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Une cellule écoute pour les avocats en détresse


Albert Moro (vice-bâtonnier), Pit Reckinger (bâtonnier) et Valérie Dupong (bâtonnier sortant), la nouvelle équipe qui accueille désormais un barreau social.  (Photo : Hervé Montaigu)

La création d’un service social au barreau de Luxembourg lui tenait à cœur. Alors qu’elle vient de passer le relais à Pit Reckinger, Valérie Dupong inaugure la cellule d’écoute.

«J’ai toujours eu une sensibilité particulière pour les aspects sociaux de notre profession», déclare Valérie Dupong, ancienne bâtonnière qui vient de passer le relais à Pit Reckinger. Parce que les avocats ne sont pas à l’abri de difficultés personnelles ou financières, d’un burn-out ou de fortes pressions, le barreau a créé la Cellule écoute pour les soutenir et les orienter dans les moments de détresse. Le barreau a connu des cas de suicide et de dépression.

Ils sont 3 230 avocats inscrits aux barreaux de Luxembourg et de Diekirch. «Le nombre grandissant de nos membres, l’organisation hétérogène de nos études et la transformation des instances ordinales en une véritable administration ne permettent plus vraiment de soigner les contacts personnels, d’anticiper les détresses et de parer au pire», regrette profondément Valérie Dupong, qui assure avoir «mille et une raisons» de créer cette cellule d’écoute qui marque la naissance du barreau social.

Un questionnaire révélateur

Ils n’ont pas toujours été tendres entre eux, pratiquant des mesures disciplinaires qui ne conviennent plus aujourd’hui, vu la situation précaire de certains jeunes avocats. «Les mesures disciplinaires contre un avocat en difficulté de paiement n’allaient pas l’aider à s’extirper de sa situation, pas plus qu’une administration provisoire de son étude n’allait résoudre tous les problèmes d’un confrère en burn-out et hospitalisé», cite en exemple l’ancienne bâtonnière.

Mettre sur pied un tel service demande beaucoup d’investissements humains. Après une visite au barreau de Paris en 2019 pour y découvrir son service social, des premiers contacts ont eu lieu avec des institutions luxembourgeoises travaillant dans le domaine social, psychologique et du surendettement, à la quête de partenariats. Efforts freinés par la pandémie, mais qui ont repris de plus belle avec un questionnaire envoyé à tous les avocats pour identifier leurs problèmes. Plus d’un tiers du barreau y a participé.

Le questionnaire a révélé que 67 % des avocats rencontrent des problèmes à équilibrer vie familiale et vie professionnelle et un bon tiers serait prêt à abandonner leur métier qui leur met trop de pression, ne leur procure pas assez de revenus ou les place face à des responsabilités trop lourdes à assumer.

Un fonds de solidarité

Les réponses, épluchées dans le détail, ont conduit à cerner les actions autour de plusieurs problématiques : le harcèlement sexuel, moral ou électronique, la violence et la menace physique et verbale, les discriminations en tous genres, les troubles addictifs, les difficultés financières, la détresse psychologique et la situation de handicap.

En plus de l’équipe d’une dizaine d’avocats volontaires pour former l’équipe de la cellule d’écoute, un fonds de solidarité doté de 83 000 euros complète ce service social du barreau. «Ce fonds n’est pas destiné à couvrir les dettes des avocats ni à leur accorder des emprunts», précise Valérie Dupong. Il servira à financer des psychologues, des comptables ou tout autre professionnel apte à venir en aide à l’avocat qui en fait la demande.

Journée européenne des Avocats

Le 25 octobre, dans le cadre de la journée européenne des Avocats, des conseils juridiques gratuits seront donnés à la Cour supérieure de justice à Luxembourg, de 8 h à 17 h. Les avocats répondront aux problèmes liés au droit de la famille, au bail à loyer, au droit du travail et au droit de l’immigration.

«Pour avoir personnellement assuré des permanences, je peux vous dire que tous ces gens qui ont besoin de conseils viennent avec des problèmes sérieux qui couvrent toutes les matières du droit», nous précisait Valérie Dupong en évoquant les permanences gratuites de conseils qui ont lieu le samedi matin à la Cité judiciaire depuis les années 70.

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