Accueil | A la Une | L’UE s’ouvre à l’Ukraine : «Un signal fort envoyé à Poutine» pour Frieden

L’UE s’ouvre à l’Ukraine : «Un signal fort envoyé à Poutine» pour Frieden


Le Premier ministre, Luc Frieden, s'est dit «impressionné» par sa première négociation, aux côtés notamment de Charles Michel, le président du Conseil européen (à d.) et de Mark Rutte, le chef du gouvernement néerlandais. (Photo : union européenne)

Le Premier ministre luxembourgeois, Luc Frieden, qualifie d’«extrêmement important» l’accord arraché, hier soir, au sommet européen pour ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine.

Malgré l’enjeu de ce sommet européen, Luc Frieden est arrivé tout sourire et décontracté, hier matin, au bâtiment Europa, en plein cœur de Bruxelles. Le nouveau Premier ministre luxembourgeois s’est dit «optimiste» et décidé «à tout faire pour qu’un bon résultat» sorte de son tout premier sommet européen, déjà crucial pour l’avenir de l’UE.

Tous les yeux étaient en effet rivés sur l’Ukraine, ou plus précisément sur la Hongrie et son Premier ministre, Viktor Orban, qui se disait décidé à maintenir coûte que coûte son opposition formelle à valider l’ouverture des négociations d’adhésion avec Kiev. «Il n’y a aucune raison de discuter quoi que ce soit, car les conditions n’ont pas été remplies», clamait-il face à la presse internationale.

Zelensky évoque «une victoire qui motive»

Plus isolé que jamais face à ses 26 pairs, tous d’accord pour «démontrer à l’Ukraine et à sa population qu’ils font partie de la famille européenne» (dixit Luc Frieden), le dissident hongrois a pourtant fini par plier. Ou plutôt par se mettre momentanément en retrait, car il n’a pas participé à un vote qui devait se solder par une unanimité (lire également ci-dessous). Cette pirouette diplomatique inédite a finalement permis d’arracher un accord au bout de quelques heures de négociations à peine.

Luc Frieden loue «un signal politique fort envoyé à Kiev», mais aussi au président russe. «Poutine n’aura ni réussi à éradiquer l’Ukraine avec sa guerre d’agression, ni à éloigner l’Ukraine de l’UE», martèle Luc Frieden, rappelant aussi que «pour la première fois, l’UE engage des négociations d’adhésion avec un pays en guerre». «Nous démontrons, dans l’unité, que l’Europe, en tant que communauté de valeurs, se tient aux côtés d’un pays qui est attaqué», ajoute le Premier ministre.

Le président ukrainien a lui salué «une victoire pour l’Ukraine, pour toute l’Europe». «Une victoire qui motive, inspire et rend plus fort», a-t-il encore lancé sur X. Invité à s’exprimer par visioconférence, Volodymyr Zelensky avait mis en garde les chefs d’État et de gouvernement.

«Il est très important que l’Europe ne retombe pas aujourd’hui dans l’indécision. Personne ne veut que l’Europe soit considérée comme indigne de confiance ou incapable de prendre les décisions qu’elle a elle-même préparées», avait-il souligné, ajoutant que «ce jour restera dans notre histoire. Que ce soit bon ou mauvais pour nous, l’histoire capturera tout».

La Moldavie et la Géorgie aussi

L’issue aura finalement été positive pour Kiev, même si rien n’est encore acquis. «Il faut savoir que l’Ukraine ne va pas devenir dès demain membre de l’UE, mais le plus important était aujourd’hui (lire hier) de démontrer que l’on ne va pas laisser seuls les Ukrainiens», appuie Luc Frieden.

Le feu vert accordé à l’Ukraine ne doit pas faire oublier que le sommet européen a aussi validé l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Moldavie, «autre pays sous la menace de la Russie». La Géorgie hérite du statut de candidat à l’adhésion. La Bosnie-Herzégovine se rapproche aussi de Bruxelles. «Sans une UE forte basée sur nos valeurs fondamentales, on ne sera pas à même de garantir la paix et la stabilité de l’Europe», termine le nouveau Premier ministre, qui a rapidement réussi à trouver ses marques au Conseil européen.

Veto hongrois maintenu sur le soutien financier à l’Ukraine

Au milieu de la nuit de jeudi à ce vendredi, quelques heures après le feu vert historique sur l’Ukraine, le sommet européen s’est soldé par un échec momentané sur une rallonge du cadre financier pluriannuel (2021-2017), dont une enveloppe supplémentaire de 50 milliards d’euros destinée à Kiev.

Encore une fois, seule la Hongrie s’est opposée à un accord. «Le soutien à l’Ukraine (…) est fermement soutenue par 26 chefs d’État ou de gouvernement», soulignait à la sortie de la réunion le président du Conseil européen. Sans le nommer, le diplomate belge ciblait bien le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, qui a cette fois tenu bon face à ses 26 pairs.

Pire, il conditionne désormais la levée de son veto au déblocage intégral des fonds européens destinées à son pays, mais gelés pour cause d’entraves à l’État de droit. «J’ai toujours dit que si on procédait à un amendement du budget de l’UE (…), la Hongrie saisirait l’occasion pour revendiquer clairement ce qu’elle mérite. Pas la moitié, pas un quart, mais la totalité», a ainsi lancé Viktor Orban sur la radio d’État hongroise.

Mercredi, la Commission européenne avait annoncé le dégel d’une première enveloppe de quelque 10 milliards d’euros, après avoir constaté que la Hongrie remplit entretemps une partie des critères réclamées par Bruxelles. «La présidente Ursula von der Leyen m’a assuré que la Hongrie remplit désormais les conditions posées. Il ne faut pas oublier pour autant que quelque 20 milliards d’euros supplémentaires restent toujours bloqués», notait jeudi le Premier ministre luxembourgeois. Mais, Luc Frieden a finalement vu juste, en affirmant, jeudi soir, que Viktor Orban «espère toujours obtenir le versement de l’ensemble des 30 milliards d’euros retenus. Or, cela n’a pas été un objet de discussion».

Les 27 chefs d’État et de gouvernement doivent se revoir en début d’année prochaine pour ficeler ce paquet financier supplémentaire pour l’Ukraine, qui attend aussi impatiemment la validation du Congrès américain d’une enveloppe de 60 milliards d’euros.

«Le soutien politique est primordial, mais il faut aussi savoir que si l’Ukraine se retrouve privée de moyens financiers, le pays va s’écrouler. Si elle perd la guerre, la Russie pourra continuer à appliquer sa méthode qui nous rappelle ce qui est arrivé au Luxembourg durant la Seconde Guerre mondiale», soulignait jeudi matin le Premier ministre luxembourgeois.

2 plusieurs commentaires

  1. Admettre deux pays corrompus et en faillite dont l ukraine veut nous entrainer dans sa guerre…quel beau signal en effet .

    • Vous avez entièrement raison! Malheureusement les politiciens européens ne semblent pas comprendre et apprécier réellement la situation.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.