Accueil | A la Une | Trains stoppés entre Bettembourg et Luxembourg : la mobilité de demain se paye aujourd’hui

Trains stoppés entre Bettembourg et Luxembourg : la mobilité de demain se paye aujourd’hui


Depuis Bettembourg, les usagers du train devront monter dans des bus pour rallier la capitale… les voies sont fermées, mais c’est pour que ça roule mieux à l’avenir. (photo archives LQ/Julien Garroy)

Les habitués de la ligne Bettembourg-Luxembourg doivent prendre leur mal en patience : les trains sont remplacés par des bus jusqu’au 7 août. Mais c’est pour la bonne cause : l’objectif du chantier est de construire la mobilité de demain.

Le Grand-Duché est la locomotive économique de la Grande Région et le pays doit s’adapter à un afflux toujours constant de frontaliers et une hausse année après année des habitants du pays. La capitale reste l’aimant des salariés, qui doivent souvent faire preuve de patience dans les transports en commun à cause d’une fréquentation remontée en flèche après la période du coronavirus et la fin du télétravail illimité pour les frontaliers le 1er juillet.

Manque de chance, les usagers des transports en commun, dont beaucoup viennent du sillon lorrain et du sud du pays, doivent faire avec la fermeture des voies ferrées entre Bettembourg et Luxembourg. Le barrage a été mis en place samedi et durera jusqu’au 7 août. Oui, trois semaines de difficultés où les trains seront remplacés par des bus pour ceux qui utilisent la ligne 90 (sillon lorrain) et la ligne 60 Luxembourg – Esch-sur-Alzette – Rodange. Pour couronner le tout, des travaux ont lieu sur l’A3. Un chantier lié à la mise en place de la troisième voie entre Livange et la croix de Gasperich. Le chantier va durer jusqu’en 2024…

Chantier sensible

Mais revenons sur les rails. Ce sont les transformations de la partie sud de la gare de Luxembourg qui nécessitent cette interruption du trafic ferroviaire. Le chantier est sensible : la gare de Luxembourg est logiquement considérée comme la pierre angulaire du programme d’extension et de modernisation du réseau ferré luxembourgeois. Et cela nécessite de profondes modifications, d’autant plus que la nouvelle voie ferrée Bettembourg-Luxembourg avance jour après jour.

Les travaux dans la partie sud de la gare prévoient notamment son entière reconfiguration avec le remplacement et le renouvellement de voies, d’aiguilles, d’installations de traction électrique (caténaires, poteaux) et celui des installations de sécurité. Ce réaménagement, lourd, devait se terminer le 11 septembre.

Mais face à la pénurie mondiale de matériaux, le chantier a pris du retard. Les travaux se prolongeront jusqu’au 20 novembre… normalement. Attention aussi pour tous ceux qui voulaient prendre le TGV pour partir en vacances durant cette période : ils n’arrivent plus et ne partent plus de Luxembourg jusqu’au 7 août. Il faudra embarquer à Thionville ou Metz pour filer vers Paris, Strasbourg ou le sud de la France.

Près de 85 % de passagers en plus entre 2003 et 2019

C’est une maigre consolation, mais sachez, très chers usagers de cette ligne ferroviaire, que cette fermeture a été décidée pour améliorer la mobilité de demain. Alors que le nombre de voyageurs est resté inchangé sur l’ensemble du réseau entre 1980 et 2005, une augmentation exponentielle a pu être observée à partir de 2005 : 85 % de passagers en plus entre 2003 et 2019.

Parmi les goulots d’étranglement identifiés figure entre autres le tronçon entre Luxembourg et Bettembourg, section fréquentée par des trains des lignes 60 (Luxembourg – Esch-sur-Alzette – Rodange) et 90 (Luxembourg – Bettembourg – Thionville) et par des trains de marchandises. C’est pour cela que la nouvelle ligne Bettembourg-Luxembourg est actuellement construite. Il suffit de jeter un coup d’œil quand on circule le long de l’A3, où se dresse la silhouette du pont à arc, pour se rendre compte de l’ampleur de la tâche.

Les travaux au niveau de la partie sud de la gare sont liés à cette nouvelle ligne ferroviaire. Ils devront être poursuivis progressivement jusqu’en 2026. À la fin des travaux, chaque ligne entrant en gare de Luxembourg ou en sortant disposera d’une voie dédiée, ce qui permettra de limiter le report des retards de trains d’une ligne sur les trains d’une autre ligne. 

Vers 120 000 passagers

Construction de la ligne et transformation de la gare font évidemment partie d’une réflexion globale et nationale pour absorber l’impact de la hausse du nombre de passagers et du fret ferroviaire. Un nouveau poste directeur doit être mis en service à Bettembourg pour fin 2026. La construction d’un quai et de deux voies supplémentaires dans la gare de Howald sera aussi nécessaire pour optimiser les flux des trains en direction ou en provenance de la gare de Luxembourg.

Cette date de 2026 était toujours d’actualité en début d’année. Reste à savoir si l’impact des pénuries va prolonger de quelques mois ou quelques années le chantier titanesque. Après tous ces travaux, la ligne sera mise en service un peu moins de deux ans plus tard, courant 2028, après des tests et les procédures d’homologation. Trente-quatre nouvelles automotrices permettront aussi d’accueillir les passagers de façon optimale.

Si vous êtes obligé de prendre le bus au lieu du train pour rallier la capitale, gardez ces quelques chiffres en tête. Les prévisions concernant la hausse du trafic sont sans appel : sur le réseau ferré luxembourgeois, il augmentera de 3 % par an entre 2023 et 2035, selon les CFL, passant de 84 000 passagers par jour à presque 120 000. Pour le fret ferroviaire, il doublera presque quasiment son chiffre d’affaires, passant de 267 millions d’euros en 2019 à plus de 400 millions en 2031. En attendant des jours meilleurs, il va falloir faire un petit sacrifice estival.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.