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Sécheresse hivernale : des experts «pas rassurés»


 (Photo : Fabrizio Pizzolante)

Le mois de février a été marqué par une importante sécheresse. Une situation qui souligne l’urgence de recharger nos réserves d’eaux souterraines.

Meurtries par un été 2022 trop chaud, très ensoleillé et extrêmement sec, les nappes phréatiques luxembourgeoises ne sont pas aidées par un hiver plus qu’avare en précipitations. «Nous ne sommes pas rassurés», avoue Magali Bernard, cheffe adjointe à l’administration de la Gestion de l’eau, face à cette situation.

Dans leur dernier rapport, paru le mercredi 2 mars, les experts de MeteoLux soulignent le manque de pluie remarqué durant le mois de février. En 28 jours, il est tombé en tout 4,4 litres d’eau par m², soit treize fois moins que la moyenne calculée sur trente ans (59 l/m²). En contrepartie, le soleil a accaparé le ciel. Il a brillé un total de 116,4 heures, bien plus que la moyenne sur trente ans (79,5 heures).

Enfin, du côté du mercure, c’est le grand écart. -6,3 °C ont été enregistrés le 9 février et 14,2 °C, le 21. Le record de température pour un mois de février n’est pas bien loin avec 19,8 °C relevés en 2019. Outre cette différence impressionnante, il a fait en moyenne 3,9°C, sur les 28 jours que compte le mois. Encore un chiffre bien au-dessus de la moyenne sur trente ans (2,2°C).

En résumé, il s’agit du «deuxième mois de février le plus sec jamais observé», souligne Luca Mathias, de MeteoLux. «Sur une grande partie de l’Europe, le ciel a souvent été occupé par des conditions anticycloniques, ce qui favorise les conditions sèches», explique le spécialiste, avant de conclure sur le niveau des eaux souterraines : «L’hiver n’a pas arrangé les choses.» Cette saison est pourtant primordiale. Grâce aux précipitations et à la neige, les sols occupés par une végétation au repos peuvent absorber un maximum d’eau qui s’infiltre jusqu’aux nappes.

Cette année, c’est le scénario inverse qui s’est produit. «À la suite des records atteints durant l’été, la période de charge, habituellement comprise entre novembre et avril, a débuté plus tard», note Magali Bernard. «L’été 2022 a tellement asséché les sols que cela a créé un décalage pour la recharge. Celle-ci a été retardée à fin décembre, début janvier.»

«Il aurait fallu des mois pluvieux et il n’a quasiment pas plu en février. La situation n’est pas idéale», concède la cheffe adjointe à l’administration de la Gestion de l’eau.

Voir sur plusieurs années

De l’autre côté de la frontière, en France, le ministre de la Transition écologique a annoncé l’état d’alerte après un nouveau record de 32 jours sans pluie et à la suite d’une sécheresse hivernale exceptionnelle. Au Grand-Duché, le ton est différent. Si elle espère encore que les prochaines semaines seront pluvieuses, Magali Bernard ne se veut pas alarmiste quant à la situation de notre pays. «Les niveaux des nappes ne descendent pas de façon catastrophique et de nombreux endroits sont encore dans la normale», rassure-t-elle.

«Nous sortons de plusieurs années très favorables pour la recharge des nappes. Nos aquifères sont différents de ceux de nos voisins, nous ne sommes pas encore au stade de lancer une alerte ou de prévoir des restrictions», annonce la cheffe adjointe à l’Administration de la gestion de l’eau face à cette situation.

Pas de raison de s’inquiéter, d’après elle, et ce, malgré les chiffres préoccupants publiés par MeteoLux. «Pour avoir une situation catastrophique, il faudrait une succession d’années très sèches. Tout ne va pas se jouer en une seule année», appuie Magali Bernard.

Changer notre gestion

L’eau potable du pays est issue pour moitié du lac de la Haute-Sûre et pour l’autre moitié de nos captages des eaux souterraines. Ces dernières n’ont pas encore fait défaut, mais elles ne sont pas inépuisables.

L’été dernier, une éventuelle pénurie d’eau polarisait les inquiétudes de la population et des autorités compétentes. Pour la première fois depuis 2019, le ministère de l’Environnement, l’administration de la Gestion de l’eau et les principaux fournisseurs d’eau potable s’était accordés pour déclarer une phase de vigilance du plan d’avertissement de l’utilisation de l’eau. La population était invitée à utiliser l’or bleu de façon parcimonieuse.

Pour éviter que ce genre de situation ne se répète, il ne reste plus qu’à espérer que la pluie et la neige arriveront, comme annoncé par MeteoLux, et participent à la recharge hydraulique de nos sols. Dans le cas inverse, c’est toute notre façon de gérer l’eau qu’il faudra repenser.

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