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Sexisme : «Chacun peut passer à l’action»


La ministre Taina Bofferding a lancé une nouvelle campagne contre le sexisme sous l’égide de Caterina Bolognese, représentant le Conseil européen. 

«Vois-le, dis-le, stoppons-le» est le slogan de la nouvelle campagne, lancée mercredi, du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes pour lutter contre le sexisme. Présentation.

Des femmes dénudées sur une affiche publicitaire, une réunion de travail où seuls les hommes prennent la parole, une femme occupée à de multiples tâches domestiques tandis qu’en arrière-plan, son compagnon joue tranquillement à un jeu vidéo ou encore une victime de violence sexuelle qui se voit répondre au tribunal qu’elle l’a «bien cherché»… Ces scènes de la vie ordinaire, ou plutôt du sexisme ordinaire, et des dizaines d’autres, sont visibles dans sept clips audiovisuels qui sont diffusés dans les médias, depuis hier.

En plus de brochures qui seront distribuées dans les lycées, communes et services sociaux, ces clips font partie de l’arsenal de la nouvelle campagne de sensibilisation et d’information lancée par le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Intitulée «Vois-le, dis-le, stoppons-le», elle s’inspire d’une recommandation du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre le sexisme.

« Le sexisme n’est pas un phénomène abstrait »

«Le Luxembourg est le premier pays à reprendre de cette façon massive, visible et novatrice cette recommandation», se réjouit Caterina Bolognese, cheffe de la Division de l’égalité de genre au Conseil européen, qui espère que d’autres pays suivront. Bien sûr, des ONG avaient mené des campagnes, mais c’est la première fois qu’un gouvernement s’empare de cette recommandation sur la prévention et la lutte contre le sexisme. Mais qu’entend-on précisément par «sexisme»? Le Conseil de l’Europe est parvenu, en 2019, à en proposer pour la première fois une définition à l’échelle du Vieux Continent :  «Le sexisme n’est pas un phénomène abstrait, mais tout acte, représentation visuelle, propos, pratique ou comportement fondés sur l‘idée qu’une personne est inférieure du fait de son sexe», écrit-il.

Le sexisme est un acte dégradant, humiliant ou offensant

«Le sexisme peut mener à la violence»

Cette campagne entend montrer à quel point le sexisme affecte chaque pan de la société. Et la ministre Taina Bofferding d’égrener les situations dans lesquelles les femmes, principalement, subissent le sexisme : dans l’espace public, avec le harcèlement de rue, mais aussi sur leur lieu de travail avec le harcèlement moral et sexuel, les promotions données aux hommes, les différences de rémunération suivant le genre… Les médias non plus ne sont pas exempts de tout reproche, constate Taina Bofferding : rares sont les expertes conviées sur les plateaux télévisés.

Idem dans les domaines de la politique, de la culture ou du sport, où les femmes sont fréquemment ramenées à leur apparence ou à leur vie privée, quand elles ne sont pas tout simplement ignorées. Et la ministre de donner l’exemple, en 2022, où la cycliste Christine Majerus avait remporté une course de l’Union cycliste internationale, mais n’avait eu droit qu’à quelques lignes dans certains journaux. Or si ce sexisme doit être combattu, c’est parce qu’il n’est pas sans conséquence : «Il fait obstacle à l’émancipation et à la réalisation pleine et entière des droits humains et renforce les stéréotypes de genre», explique le Conseil de l’Europe.

Une campagne de plusieurs mois

Savoir identifier le sexisme, en prendre conscience, pour ensuite modifier son comportement, tels sont les objectifs de la campagne. «Le sexisme est un acte intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant», résume le ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes qui prévient : «Dans sa version la plus néfaste, le sexisme peut mener à l’agression verbale et aux violences psychologique et physique.»

Pourtant, «chacun peut passer à l’action, estime Taina Bofferding, par le biais du dialogue et l’échange en famille, dans le cercle d’amis, sur le lieu du travail, avec les collègues… bref, dans tous les domaines où il est possible de prendre l’initiative pour rendre attentif au sexisme et pour inciter au changement des comportements sexistes.» Il est prévu que cette campagne dure plusieurs mois, des sondages seront menés à la fin pour en estimer la portée.

Un suivi des campagnes

Cette campagne «Vois-le, dis-le, stoppons-le» est la dernière en date émanant du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Quelques semaines auparavant, le ministère avait organisé deux journées de sensibilisation autour des notions de sexisme et d’égalité auprès de lycéens. «Les efforts sont permanents» dans la lutte contre les discriminations faites aux femmes, nous confiait mercredi Taina Bofferding, estimant que des progrès en ce sens avaient été réalisés dans le pays. Ces propos faisaient écho à ceux de Rosa Brignone, de l’association Time for Equality, qui avait jugé, dans notre «Interview du lundi» que le travail du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes était «franchement insuffisant». Il est prévu que le 8 mars prochain, ait lieu un débat au Parlement pour faire un suivi de toutes les actions entreprises.

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