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#Luc contre Viktor

Il y a un an, Luc Frieden, promu comme «Nouveau #Luc» lors de la campagne électorale du CSV, était encore président de la Chambre de commerce et excluait tout retour en politique. Jeudi et vendredi, l’ancien ministre des Finances – parti frustré, en 2014, faire carrière dans le privé, après que son parti a été chassé du pouvoir – a vécu, avec succès, son tout premier sommet européen. Le nouveau Premier ministre a réussi son baptême du feu en se présentant comme un Européen convaincu, mais en trouvant aussi des mots très clairs, sans sortir de son style posé.

La question qui se posait avant cette réunion cruciale des chefs d’État et de gouvernement de l’UE était la suivante : est-ce que la «famille européenne» allait être capable de réaffirmer son plein soutien à l’Ukraine, qui depuis près de deux ans se défend héroïquement contre l’agresseur russe? En fin de compte, le sommet a accouché d’un accord «historique» sur l’ouverture de négociations d’adhésion avec l’Ukraine. Et Luc Frieden s’est retrouvé au cœur de la mêlée pour défendre, sans aucun temps d’adaptation, les valeurs chères à l’UE face au chef de guerre Vladimir Poutine («On lui a donné une leçon»), mais aussi contre un Viktor Orban qui a une nouvelle fois prouvé être sans scrupules pour faire chanter ses collègues européens.

«Il me semble être quelqu’un qui regarde bien plus ses intérêts en politique nationale que le contexte général. Je n’aime pas ce genre de têtes carrées qui décident de tout bloquer», est venu sèchement commenter le Premier ministre luxembourgeois après avoir fait connaissance avec son homologue hongrois. Il exprimera même, avec un brin d’ironie, son «espoir que Viktor Orban profite de la période de Noël pour réfléchir à son rôle au sein de l’UE».

Et pour cause. Luc Frieden, d’habitude très réservé, n’a pas réussi à cacher son agacement de voir le chef du gouvernement hongrois refuser tout compromis sur l’octroi d’une enveloppe financière de 50 milliards d’euros pourtant vitale pour l’Ukraine. Son «choix» de quitter jeudi soir la salle du Conseil au moment du vote sur l’ouverture des négociations d’adhésion n’a pas été suffisant pour calmer les ardeurs de ses 26 collègues, engagés plus que jamais sur une tout autre voie que la Hongrie du dissident Orban.

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