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Frieden raconte les coulisses de l’«Orban-Exit»


Viktor Orban, complètement isolé, aurait décidé de son propre gré de sécher le vote. 

Une pirouette diplomatique inédite a permis au Conseil européen de contourner le veto hongrois. Le Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden, raconte les dessous de tractations bien moins longues que redoutées.

Comment faut-il s’imaginer le moment où Viktor Orban a décidé de quitter la salle du Conseil européen? «Il a finalement accepté – au bout de longues heures de discussions – le fait de ne pas avoir réussi à nous convaincre de prendre une autre décision», note sobrement Luc Frieden, le Premier ministre luxembourgeois. La solution inédite, que l’on peut qualifier d’«Orban-Exit», aurait été élaborée et négociée «en cours, mais aussi en marge de la réunion» des Vingt-Sept.

Dès le départ, le chef du gouvernement hongrois était le seul à s’opposer à l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine. «Je dois dire que Viktor Orban a eu du mal à nous expliquer pourquoi il jugeait que l’ouverture des négociations d’adhésion avec l’Ukraine était une erreur. Tout au plus, il a pu avancer qu’une telle décision ne devait pas être prise en temps de guerre», relate Luc Frieden à la sortie d’une négociation ardue, qui fut, en fin de compte, bien plus brève que redouté le matin même.

«Orban pense ne pas être bien traité»

Lors de son arrivée au premier jour de ce sommet européen crucial, le nouveau Premier ministre a tenu à rappeler à la Hongrie son propre sort. «Il est à espérer que (Viktor Orban) se remémore l’aide fournie en 2004 pour permettre à son pays de rejoindre l’UE.» «L’objectif est le même que lors de l’élargissement vers l’Est. Il s’agit de garantir la démocratie, la paix et la stabilité pour les décennies à venir», ajoutait Luc Frieden, tout en soulignant qu’«il nous faut dire aujourd’hui aux Ukrainiens qu’ils ne sont pas seuls, comme nous l’avons fait après la chute du mur de Berlin avec les pays de l’Est». 

C’est désormais chose faite, même si l’issue peut interpeller. Le Premier ministre hongrois a-t-il reçu quelque chose en échange de son retrait momentané? «Non, il n’a pas reçu de concession en retour. Viktor Orban pense que la Hongrie n’est pas toujours traitée de manière équitable, un point sur lequel il a aussitôt été contredit par la présidente de la Commission européenne et beaucoup d’autres pays», appuie Luc Frieden.

«Il veut ses 30 milliards d’euros»

Le déblocage, mercredi, par la Commission européenne d’une tranche de 10 milliards d’euros d’aides destinées à la Hongrie, gelée depuis un an en raison de manquements à l’État de droit, n’aurait pas non plus pesé dans la discussion.

«La présidente Ursula von der Leyen m’a assuré que la Hongrie remplit désormais les conditions posées. Il ne faut pas oublier pour autant que quelque 20 milliards d’euros supplémentaires restent toujours bloqués», notait le Premier ministre luxembourgeois en matinée.

Quelle était donc la motivation de Viktor Orban pour prendre en otage l’UE? «Je pense qu’il espère toujours obtenir le versement de l’ensemble des 30 milliards d’euros retenus. Or, cela n’a pas été un objet de discussion», précise Luc Frieden.

«Moi, je ne quitterai pas la salle»

Reste à savoir si le principe de l’unanimité est désormais remis en question. «Nous avons pris une décision politique, rien de plus», assène le chef de file du gouvernement CSV-DP. Mais est-ce que le Luxembourg pourrait aussi être tenté d’user de cette nouvelle pirouette en cas de besoin?

«Ce n’est pas mon style. Je crois dans une UE où il faut être à l’écoute des autres pour dégager des compromis. C’est essentiel. Je ne me vois, donc, pas quitter la salle», assure Luc Frieden, se disant finalement «impressionné» par la tournure de son tout premier sommet européen.

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