Accueil | A la Une | Violences faites aux femmes : le Luxembourg appelé à intensifier la lutte

Violences faites aux femmes : le Luxembourg appelé à intensifier la lutte


En novembre, une marche orange pour dénoncer les violences à l'égard des femmes avait connu un important succès. (photo archives Isabella Finzi)

La Commission consultative des droits de l’homme (CCDH) appelle le gouvernement à renforcer ses efforts en matière de lutte contre la violence à l’égard des femmes.

Le constat est cruel, mais incontestable. «On a l’impression que la terre brûle. On aurait donc plus que jamais besoin de plus d’amour et de paix. L’éducation est une des clés pour y parvenir», souligne Gilbert Pregno, le président de la Commission consultative des droits de l’homme. Depuis quatre ans maintenant, il se trouve à la tête de l’organe consultatif chargé d’assister le gouvernement sur toutes les questions ayant trait aux droits de l’homme. Si Gilbert Pregno dresse ce constat assez amer, cela ne veut pas dire qu’il baisse les bras et accepte la cruauté à laquelle de trop nombreuses femmes mais aussi enfants sont exposés, y compris au Luxembourg.

Alors que la Chambre des députés s’apprête à enfin approuver la convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, signée dès son adoption à Istanbul en 2011 par le Grand-Duché, la CCDH appelle les responsables politiques du pays à «mettre à jour ponctuellement la législation» afin de développer une «approche plus cohérente» en matière de lutte contre «toutes les formes de violence à l’égard des femmes». Le Luxembourg dispose en effet depuis 2003 d’une loi ciblée pour combattre d’une manière plus efficace la violence domestique, avec notamment la possibilité de l’éloignement du conjoint à l’origine de la violence.

«On n’est certainement pas un mauvais élève. Cette loi a été un véritable soulagement pour les policiers, qui pendant de longues années ont hésité ou ne pouvaient pas intervenir en cas de dispute conjugale», souligne Deidre Du Bois, membre de la CCDH. Si «beaucoup a été fait», la commission présidée par Gilbert Pregno appelle désormais le gouvernement à profiter de l’approbation de la convention d’Istanbul pour aller plus loin encore, afin de rendre son arsenal législatif contre la violence domestique, mais aussi la violence psychologique, les viols, la violence économique ou encore les mutilations génitales «plus compréhensif». Cette convention est «le premier instrument juridiquement contraignant au niveau européen qui offre un cadre juridique complet pour lutter efficacement contre la violence fondée sur le genre d’une part, et la violence domestique, d’autre part», comme l’indique la CCDH dans son avis présenté jeudi.

Mutilations à inscrire dans le code pénal

«Il nous faut aujourd’hui mieux définir ce qu’est la violence domestique», affirment les responsables de la CCDH. «Il ne faut pas réinventer la roue. Inscrivons déjà dans nos textes les définitions reprises dans la convention d’Istanbul», insiste Deidre Du Bois.

Ensuite, la CCDH réclame plus de cohérence au niveau du travail de sensibilisation et d’information, surtout dans le contexte de la formation des acteurs du terrain (magistrats, policiers, services de prévention, assistants sociaux…). «On pense plus particulièrement aux femmes et filles atteintes d’un handicap, mais aussi aux femmes et filles en situation de migration, qui sont plus exposées que d’autres. Elles doivent avoir la possibilité de s’exprimer librement, sans avoir peur que l’auteur des violences soit mis au courant», souligne Anamarija Tunjic, juriste de la CCDH.

Dans ce même ordre d’idées, la CCDH souhaite que la mutilation génitale féminine soit enfin inscrite à part entière dans le code pénal du Grand-Duché. «Selon des estimations du Parlement européen, 500 000 femmes et filles ont été victimes de mutilations en Europe. Elles sont 180 000 à risquer un tel sort. À l’échelle mondiale, l’Unicef estime que plus de 200 millions de femmes risquent de subir une mutilation génitale», détaille Anamarija Tunjic. Ces chiffres font froid dans le dos. «Or au Luxembourg on manque toujours de données cohérentes. Il faut que le gouvernement mette enfin à la disposition des autorités judiciaires les moyens appropriés. Et la communication entre les différentes juridictions mais aussi entre parquet, police et ONG doit s’améliorer», conclut Gilbert Pregno. Il reste du pain sur la planche pour le gouvernement sortant mais aussi pour le suivant.

David Marques

L’avis complet est à consulter sur ccdh.lu

2 plusieurs commentaires

  1. C’est la nouvelle mode?

  2. LIARDET Michèle

    …euh ..que vois-je sous mes yeux ébahis : «  les droits de « l’Homme » .. il y a comme un problème….non ??

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.