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Routes à 80 km/h au Luxembourg : Bausch dit non


Comme ici sur une des voies d'accès sur l'A4, la vitesse restera régulée au Luxembourg en fonction de la dangerosité des routes. (illustration Isabella Finzi)

L’initiative prise par la France de limiter la vitesse sur toutes les routes nationales à 80 km/h ne sera pas copiée telle quelle au Grand-Duché. Le ministre de tutelle et la Sécurité routière ont des avis contraires.

Au Luxembourg, la voiture – de préférence une grosse limousine ou un 4×4 – reste sacro-sainte. À l’approche de l’Autofestival, LE rendez-vous de l’année pour les Luxembourgeois adeptes de la voiture, considérée comme le «jouet préféré» des résidents, la France a décidé de frapper fort en décrétant notamment une réduction de la vitesse autorisée de 90 à 80 km/h sur les routes à deux voies sans séparation de l’Hexagone (nationales, départementales). Sur les autoroutes, la vitesse reste limitée à 130 km/h, comme au Grand-Duché d’ailleurs, même si certains tronçons dangereux, comme l’A31 bien connue par les automobilistes luxembourgeois (liaison Thionville-Metz-Nancy-Toul), sont limités à 110 et même à 90 km/h par endroits.

Mais pas de panique, pour l’instant, le ministre en charge des Transports et des Infrastructures, François Bausch (déi gréng), ne compte pas suivre l’exemple français pour imposer une réduction généralisée de la vitesse sur les routes nationales de 90 à 80 km/h. «Le groupe de travail mis en place au niveau du ministère, lequel est composé par tous les acteurs agissant pour la sécurité routière, va continuer à évaluer où une réduction de la vitesse à 70 ou même à 80 km/h est sensée. Cette analyse généralisée se poursuit et on va voir quelles adaptations seront faites à l’avenir», nous a confirmé mercredi Danielle Frank, la porte-parole de François Bausch.

Un arsenal répressif déjà renforcé

Cela n’empêche pas que l’arsenal législatif et répressif a été considérablement renforcé ces 15 dernières années. L’arrivée du permis à points en 2002 avait déjà créé un tollé aussi important que la plus récente mise en place de radars automatiques (mars 2016). Le passage de la vitesse autorisée sur les autoroutes de 120 à 130 km/h avait par contre été salué par les nombreux «Mini-Schumacher» que compte le pays. Pourtant, les deux mesures précédentes ont permis de réduire le nombre d’accidents graves sur les routes et autoroutes du pays. «La vitesse et l’alcool au volant restent de loin les principales causes présumées des accidents», peut-on lire sur le site internet du ministère du Développement durable et des Infrastructures (MDDI).

Depuis son introduction, de très nombreux automobilistes trop pressés, téléphonant au volant ou interpellés en état d’ivresse ont vu leur capital de 12 points fondre comme neige au soleil. Avec les radars, cette tendance inquiétante s’est encore accentuée. Et malgré une baisse probable du nombre d’accidents mortels enregistrés en 2017 (selon les chiffres officieux, on dénombre 24 morts sur les routes), le ministère de tutelle se dit conscient de la nécessité de sévir encore plus.

Une première étape, en juin 2015, consistait en une révision du barème s’appliquant pour le permis à points. Les radars, fixes et mobiles, sont venus compléter l’arsenal répressif mis en place par le MDDI. Sur certains tronçons, la vitesse a aussi déjà été réduite de 90 à 70 km/h et de nouveaux radars stratégiques ont été installés. Tout cela n’empêche toujours pas certains pilotes de Formule 1 en herbe de harceler d’autres conducteurs respectant le code de la route en roulant à très grande vitesse sur les routes et autoroutes du pays. La future loi sur la mise en danger délibérée d’autrui, présentée en novembre par le ministre de la Justice, Félix Braz (déi gréng), devrait changer la donne. Elle prévoit notamment des peines de prison pouvant aller d’un mois à trois ans.

«Jungle des panneaux de signalisation»

Il y a déjà 12 mois, le conseil d’administration de la Sécurité routière avait décidé de s’engager pour un passage généralisé à 80 km/h. «Ici, on n’est pas sur la même longueur d’onde que le ministre, même si on est souvent d’accord. Un passage à 80 km/h permettrait de réduire la jungle déjà existante au niveau des panneaux de signalisation. Prenons le tronçon entre Luxembourg et Echternach où on passe de 90 à 110 pour passer à nouveau à 70 km/h. Nulle part ailleurs on ne voit cela», critique Paul Hammelmann. «Mais je comprends que le ministre ne veuille pas trop se mouiller avec l’échéance électorale qui approche», enchaîne le président de la Sécurité routière.

Les statistiques parleraient toutefois pour une telle réduction généralisée de la vitesse. «Prenons des pays comme le Danemark, les Pays-Bas, la Suisse ou même la Norvège, qui ont tous réduit la vitesse avec à la clé une forte baisse des victimes de la route. En Suède, ils sont même passés à 70 km/h», fait remarquer Paul Hammelmann.

En France, la nouvelle mesure sera effective à partir du 1er juillet. Au Grand-Duché, les discussions vont se poursuivre. L’Autofestival aura donc une bonne saveur, même si François Bausch compte rester strict en termes de prévention et de répression en ce qui concerne le trafic routier.

David Marques

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