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Violences domestiques : quand il boit, il bat son épouse


«Une grande majorité des époux ne frappent pas leur épouse quand ils sont ivres. Il est facile d’incriminer l’alcool. Il faut une raison pour frapper», a constaté le procureur.

Elle aime son mari sauf quand il a bu. Fernando devient violent et elle en a fait les frais à quelques reprises. Une expulsion du domicile n’a pas refroidi l’époux qui a récidivé.

L’alcool n’est pas une excuse. La présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg et le représentant du ministère public ont essayé de l’expliquer à Fernando, hier après-midi. Le septuagénaire comparaissait pour coups et blessures volontaires, menaces et violation de domicile. Assis sur le banc des prévenus, il se mouche bruyamment dans son mouchoir en tissu pendant qu’à la barre, son épouse raconte calmement le calvaire qu’il est accusé de lui avoir fait subir sous l’emprise de l’alcool.

«Le 28 avril 2022, il est rentré alcoolisé des courses. Il m’a appelé et je suis descendue à la cave pour ranger ses achats. Il est ensuite reparti au café», se souvient la petite femme de 68 ans. Plus tard, Fernando serait rentré dans un état déplorable, incapable d’ouvrir la porte d’entrée de la maison lui-même. «Il est tombé dans le couloir. Je l’ai laissé là», poursuit l’épouse. Son répit n’aurait été que de courte durée. Fernando se serait relevé et l’aurait fortement saisie par le bras avant de la lâcher et de la menacer avec sa hache. Affolée, elle a couru se réfugier chez son fils qui a prévenu la police.

Dans la foulée, Fernando est expulsé du domicile. Pourtant, le lendemain, l’épouse a trouvé son mari assis sur le canapé du salon. Il avait brisé une fenêtre de la cave pour rentrer dans la maison. La mesure d’expulsion ne l’a pas calmé. Un mois plus tard, le 30 mai 2022, Fernando remet ça. Il rentre en état d’ébriété. «Il m’insultait en montant l’escalier pour me rejoindre dans notre chambre à coucher», explique la dame qui s’attendait au pire.

Fernando lui a lancé la télécommande de la télévision à la tête, lui ouvrant l’arcade sourcilière et a tenté de l’empêcher de prévenir la police. Une fois encore, elle est obligée de s’enfuir de son domicile. «Il a menacé de me tuer si je déposais plainte et de se tuer juste après», précise l’épouse avant d’ajouter que «le 22 avril 2022, il m’avait déjà donné des coups de pied après avoir trop bu».

«J’aime mon mari»

Le prévenu a l’alcool mauvais. «Il ne m’a jamais fait de mal quand il n’avait pas bu», précise-t-elle. «Je lui ai demandé d’arrêter de boire et de me faire du mal. J’aime mon mari.» Depuis le 30 mai 2022, Fernando n’aurait pas récidivé. «Je lui ai donné une deuxième chance», répond-elle à la juge qui s’enquiert de la situation du couple marié depuis 1974. «Il est gentil avec moi. Il ne supportait pas que je lui demande d’arrêter de boire, alors nous nous disputions.» «Et vous n’avez pas à supporter les coups!», constate la présidente.

«Je bois encore de temps en temps un verre», concède quant à lui Fernando qui reconnaît les faits. «Ma femme avait raison.» «Au lieu de vous coucher pour cuver, vous avez battu votre épouse», constate la juge. Le prévenu ne parvient pas à expliquer pour quelle raison il a agi de la sorte. Le couple aurait déjà connu des épisodes de violence au début de son mariage pour les mêmes raisons.

Pour le procureur, il n’y a pas de doute : les faits reprochés à Fernando sont donnés, y compris la violation de domicile. «Le fait que son épouse ait été absente du domicile au moment où il s’y est introduit ne fait pas de différence», a précisé le magistrat qui constate que Fernando semble avoir fait des efforts lors de ces derniers mois. Du moins, il l’espère.

«Une grande majorité des époux ne frappent pas leur épouse quand ils sont ivres. Il est facile d’incriminer l’alcool. Il faut une raison pour frapper», a-t-il constaté avant de requérir une peine de 12 mois de prison à l’encontre du prévenu. Il ne s’est pas opposé à un sursis intégral au cas où son problème d’alcoolisme est réglé, ni à un sursis probatoire si le tribunal arrivait à la conclusion que Fernando qui s’est présenté à la barre sans avocat, avait besoin de soigner son problème d’alcool.

Le prononcé est fixé au 13 juillet.

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