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Tirs mortels à Bonnevoie : « Un jugement diabolique »


La voiture avait terminé sa course contre un arbre de la place Léon-XIII. La victime est décédée presque sur le coup.  (Photo : archives lq/fabrizio pizzolante)

En 2018, un automobiliste en état d’ébriété refusait d’obtempérer à ses ordres. Il l’avait abattu dans les rues de Bonnevoie. L’ancien policier a été condamné hier pour homicide.

L’ancien policier et son avocat sont soulagés, mais pas satisfaits. Si le jeune homme échappe à une peine de 30 ans de réclusion criminelle requis par le parquet le 13 octobre, il n’a pas obtenu l’acquittement qu’il espérait. La 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg l’a condamné au pénal à une peine de 5 ans de prison assortis d’un sursis de 3 ans ainsi qu’à une amende de 5 000 euros. Elle n’a pas retenu la légitime défense invoquée par l’ancien policier, mais l’excuse de provocation, qui peut être considérée comme une circonstance atténuante. Reconnu coupable aux deux tiers au civil, il devra entre autres s’acquitter de 20 000 euros de dommages et intérêts à la veuve de sa victime.

«Mon client a été condamné pour homicide. Les juges ont estimé que le chauffeur de la Mercedes a provoqué son geste, ce qui réduit considérablement la peine», a expliqué Me Philippe Penning, qui défend l’ancien policier, à l’issue du prononcé. «C’est un jugement diabolique. C’est une bataille à moitié gagnée pour mon client. La peine n’est pas la pire qui soit étant donné ce qui lui est reproché, mais je pense que nous allons tout de même faire appel de cette décision.»

Des intervenants unanimes

Le 11 avril 2018 à Bonnevoie, l’ancien policier a tué un automobiliste qui avait refusé d’obtempérer en tirant à trois reprises sur la voiture de marque Mercedes qui avançait vers lui. Il avait invoqué la légitime défense pour expliquer son geste et une prise de décision quasi instinctive face à la rapidité des faits. Reste que les policiers chevronnés et intervenants à l’école de police venus témoigner à la barre étaient unanimes : tirer sur une voiture pour l’arrêter ne sert à rien. Le jeune homme, qui n’avait que quelques mois de service au compteur, aurait, selon eux, dû faire un pas de côté pour éviter la voiture. Entre la pratique et la théorie, il y a débat.

Que le tribunal n’a pas vraiment tranché, selon Me Philippe Penning. «Nous attendons de recevoir le jugement par écrit pour comprendre les motivations des juges. Je me demande comment ils s’y sont pris pour imputer une intention de tuer à mon client dans la situation dans laquelle il se trouvait, alors que tout était une question de secondes», note l’avocat.

Mauvais message aux policiers

Tandis que ses deux coéquipiers avaient tenté de rattraper la voiture à pied dans les rues de Bonnevoie, le jeune homme avait fait le tour de la piscine de Bonnevoie et avait bloqué le carrefour de la rue des Ardennes et de la rue Sigismond avec sa voiture de police. Il serait sorti de la voiture de police, se serait dirigé vers la Mercedes et aurait demandé à son conducteur de descendre de son véhicule. Ce dernier aurait fait marche arrière avant de repartir en marche avant en direction du jeune policier, qui a tiré trois reprises sur la voiture, blessant mortellement l’automobiliste de 51 ans.

«Le parquet n’a pas prouvé que le prévenu avait » assez de place et de temps pour se mettre à l’abri», avait estimé l’avocat en octobre dernier. Me Penning avait demandé au tribunal de prendre en considération dans sa délibération qu’«une fraction de seconde a un impact considérable sur la vie du prévenu. (…) Il ne pouvait pas ne rien faire. Il a réagi. Il n’y avait pas d’intention de tuer. Combien de temps lui restait-il pour réfléchir? Rien! Rien! Absolument rien!

Hier, l’avocat a estimé que cette condamnation en demi-teinte envoyait un mauvais message aux policiers en exercice. « Cela revient à leur dire « Les gars, restez au commissariat, laissez votre arme dans le tiroir et si vous devez tout de même sortir sur le terrain, alors ne poursuivez personne parce que le risque est trop grand de devoir payer une facture salée plus tard »», indique Me Penning qui s’interroge sur la réaction que cette condamnation provoquera dans les rangs de la police grand-ducale.

L’importance de la psyché du prévenu

Le parquet, qui s’était montré particulièrement sévère contre l’ancien policier, a lui aussi la possibilité de faire appel de ce jugement si, à l’inverse, il le trouve trop clément. Pour la substitut du procureur, l’ancien policier, décrit comme un cow-boy par ses anciens collègues, n’a pas perdu ses moyens face au danger. Au contraire, il aurait mis à profit les enseignements reçus à l’école de police et attendu le moment propice pour se mettre en état de légitime défense et «plomber» quelqu’un.

Au fil de onze audiences, de nombreux témoins, experts, enquêteurs et policiers se sont succédé à la barre afin d’aider les juges à trancher. Les uns ont décrypté et analysé la scène de crime, les tirs et les enseignements prodigués à l’école de police, les autres, la psyché du prévenu. Une psyché sur laquelle reposait presque entièrement le réquisitoire du parquet pour qui «le mobile est clair» : «Il s’agissait d’une exécution ciblée.».

2 plusieurs commentaires

  1. https://lequotidien.lu/police-justice/double-incendie-a-petange-de-lourdes-peines-requises/?unapproved=65248&moderation-hash=72b78cc8ba5878ca70447735c34feb7a#comment-65248

    Un habitant du bassin de Longwy a été condamné à un an de prison ferme après moult délits commis le 3 mai,
    au petit matin, près des remparts de la cité des Emaux.

  2. michel paparusso michel

    ah ca c la justice des lulus 8ans pour un viol homicide involontaire a dippach policiere decedee 4ans ferme

    18ans incendie ss victimes et j’en passe on parleras pas non plus du systeme des assises proces a la sauce

    olé olé pays de non droits

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