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Il étrangle son épouse : «un homme en détresse» plaide la défense


«Mon client est de cette génération d’hommes portugais qui vivent pour leur famille», explique l’avocate. La perdre aurait été de l’ordre du déshonneur. (Photo : archives lq)

Amour propre et désamour colorent ce drame conjugal. Pour le parquet, Leonel était blessé au point de tenter de tuer son épouse. La défense rejette les accusations, pas les coups portés.

«Je n’ai rien à ajouter.» Leonel a refusé hier après-midi de s’expliquer sur les violences qu’il a infligées à son ancienne épouse. Elles ont été largement décrites et commentées mardi par la victime présumée ainsi que par les différents intervenants au procès.

À deux reprises, ce Portugais de 55 ans a tenté de l’étrangler «juste parce qu’il n’a pas été capable de supporter la séparation qu’elle souhaitait et parce qu’il sentait qu’elle n’était plus sous son emprise», selon le procureur qui a requis une peine de dix années de prison à l’encontre du prévenu pour tentative d’assassinat. Le minimum légal.

En février 2020, Leonel avait menacé sa fille à l’aide d’un couteau et asséné des coups à la tête de son ancienne épouse. Le 13 novembre, à 6 h du matin, il aurait, après l’avoir menacée de mort, tenté de la tuer dans la chambre à coucher en l’étranglant. Il aurait finalement relâché son emprise à la suite de ses supplications. Le 29 novembre, à 2 h du matin, c’est parce que sa victime présumée l’a mordu à la main qu’il est revenu à la raison. Après des heures de disputes, il avait à nouveau essayé de l’étrangler.

Leur couple battait de l’aile après 31 ans de mariage et la victime présumée voulait divorcer. Leonel l’avait suppliée de lui donner une deuxième chance, mais fatiguée de subir les brimades, les humiliations et les coups, l’épouse s’était montrée inflexible.

Plutôt que de tenter de la comprendre, le prévenu s’est imaginé qu’elle avait un autre homme dans sa vie. Consumé par «la jalousie et la peur de perdre toute sa famille», «Leonel a perdu le sens de la vie et a sombré dans un trou noir», selon son avocate Me Suzy Gomes Matos. Une spirale mortifère qui aurait eu un impact sur sa santé mentale.

«Sa manière de fonctionner»

«Mon client est de cette génération d’hommes portugais qui vivent pour leur famille», explique-t-elle. La perdre aurait été de l’ordre du déshonneur. Et quand il se retrouvait à court de mots et d’arguments face à sa femme, décrite comme «un mur», il laissait parler ses poings. «C’était sa manière de fonctionner.»

Le quinquagénaire aurait depuis compris que ce n’était pas la bonne. Jamais, il n’aurait eu l’intention de tuer son ex-épouse. Dans la nuit du 28 au 29 novembre 2020, après des heures de disputes, «il a juste voulu l’empêcher de crier» et «a agi sur le moment», insiste l’avocate. Sa victime présumée a eu le temps de le mordre lors «des 18 secondes» qu’a duré l’action de la tentative d’assassinat dont Leonel est accusé.

L’avocate rejette en bloc les accusations de tentatives de meurtre et d’assassinat pour les deux tentatives d’étranglement. Elle prie la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg de retenir les coups et blessures volontaires et de le condamner à «une peine proportionnée, clémente et juste» assortie du sursis intégral ou qui ne dépasse pas les sept mois déjà passés en détention préventive.

Elle rappelle la grande détresse du prévenu, ses efforts pour s’amender et souligne que seule son épouse l’accuse de la première tentative d’étranglement. Me Gomes Matos tente ainsi d’instiller le doute dans l’esprit des juges.

Des recherches sur les peines de prisons prévues en cas de meurtre 

Le procureur a noté le désistement volontaire du prévenu pour cette première tentative d’étranglement et a demandé au tribunal de ne pas retenir la tentative de meurtre, mais les coups et blessures volontaires entre conjoints. Quant à la deuxième tentative, elle serait bien pour lui une tentative d’assassinat.

«Souvent, les prévenus prennent confiance après une première tentative et décident de passer à l’acte» et de le mener à terme, a argumenté le magistrat avant de s’appuyer sur les menaces de mort proférées à son ancienne épouse et sur le contenu de recherches internet pour étayer son analyse.

Leonel avait fait des recherches sur l’asphyxie, sur les peines de prisons prévues en cas de meurtre ou d’assassinat ainsi que sur les effets de l’absorption de certains médicaments en grande quantité. «Totalement désespéré» et déboussolé, selon son avocate, le prévenu avait essayé de se suicider à plusieurs reprises après les faits.

Le prononcé est fixé au 11 janvier 2024.

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