Quelques heures à peine après la décision «historique» de s’ouvrir à l’Ukraine, prise sans la Hongrie, Viktor Orban est venu bloquer le paquet financier de 50 milliards d’euros destiné à Kiev. Le Premier ministre luxembourgeois connaît désormais l’enfant terrible du Conseil européen, qui agit seul contre tous.
Pour sa grande première au Conseil européen, réunissant les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’UE, le nouveau Premier ministre luxembourgeois n’a pas eu le temps de tergiverser. «Ce fut un sommet particulier, parce que l’on était amenés à prendre une décision stratégique très importante, qui va trouver place dans les livres d’histoire», avance Luc Frieden, au bout de deux jours et demi d’intenses tractations à Bruxelles, lancées dès mercredi soir lors du sommet avec les Balkans occidentaux.
La décision «historique» est bien la validation de l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine, mais aussi avec la Moldavie. Les circonstances dans lesquelles ce feu vert a été accordé vont aussi marquer l’histoire européenne. Sur proposition du chancelier allemand, Olaf Scholz, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a en effet quitté la salle du Conseil pour libérer la voie à un consensus qualifié par Luc Frieden de «leçon pour Poutine» et d’un message «pour montrer que nous ne laissons pas l’Ukraine seule».
Veto maintenu sur l’enveloppe financière
La principale figure de ce sommet européen crucial n’avait cependant pas dit son dernier mot. Farouchement opposé au rapprochement entre l’UE et l’Ukraine, Viktor Orban a maintenu son veto sur l’enveloppe financière européenne de 50 milliards d’euros pour Kiev, qui, croulant sous les bombes russes, se retrouve en grave manque de liquidités. «Si la sortie de Viktor Orban de la salle du Conseil a rendu possible un accord sur les négociations d’adhésion, cela n’a pas été le cas pour le cadre financier», regrette le Premier ministre luxembourgeois.
Une nouvelle fois, la Hongrie s’est retrouvée complètement isolée, comme l’a souligné, tard dans la nuit de jeudi à vendredi, le président du Conseil, Charles Michel : «Le soutien à l’Ukraine est fermement soutenu par 26 chefs d’État ou de gouvernement.» «Nous avons cependant gagné l’impression que le dernier mot n’est pas encore dit. Ce fut une proposition intelligente du président Michel de reporter la discussion au début de l’année prochaine», reprend Luc Frieden. Un sommet européen extraordinaire devrait être convoqué pour février, avec l’espoir de ramener Viktor Orban à la raison.
La mission ne s’annonce pas facile, car le Premier ministre hongrois conditionne désormais la levée de son veto au déblocage intégral des fonds européens destinés à son pays, mais gelés pour cause d’entraves à l’État de droit. «J’ai toujours dit que si on procédait à un amendement du budget de l’UE, la Hongrie saisirait l’occasion pour revendiquer clairement ce qu’elle mérite. Pas la moitié, pas un quart, mais la totalité», a ainsi lancé Viktor Orban sur la radio d’État hongroise.
«Je n’aime pas les têtes carrées»
Mercredi, la Commission européenne avait annoncé le dégel d’une première enveloppe de quelque 10 milliards d’euros, après avoir constaté que la Hongrie remplit entretemps une partie des critères réclamés par Bruxelles. Mais Luc Frieden a finalement vu juste, en affirmant, dès jeudi soir, que Viktor Orban «espère toujours obtenir le versement de l’ensemble des 30 milliards d’euros retenus. Or, cela n’a pas été un objet de discussion».
Cette attitude a le don d’irriter le Premier ministre luxembourgeois, résolument convaincu que chaque membre de l’UE doit être prêt à signer des compromis. «Je préfère les personnes qui acceptent de se diriger vers les autres pour dégager un compromis qui est dans l’intérêt global de l’UE. Or, Viktor Orban me semble être quelqu’un qui regarde bien plus ses intérêts en politique nationale que le contexte général. Je n’aime pas ce genre de têtes carrées qui décident de tout bloquer», avoue Luc Frieden, qui a, donc, fait dans la douleur connaissance avec son homologue hongrois.
Frieden sera reçu par Scholz en janvier
Le chef du gouvernement conservateur libéral veut toutefois rester «optimiste», sans toutefois cacher que le principe de l’unanimité ne doit plus jouer pour toutes les décisions du Conseil européen. La pirouette de mettre momentanément à la porte un État dissident ne devrait cependant pas devenir une nouvelle règle. «Mais, au vu de l’importante géopolitique et géostratégique que revêtait cette décision, il fallait recourir à des mesures extraordinaires», nuance Luc Frieden.
La prochaine étape européenne du nouveau Premier ministre est fixée au mois de janvier. Sur invitation du chancelier allemand, Luc Frieden va se rendre à Berlin.
«Un accueil très chaleureux»
L’émotion était présente, le 27 octobre dernier, lorsque Xavier Bettel a pris congé du Conseil européen, au bout de dix ans de présence à la table des chefs d’État et de gouvernement de l’UE. Presque sept semaines plus tard, Luc Frieden a fêté sa première à Bruxelles. S’il connaissait les rouages européens, en tant qu’ancien ministre des Finances (1998-2009), Luc Frieden s’est toutefois dit «fasciné» et «impressionné» par la tournure de son premier sommet.
«L’accueil de mes 26 pairs a été très chaleureux. Ce fut une bonne occasion pour faire connaissance avec de nombreux collègues européens», ajoute le chef du gouvernement CSV-DP. Sa priorité pour son mandat serait de continuer à entretenir d’étroites relations avec les pays voisins du Grand-Duché, mais aussi avec les Pays-Bas, en tant que partenaire du Benelux. D’autres alliances ne sont pas exclues, au vu de «l’importance, au sein de l’UE, de soigner des relations personnelles qui dépassent les réflexions de partis à l’échelle nationale».
La plupart du peuple EU (l’autre étant lobotomosée) est aussi contre tout financement vers le pays le plus corrumpu de la planète qui plus est c’est argent ira directement ou indirectement vers les créateurs de guerre qu’est l’Amérique !
Decision historiquement desastreuse de vouloir admettre une ukraine dont le seul desir est d entrainer toute l europe dans sa gueguerre.
Orban est le seul dirigeant lucide dans cette affaire.