sont déconnectés du niveau de vie des habitants. (illustration AFP)

Un logement parisien coûte maintenant en moyenne plus de 10 000 euros le mètre carré, couronnant une flambée qui va probablement continuer et reste sans équivalent ailleurs en France, malgré un marché national en forme à désormais plus d’un million annuel de transactions.

« 10 000 euros le mètre carré à Paris, (…) cette barre a été atteinte au mois d’août », a annoncé jeudi le notaire parisien Thierry Delesalle, lors de la présentation de chiffres trimestriels en partie établis avec l’Insee. C’est un record après des années d’une flambée qui va se poursuivre dans l’immédiat : d’ici à la fin octobre, les notaires – qui établissent ces estimations distinctes de l’Insee sur la base de leurs « avants-contrats » – s’attendent à une hausse à 10 280 euros.

D’autres acteurs privés ont déjà évoqué le passage des 10 000 euros : le réseau d’agences Century 21 l’a fait dès le début juillet et le site Meilleurs Agents, qui compile des données recueillies auprès d’environ une moitié des agents français, l’a aussi annoncé début septembre. Quelle que soit la date précise, l’évolution de fond est incontestable : les prix des logements parisiens connaissent depuis des années un essor sans commune mesure avec le reste du territoire : selon Meilleurs Agents, sur dix ans, les prix n’ont gagné que 10% sur l’ensemble du territoire et qu’un peu moins de 30% dans les 10 autres principales métropoles françaises, contre 60% à Paris.

Offre à la peine

Pourquoi cette spécificité ? La réponse se trouve en partie en comparant la situation parisienne à un autre chiffre emblématique donné jeudi par les notaires, cette fois avec l’aval de l’Insee : sur l’année écoulée à la mi-2019, le nombre de transactions a pour la première fois dépassé le million en France, un record qui suit l’augmentation générale du nombre de logements.

Mais à Paris, c’est la tendance inverse : le nombre annuel de ventes recule (-1% sur un an à fin juin) sans rien changer au bond des prix, témoignant d’une offre de logements à la peine. « La seule explication, c’est vraiment que le parc (privé) diminue d’année en année au profit du logement social », a souligné Thierry Delesalle. « Ça crée encore un peu plus de tension », a-t-il conclu, soulignant que les prix parisiens avaient encore pris plus de 6% en un an au second trimestre (contre +3,2% pour l’ensemble de la France) et notant que le marché se déporte plus que jamais sur une petite couronne « archi-dynamique » (les départements limitrophes : 92, 93 et 94).

Nouvelle hausse d’ici un an

Le volontarisme en matière de logement social est l’un des deux grands axes de la politique immobilière de la ville de Paris, avec la régulation des prix dans le privé et notamment l’emblématique retour du plafonnement des loyers. Dans ce contexte, alors que le logement promet d’être au cœur de la campagne des municipales de 2020, pour lesquelles la maire socialiste Anne Hidalgo laisse peu de doute sur sa volonté d’être candidate, un autre point central différencie Paris.

Bien plus que les autres grandes villes, les prix y sont déconnectés du niveau de vie des habitants. Leur revenu médian ne permet guère d’acheter plus que 20 mètres carrés, selon les calculs de Meilleurs Agents. C’est par exemple une différence avec Bordeaux, où les prix flambaient ces dernières années mais finissent par se heurter au niveau de vie réel. « Il y a des moteurs si particuliers à Paris que c’est compliqué de les comparer avec d’autres villes », estime mardi Thomas Lefebvre, directeur scientifique de Meilleurs Agents. Notamment, le marché du logement privé y est particulièrement recherché par des investisseurs qui n’habitent pas leur bien: la part des locataires est très élevée à 70% des logements.

Dans ce contexte, la hausse des prix semble partie pour durer bien au-delà de l’automne: « on imagine mal le marché caler à Paris au cours des 12 prochains mois », prévient Thomas Lefebvre, dont le site table sur une nouvelle hausse de 6% d’ici à un an.

LQ/AFP

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